La Fed refroidit les espoirs d’un bitcoin dopé par la crise

Alors que BlackRock voit dans la récession un tremplin pour le bitcoin, la Réserve fédérale souffle le froid sur l’enthousiasme crypto. Entre prédictions audacieuses et avertissements économiques, le marché navigue en eaux troubles.

Pourquoi la crise pourrait doper le bitcoin  

Robbie Mitchnick, stratège crypto de BlackRock, a jeté un pavé dans la mare : une récession serait un « grand catalyseur » pour le bitcoin. Un raisonnement iconoclaste, mais ancré dans l’histoire. 

Depuis 2008, les crises systémiques ont souvent propulsé les actifs alternatifs. Les plans de relance, les taux bas et l’explosion des déficits publics alimentent traditionnellement la méfiance envers les monnaies fiduciaires. Le bitcoin, perçu comme une « assurance anti-déroute », en profiterait.

Pourtant, cette perspective optimiste masque une réalité plus sombre. Mitchnick évoque aussi les risques de « désordre social » en cas de récession. 

Une variable explosive, souvent absente des modèles économiques. Le bitcoin, refuge en période de chaos, pourrait alors capitaliser sur l’effondrement de la confiance dans les institutions. Une hypothèse qui rappelle son ascension pendant les confinements de 2020, où il avait bondi face à l’impression monétaire massive.  

BlackRock ne s’arrête pas là. Larry Fink, son PDG, lie ouvertement les politiques commerciales de Trump à un risque de stagflation. Pour lui, le bitcoin incarne une couverture contre ce scénario cauchemardesque. 

Un pari audacieux, alors même que le cours a reculé à 85 000 $ après un pic à 110 000 $ en janvier. La volatilité reste reine, mais les ETF bitcoin de BlackRock, dont l’IBIT détient 50 milliards de dollars, prouvent que l’institution croit à la maturation du marché.

La Fed contre-attaque : un avertissement qui refroidit l’euphorie crypto

Jerome Powell, président de la Fed, a récemment tempéré les ardeurs. « Les risques de récession ont augmenté, mais restent modérés », a-t-il déclaré, soulignant une inflation tenace et des taux d’intérêt gelés.

Un discours prudent, mais lourd de sous-entendus : la Fed ne compte pas jouer les sauveurs avec des baisses de taux précipitées. Pour le bitcoin, souvent boosté par un crédit bon marché, c’est un coup de frein.

Les économistes abondent dans ce sens. Mark Zandi, de Moody’s, pointe du doigt les tarifs douaniers de Trump, les qualifiant d’accélérateurs d’une récession « inévitable ». Clement Bohr, de l’UCLA, va plus loin : l’administration Trump pourrait engendrer une crise « profonde ». Ces alertes, couplées aux récentes turbulences du bitcoin, illustrent un dilemme : le bitcoin prospère-t-il grâce aux crises… ou malgré elles ?  

Dans ce contexte, les ETF bitcoin apparaissent comme un baromètre ambigu. malgré leur succès fulgurant — 100 milliards de dollars d’actifs en novembre — leur croissance ralentit depuis les mises en garde de la Fed. Les investisseurs institutionnels, tiraillés entre l’appétit pour le bitcoin et la prudence macroéconomique, adoptent une stratégie en dents de scie. Pourtant, BlackRock maintient le cap : son pari sur un « bitcoin récessionnaire » reste intact, défiant les sceptiques. Pendant ce temps, les gros investisseurs prennent position.