La Russie juge « obsolète » le G7 et privilégie les BRICS et le G20

L’équilibre géopolitique mondial est en pleine mutation. La Russie, qui fut un temps membre du G8 avant son exclusion en 2014, adopte aujourd’hui une posture radicalement différente. Face à ce qu’elle considère comme un déclin d’influence des puissances occidentales, Moscou privilégie désormais les BRICS et le G20, au détriment d’un G7 jugé obsolète. Cette reconfiguration stratégique va au-delà d’un simple ajustement diplomatique, elle illustre un basculement plus large des dynamiques de pouvoir, où les économies émergentes gagnent du terrain face aux institutions dominées par l’Occident. À travers les déclarations de son ambassadeur au Canada, la Russie confirme son désengagement définitif du G7 et trace les contours d’un nouvel ordre international.

Un rejet assumé du G7 et un nouveau cap stratégique

« La Russie n’a aucun intérêt à revenir au sein du G7. Ce format est dépassé et ne reflète plus les réalités de l’ordre mondial actuel », a affirmé Oleg Stepanov, ambassadeur de Russie au Canada. Selon lui, ce groupe, qui réunissait historiquement les grandes puissances économiques occidentales, n’a plus la capacité d’influencer efficacement les affaires mondiales. L’expulsion de la Russie en 2014, après l’annexion de la Crimée, a marqué la fin de l’intégration de Moscou dans ce club restreint. Depuis, la Russie s’est éloignée progressivement des structures dirigées par l’Occident et n’a pas cherché à négocier un retour au sein du G7.

Selon Stepanov, les mécanismes de gouvernance mondiale doivent s’adapter à une nouvelle réalité multipolaire. Il met en avant les BRICS, l’Organisation de Coopération de Shanghai (SCO) et le G20 comme des alternatives plus représentatives des équilibres économiques et politiques contemporains. « Nous avons fait le choix de véritables plateformes de gouvernance mondiale », a-t-il ajouté. De plus, il souligne que la Russie cherche à s’appuyer sur des alliances où les économies émergentes ont un rôle central, contrairement à ce qu’il perçoit comme une domination occidentale au sein du G7.

Les BRICS et le G20, nouvelles priorités de la Russie

Si la Russie mise sur les BRICS et le G20, c’est avant tout pour renforcer sa présence dans des organisations où l’Occident ne dicte pas les règles. Les BRICS ont pris de l’ampleur ces dernières années et visent à créer un contrepoids aux institutions occidentales. Grâce à l’intégration de nouveaux membres et au développement des alternatives au système monétaire basé sur le dollar, cette coalition devient un acteur incontournable sur la scène internationale.

Le G20, quant à lui, constitue un espace de dialogue plus équilibré où se mêlent puissances économiques établies et pays en développement. Pour Moscou, cet ensemble est un levier stratégique qui permet de peser sur les discussions économiques mondiales sans être contraint par les blocages géopolitiques occidentaux. Ce réalignement stratégique pourrait également favoriser l’essor des monnaies alternatives et des transactions en cryptos, ce qui contournerait ainsi les sanctions économiques et le contrôle du système financier traditionnel.

Un tel recentrage de la Russie vers des blocs comme les BRICS et le G20 illustre un glissement progressif vers un monde multipolaire. Par son éloignement du G7, Moscou cherche à réduire son exposition à l’influence occidentale, mais aussi à redéfinir les standards de la coopération internationale. Ce choix pourrait accélérer les mutations économiques en faveur d’une gouvernance moins centrée sur le dollar et ouvrir la porte à une adoption plus large des solutions financières décentralisées. La fragmentation de l’ordre économique mondial est en marche, et la Russie semble bien décidée à en être l’un des principaux architectes.