La France est au bord de la faillite financière
La France traverse une période charnière. D’un côté, la dette publique atteint des sommets historiques, dépassant les 3 000 milliards d’euros. De l’autre, une transformation profonde des institutions bouleverse l’équilibre traditionnel de la Vᵉ République.
L’ampleur du désastre financier en France
La situation des finances publiques françaises est devenue catastrophique, comme l’ont récemment reconnu Bruno Le Maire et Emmanuel Macron, prévoyant une crise majeure. Les chiffres sont vertigineux : au troisième trimestre 2023, la dette publique a atteint 3088,25 milliards d’euros, soit 111,7 % du PIB. Cette performance place la France dans le trio de tête des pays les plus endettés de l’Union européenne, derrière la Grèce (165,5 %) et l’Italie (140,6 %).
Plus inquiétant encore, la France est devenue le premier contributeur à la dette de la zone euro, avec 24,3 % de l’endettement total, devançant l’Italie (22,4 %) et l’Allemagne (20,7 %). Cette position marque une dégradation spectaculaire par rapport à l’an 2000, où la France ne représentait que 17,5 % de la dette de la zone euro.
Un budget 2025 qui aggrave la situation en France
Dans ce contexte alarmant, le budget 2025 porté par François Bayrou semble accentuer les déséquilibres. Les dépenses publiques continuent leur progression inexorable, augmentant de 1,1 % en volume, soit plus rapidement que la croissance attendue de 0,9 %.
Le déficit prévu à 5,4 % du PIB pourrait même se creuser davantage si la croissance n’est pas au rendez-vous.
Les mesures fiscales adoptées inquiètent :
- Augmentation de 25 % à 40 % du taux d’imposition pour les grandes entreprises ;
- Hausse de 25 % à 33 % pour les autres sociétés ;
- Abaissement controversé du seuil de TVA pour les auto-entrepreneurs, finalement suspendu ;
La bombe à retardement de la charge de la dette
Les conséquences financières s’annoncent dramatiques. Selon la loi de programmation des finances publiques, la charge d’intérêts de la dette suivra une progression vertigineuse :
- 49 milliards d’euros en 2024 ;
- 57 milliards en 2025 ;
- 65,1 milliards en 2026 ;
- 74,4 milliards en 2027.
Au total, la France devra débourser 295 milliards d’euros sur cinq ans uniquement pour payer les intérêts de sa dette. Cette projection, déjà alarmante, repose sur des hypothèses optimistes de croissance (1,4 %) et de stabilité des taux d’intérêt.
La France : une exception dans le paysage européen
La comparaison avec nos partenaires européens est sans appel. Sur les 27 pays de l’Union européenne, 16 affichent un ratio dette/PIB inférieur à 65 %. Quelques exemples édifiants :
- Allemagne : 64,8 % ;
- Pays-Bas : 45,9 % ;
- République tchèque : 44,5 % ;
- Irlande : 43,6 % ;
- Estonie : 18,2 %.
Cette situation démontre que l’explosion de la dette n’est pas une fatalité, même face aux crises récentes (Covid-19, guerre en Ukraine, inflation). La France fait figure d’exception par son incapacité à maîtriser ses finances publiques.
La transformation du régime politique en France
Parallèlement à cette crise, on assiste à une mutation profonde des institutions. La dissolution de 2024, décidée par Emmanuel Macron face à une probable censure à l’automne, a paradoxalement accéléré l’affaiblissement du pouvoir présidentiel.
Le Parlement a repris le pouvoir de manière spectaculaire :
- La nomination de François Bayrou comme Premier ministre en décembre 2024 marque une rupture historique ;
- Le président a dû accepter un chef de gouvernement qu’il n’avait pas choisi ;
- Le rôle présidentiel se limite désormais à des fonctions plus protocolaires.
Le pouvoir s’est déplacé de l’Élysée vers l’Assemblée
Un système politique en pleine mutation s’est installé depuis la motion de censure historique de décembre 2024. Le Parti socialiste s’est imposé comme l’arbitre des équilibres parlementaires, démontrant qu’il détient les véritables clés du pouvoir. Sa décision de ne pas censurer le budget Bayrou, malgré de fortes réticences, illustre cette nouvelle responsabilité.
Par ailleurs, le Rassemblement National a modifié sa stratégie, conditionnant son vote à celui des socialistes. Cette évolution marque une rupture avec la tradition d’opposition systématique et révèle une nouvelle sophistication du jeu parlementaire.
Les menaces immédiates
Plusieurs échéances critiques se profilent :
- Revue de la note française par Moody’s et Fitch le 26 avril 2024 ;
- Évaluation par Standard & Poor’s le 31 mai 2024 ;
- Possible entrée en récession au premier trimestre 2025 ;
- Nécessité d’une loi de finances rectificative à l’été 2025.
Une dégradation de la note française entraînerait une hausse des taux d’intérêt, aggravant encore la situation financière et pouvant déclencher un cercle vicieux : hausse des taux, ralentissement économique, augmentation du chômage, creusement des déficits.
Le contexte international compliqué
La transformation française ne peut se comprendre qu’à la lumière d’un bouleversement mondial plus large. Les élections allemandes du 23 février 2025 constituent un moment charnière pour l’Europe. Le rapprochement possible entre la CDU-CSU et l’AfD marque une rupture du cordon sanitaire traditionnel et pourrait redéfinir les équilibres politiques du continent.
Cette évolution en Allemagne fait écho aux transformations observées dans d’autres pays européens, où les clivages politiques traditionnels s’effacent au profit de nouvelles configurations.
Les tensions géopolitiques s’intensifient à l’échelle mondiale. Le conflit en Ukraine continue d’ébranler la sécurité européenne.
Le modèle économique occidental traverse une crise de légitimité sans précédent. L’expérience de Javier Milei en Argentine fascine de plus en plus d’observateurs et de décideurs. La rapidité des résultats obtenus par sa politique de choc libéral bouscule les certitudes.
Cette remise en cause du consensus social-démocrate européen trouve un écho particulier en France, où le modèle social montre ses limites.
La France a encore des atouts dans l’IA et l’énergie
Malgré cette situation préoccupante, la France dispose d’atouts majeurs pour réussir sa transformation. Son excellence technologique se manifeste dans plusieurs secteurs. Le développement récent de Mistral, son chatbot national, illustre la capacité du pays à rivaliser avec les géants mondiaux de l’intelligence artificielle. La France reste l’un des rares pays, aux côtés de la Chine et des États-Unis, à être dans la course de l’IA.
De plus, l’infrastructure française constitue un avantage compétitif considérable. Le réseau de transport, le système électrique largement décarboné grâce au nucléaire, et les infrastructures numériques de pointe forment un socle solide pour le développement économique.
Le capital humain français se distingue par son haut niveau de qualification. Le système éducatif continue de former des talents reconnus mondialement, particulièrement dans les domaines des mathématiques, de l’ingénierie et des nouvelles technologies. Cette excellence se traduit par une capacité d’innovation remarquable, comme en témoignent les succès de la French Tech.
La France semble entrée dans une phase de transformation, comparable aux grandes mutations historiques qu’ont été l’avènement de la IIIe ou de la Vᵉ République. La crise financière actuelle pourrait donc accélérer cette transformation et conduire à l’émergence d’un nouveau modèle politique centré sur le Parlement au lieu de la présidence, selon Bayrou.
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