La guerre inévitable entre l'Europe et la Russie
Le sommet USA-Ukraine s’est tenu récemment à Riyad et a débouché sur des propositions de trêve plus ambitieuses que prévu. « La balle est désormais dans le camp de la Russie » est devenue l’élément de langage américain sur cette question. Pendant ce temps, l’Europe semble accélérer sa reprise en main militaire dans un contexte géopolitique de plus en plus tendu.
La trêve entre la Russie et l’Ukraine en suspens
Le sommet de Riyad, conduit par Marco Rubio, a marqué un tournant dans les négociations de paix en Ukraine. Contrairement aux attentes pessimistes, les discussions ont ouvert la voie à une potentielle trêve qui irait au-delà des demandes initiales de Zelensky, incluant non seulement l’espace aérien, mais aussi les combats terrestres.
La réponse de Vladimir Poutine ne s’est pas fait attendre. S’affichant en uniforme militaire, il a évoqué la reconquête de la région de Koursk tout en posant des conditions à cette trêve qui équivalent à une victoire totale russe, ce qu’il n’a pas encore obtenu sur le terrain.
Il demande essentiellement que toutes les conditions ayant mené à la guerre soient supprimées, ce qui reviendrait à céder à la Russie les oblasts annexés, mais non entièrement conquis, la chute du régime de Kyiv, et le recul de l’OTAN.
Cette situation révèle que, contrairement à certaines analyses, Trump n’a pas tout cédé à Poutine. Les négociations semblent bloquées sur la question territoriale, les Américains paraissant disposés à laisser à la Russie uniquement ce qu’elle tient déjà, sans concessions supplémentaires.
L’Europe, seule face à la Russie de Poutine
Pendant ce temps, l’Europe ne ralentit pas sa montée en puissance militaire. Au contraire, on observe une volonté croissante d’autonomie stratégique qui s’étend désormais au-delà de la simple opposition à la Russie, pour englober également une forme de résistance aux ambitions américaines sur le Groenland et le Canada.
Les analyses circulent sur la puissance militaire globale de l’Europe qui, si elle était unifiée, dépasserait potentiellement celle des États-Unis en forces terrestres. Cette dynamique est alimentée par plusieurs facteurs :
- Une méfiance grandissante envers la politique de Trump, particulièrement après ses déclarations sur l’annexion possible du Groenland et du Canada ;
- L’intérêt stratégique français historiquement favorable à une Europe plus indépendante ;
- Le besoin pour Emmanuel Macron de redorer son blason après ses difficultés électorales.
Ce « momentum » européen n’est pas nouveau. Dès la première présidence Trump, une campagne médiatique présentait déjà trois « loups » menaçants: la Chine, la Russie et les États-Unis. C’était l’émergence d’un nationalisme européen qui se définissait aussi contre l’Amérique.
Les failles du projet européen
Malgré cette aspiration à l’autonomie stratégique, l’Europe fait face à des fragilités démocratiques majeures. La situation en Roumanie est symptomatique: l’interdiction faite à Calin Georgescu de se présenter à l’élection, suivie d’une mesure similaire contre sa remplaçante, révèle une crise démocratique profonde.
Ces mesures, prises au nom de la lutte contre l’ingérence russe, risquent paradoxalement de nourrir l’instabilité qu’elles prétendent combattre. Comme l’a souligné J.D. Vance, « si votre démocratie peut être menacée par une petite ingérence comme le fait d’acheter un candidat, vous avez un problème interne de détestation de votre classe dirigeante. »
Cette situation illustre la faille interne qui pourrait s’avérer fatale en cas de conflit: lorsqu’une population préfère voir son pays perdre une guerre si cela permet de se débarrasser de ses élites, plutôt que de soutenir patriotiquement une victoire qui maintiendrait ces mêmes élites au pouvoir.
Contre la Russie, vers une Europe puissance ?
L’idée d’une Europe puissance, capable de rivaliser avec les États-Unis et la Russie, est séduisante. Elle offrirait de nombreux avantages:
- Une position économique plus favorable, car les superpuissances attirant talents et capitaux ;
- Un développement de l’innovation française à l’échelle continentale ;
- Des contrats d’armement qui reviendraient davantage à la France ;
Cependant, l’émergence d’une telle puissance semble peu probable sans une profonde transformation. L’Europe est déjà largement fédérale avec une monnaie unique et l’essentiel de son droit venant de la Commission européenne.
Vers un conflit inévitable ?
Le scénario le plus préoccupant serait celui d’une confrontation directe entre l’Europe et la Russie en Ukraine, notamment si les États-Unis décidaient de se retirer du jeu. Une défaite ou même une guerre d’usure coûteuse pourrait alors déclencher cette révolution interne en Europe.
Plus inquiétant encore, même une victoire européenne contre la Russie pourrait mener à un conflit ultérieur avec les États-Unis, notamment autour de la question du Groenland et du Canada. L’issue la plus probable serait alors une forme de « vassalisation » de l’Europe par les États-Unis.
L’alternative optimiste, qui est l’émergence d’une “puissance occidentale à deux têtes » où Europe et États-Unis coexisteraient comme partenaires égaux, semble malheureusement peu réaliste dans le contexte actuel.
Le chemin vers une Europe puissance et souveraine existe, mais il est semé d’embûches dont l’issue pourrait bien être, paradoxalement, une dépendance accrue vis-à-vis des Etats-Unis plutôt qu’une véritable émancipation. D’autant plus que les Etats-Unis sont en train de distancer technologiquement l’Europe, notamment sur le sujet du bitcoin.
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