La fin de l’abattement fiscal de 10 % envisagée pour les retraités : Que prévoit le gouvernement ?
La possible suppression de l’abattement fiscal de 10 % sur les pensions de retraite agite le débat public. Annoncée dans une note gouvernementale, la mesure inquiète autant qu’elle divise. Ce qui n’était qu’une piste budgétaire s’impose désormais comme un marqueur social fort, et cristallise les tensions autour de la fiscalité et du traitement des retraités. Dans un climat économique sous pression, cette réforme potentielle pose une question centrale : jusqu’où l’État peut-il aller sans rompre l’équilibre entre générations ?
En bref
- Le gouvernement envisage de supprimer l’abattement fiscal de 10 % appliqué aux pensions de retraite, une mesure qui concerne près de 14 millions de contribuables.
- Cette proposition, évoquée dans une note interne, vise à élargir l’assiette fiscale et à réaliser jusqu’à 5 milliards d’euros d’économies annuelles.
- Les syndicats et associations de retraités dénoncent une mesure injuste qui pèserait lourdement sur les pensions modestes.
- En l’absence de compensation annoncée, la réforme déclenche de fortes inquiétudes et pourrait accentuer les tensions sociales dans un contexte déjà sensible.
Une réforme à fort impact budgétaire pour les retraités
La question de l’abattement fiscal de 10 % pour les retraités a pris une nouvelle dimension le 20 avril 2025, lorsqu’un document interne du gouvernement a confirmé que sa suppression était bel et bien à l’étude.
Ce dispositif, appliqué automatiquement sur les pensions perçues, permet aujourd’hui de déduire jusqu’à 4 123 euros par foyer, avec un minimum de 422 euros par retraité. En chiffres, cela concerne environ 14 millions de contribuables.
Interrogé à ce sujet, le ministère de l’Économie a confirmé :
Cette piste fait partie des réflexions engagées dans le cadre de la prochaine loi de finances.
La proposition vise à élargir l’assiette fiscale en France, et de simplifier un système jugé inégalitaire et obsolète par certains experts.
Le gouvernement met en avant plusieurs arguments pour justifier cette orientation :
- L’élargissement de l’assiette fiscale : en supprimant l’abattement en France, davantage de revenus seraient pris en compte dans le calcul de l’impôt, ce qui augmenterait les recettes fiscales ;
- Une économie budgétaire : La mesure pourrait générer jusqu’à 5 milliards d’euros d’économies annuelles pour les finances publiques ;
- L’harmonisation fiscale : l’exécutif estime que les retraités bénéficient aujourd’hui d’un traitement fiscal plus favorable que les actifs à revenu équivalent, d’où l’idée d’un « rééquilibrage » ;
- Une simplicité administrative : supprimer un dispositif spécifique permettrait, selon Bercy, de clarifier un système jugé trop complexe par les services fiscaux.
Aucune disposition compensatoire n’a été officialisée à ce stade, ce qui accroît l’inquiétude des retraités concernés.
De vives critiques et des tensions autour de la justice fiscale
L’annonce a aussitôt provoqué une levée de boucliers du côté des associations de retraités et des syndicats. La Confédération française des retraités (CFR) dénonce :
Une mesure profondément injuste, et affirme qu’elle frappe une population qui a déjà contribué toute sa vie au système.
Dans le même sens, Force Ouvrière a qualifié la suppression de « nouveau coup porté au pouvoir d’achat des plus modestes ». Des critiques relayées également par certains élus d’opposition, qui évoquent une « trahison silencieuse » du contrat social.
Au cœur du débat : le risque d’aggraver les inégalités entre catégories de retraités, notamment ceux dont les revenus reposent principalement sur la pension.
L’abattement de 10 % est parfois le seul levier permettant à des foyers modestes de ne pas basculer dans une tranche d’imposition supérieure. La suppression de cet avantage fiscal pourrait ainsi se traduire par une hausse sensible de l’impôt à payer, notamment pour ceux qui perçoivent entre 1 500 et 2 000 euros de pension mensuelle.
Les experts s’accordent sur un point : la mesure toucherait surtout la classe moyenne, ce qui épargnerait à la fois les très faibles pensions et les plus hauts revenus, souvent optimisés par des mécanismes d’épargne ou d’investissement.
La perspective d’une application dès 2026, si elle se confirme, ouvre plusieurs scénarios. Le premier, déjà redouté par les associations, est celui d’une fronde sociale alimentée par le sentiment d’injustice. Le second concerne la capacité de l’exécutif à faire passer la réforme dans un contexte parlementaire incertain. Enfin, un troisième enjeu réside dans l’équilibre plus global de la fiscalité française, alors que d’autres niches fiscales sont également dans le viseur. Si la suppression de l’abattement est actée, elle pourrait marquer un tournant dans la façon dont la France reconfigure ses priorités fiscales en période de transition démographique.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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