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La guerre Turquie vs Israël qui vient

lun 31 Mar 2025 ▪ 7 min de lecture ▪ par Satosh
Apprendre Géopolitique

Le Moyen-Orient connaît actuellement une profonde reconfiguration de ses alliances et de ses rivalités historiques. L’effondrement progressif du régime syrien et l’affaiblissement de l’Iran rebattent les cartes dans une région déjà instable. Cette nouvelle dynamique fait émerger la Turquie comme puissance expansionniste régionale, poussant potentiellement Israël et certains pays arabes vers une alliance inédite.

Illustration de profil montrant les visages d'Erdogan et Netanyahu se regardant l'un face à l'autre sur fond bleu, symbolisant les tensions diplomatiques entre la Turquie et Israël.

Le retour des ambitions turques au sein du Moyen-Orient

La Turquie d’Erdogan renoue avec ses ambitions historiques dans l’espace ex-ottoman, notamment en Syrie et en Irak. La chute récente du régime syrien a accéléré cette dynamique.

Cette résurgence n’est pas anodine : elle s’inscrit dans un continuum historique où la Mésopotamie et la Syrie ont toujours été des zones de friction entre puissances turques et perses. Les anciennes frontières ottomanes et perses redeviennent des lignes de friction, comme elles l’étaient déjà sous l’Empire romain face aux Sassanides.

Cette expansion s’exprime d’abord par l’économie. La Turquie est devenue le premier partenaire commercial de l’Irak, devant l’Iran, marquant un basculement significatif dans la région. L’influence économique précède généralement l’influence politique, et Ankara consolide méthodiquement sa position dans ces territoires qu’elle considère comme sa sphère d’influence naturelle.

La multiplication par sept de la population turque depuis sa révolution nationale a créé une dynamique démographique exceptionnelle, transformant la Turquie en puissance régionale de premier plan. Avec ses 84 millions d’habitants, elle peut désormais rivaliser avec l’Iran. Par ailleurs, son contrôle croissant sur la Syrie, via le soutien à al-Charaa, lui permet d’étendre son influence sans intervention directe. Cette stratégie vise à créer une zone tampon qui pourrait, à terme, s’étendre vers l’Irak sunnite.

L’Iran en fin de régime

La République islamique d’Iran se trouve dans une situation précaire, correspondant à une fin d’Ancien Régime selon une perspective historique. La fin du régime des mollahs en Iran pourrait accélérer la reconfiguration régionale et offrir de nouvelles opportunités à l’expansionnisme turc. L’Iran est, en réalité, à une défaite militaire majeure de l’effondrement de son régime.

L’Iran a déjà subi des revers importants par l’intermédiaire de ses proxys au Liban et en Syrie. Son influence en Irak, qui constituait un « glacis » protecteur face à l’Occident, est désormais menacée par la progression turque. La perte de ce territoire vassal représenterait un basculement décisif dans l’équilibre régional, d’autant que les populations du nord-ouest iranien, d’origine azérie et turcophone, pourraient être instrumentalisées par Ankara.

Les tensions récentes entre Téhéran et Ankara illustrent cette rivalité croissante. Le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan, a averti que « ceux qui habitent des maisons de verre devraient éviter de lancer des pierres », en réponse aux critiques iraniennes concernant la politique turque en Syrie. Ces échanges, inhabituels entre ces deux puissances, témoignent d’une détérioration de leurs relations.

Israël et sa normalisation régionale au Moyen-Orient

Israël connaît également une évolution significative de sa position régionale. Depuis les accords d’Abraham et la perspective d’une normalisation avec l’Arabie saoudite, l’État hébreu traverse une phase de redéfinition de ses alliances. L’expansionnisme turc est désormais perçu comme la principale menace régionale, supplantant même l’Iran dans la hiérarchie des menaces identifiées par le Mossad.

En août 2020, Yossi Cohen, alors directeur du Mossad, a déclaré à ses homologues saoudiens, égyptiens et émiratis que la Turquie représentait une nouvelle menace pour la paix régionale. Cette perception partagée constitue un fondement solide pour une coopération accrue entre Israël et ces pays arabes, qui voient tous dans l’expansionnisme turc un danger commun.

La normalisation progressive des relations d’Israël avec ses voisins arabes pourrait, à terme, transformer fondamentalement son statut régional. Israël pourrait devenir, à terme, un État arabe comme les autres, intégré dans un ensemble régional plus large. Cette évolution serait facilitée par la sécularisation croissante des sociétés arabes et le déclin du panarabisme au profit de nationalismes locaux.

Vers un nouvel ordre régional au Moyen-Orient

Face à l’émergence d’une puissance turque hégémonique, on pourrait assister à la formation d’une alliance défensive regroupant Israël, l’Arabie Saoudite et la Jordanie, avec le soutien de l’Égypte et des Émirats Arabes Unis. Le Croissant fertile devient aujourd’hui le croissant hostile, et cette situation rappelle l’Europe à la veille de la Première Guerre mondiale.

Cette reconfiguration pourrait suivre un modèle similaire à la construction européenne d’après-guerre. Tout comme l’Europe occidentale s’est unie face à la menace soviétique, les États de la péninsule arabique et Israël pourraient former une sorte d' »OTAN arabo-israélienne » face à l’expansionnisme turc. La Jordanie jouerait alors un rôle de pont entre Israël et l’Arabie Saoudite, facilitant cette coopération inédite.

Certains territoires demeureront disputés et détermineront l’équilibre futur : le Liban, le littoral alaouite syrien, la région de Damas, le sud de la Syrie et une partie du sud de l’Irak. Ces zones pourraient devenir les points focaux des tensions entre le bloc turco-sunnite et l’alliance arabo-israélienne en formation.

L’échec du panarabisme laisse place à des nationalismes locaux (égyptien, saoudien, syrien, irakien, libanais) qui, paradoxalement, pourraient faciliter l’émergence d’une confédération post-nationale. Tout comme les nationalismes européens se sont finalement effacés au profit d’une construction européenne, les pays du Moyen-Orient pourraient suivre une trajectoire similaire, poussés par la nécessité de faire face à la menace turque.

Une reconfiguration inévitable

Le Moyen-Orient entre dans une phase de transformation majeure qui redessine les frontières d’influence établies depuis la chute de l’Empire ottoman. L’émergence d’un empire panturc, s’étendant potentiellement de l’Azerbaïdjan à la Syrie, constitue le principal facteur de recomposition régionale.

La confrontation géostratégique à venir accélérera cette reconfiguration. Si le régime iranien s’effondre, l’espace s’ouvrira davantage à l’expansionnisme turc, forçant les autres puissances régionales à s’allier pour maintenir un équilibre. Les événements récents à Gaza pourraient être considérés, à l’avenir, comme le déclencheur de cette nouvelle dynamique régionale.

Cette évolution rappelle étrangement les luttes territoriales dans les Balkans avant la Première Guerre mondiale. Des conflits apparemment localisés cachent en réalité des ambitions bien plus vastes qui pourraient, à terme, redessiner complètement la carte du Moyen-Orient pour les cinquante prochaines années. Cet embrasement du Moyen-Orient commence d’ailleurs à fortement inquiéter Wall Street.

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Satosh

Chaque jour, j’essaie d’enrichir mes connaissances sur cette révolution qui permettra à l’humanité d’avancer dans sa conquête de liberté.

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