La Fed interdit à l'Irak d'utiliser ses dollars ET ses yuans
Non content de limiter drastiquement comment l’Irak peut dépenser ses réserves de dollars, la Fed lui interdit désormais d’utiliser le yuan. A quand le bitcoin ?
L’Irak suspend ses transactions en yuan
Nous rapportions en début d’année que l’Irak ne voulait plus vendre son pétrole en dollars, mais plutôt en yuans.
Cette semaine, la Réserve fédérale américaine a sommé l’Irak de cesser ses transactions en yuans chinois. Elle invoque des « divergences et des problèmes spécifiques liés aux transactions » selon M. Al-Kadhimi, membre de la commission parlementaire des finances.
Pour le dire de manière plus transparente, les États-Unis veulent empêcher l’Irak de commercer avec ses voisins iranien et Syrien, deux nations sous embargo en raison de leur défiance vis-à-vis d’Israël.
Cette décision intervient après que la commission des finances du Parlement irakien ait appelé le 31 janvier à la vente de pétrole dans d’autres monnaies que le dollar. Le but étant de contourner les sanctions américaines à répétition contre les banques irakiennes.
« Le Trésor américain utilise toujours le prétexte du blanchiment d’argent pour imposer des sanctions aux banques irakiennes. Nous avons besoin d’un accord national pour mettre fin à ces décisions arbitraires », indiquait le communiqué.
La commission des finances y réitérait son « appel au gouvernement ainsi qu’à la Banque centrale d’Irak à prendre rapidement des mesures contre la tutelle vis-à-vis du dollar en diversifiant les réserves de change ».
Ce n’est pas sans rappeler 2001, lorsque Saddam Hussein décida de vendre son pétrole exclusivement en euro plutôt qu’en dollar. D’où, soit dit en passant, l’opposition française à la seconde guerre du Golfe. À l’époque, c’est-à-dire deux ans seulement après la décision de Saddam Hussein, les Américains envahirent l’Irak sous un faux prétexte en vue de sauver le pétrodollar.
Le pétrole irakien fut de nouveau libellé en dollars immédiatement après la prise de Bagdad. Cela fait désormais plus de 20 ans que la banque centrale du pays conquis se voit régulièrement interdire d’utiliser ses larges réserves de dollars.
Les banques irakiennes doivent passer par le réseau SWIFT qui demande une autorisation finale à la Fed. Cette dernière peut bloquer n’importe quel paiement de la banque centrale irakienne et ne s’en prive pas.
Les BRICS vont-ils prendre l’Irak sous leur aile ?
En somme, l’Irak est dans la même situation que l’Iran et la Russie. Ses réserves de change en dollars sont en partie gelées et ses transactions via le réseau SWIFT dépendent du bon vouloir de Washington.
Il est donc évident que le pays des deux rivières ferait bien de rejoindre les BRICS. Les députés en faveur d’une telle démarche appartiennent au Cadre de coordination chiite. Il s’agit d’une alliance de partis soutenus par l’Iran et qui forme l’épine dorsale du gouvernement en place. L’idée commence aussi à faire son chemin parmi d’autres forces politiques.
La députée membre de la commission parlementaire du pétrole et de l’énergie Zeinab Al-Mousawi a déclaré en fin d’année dernière que l’adhésion aux BRICS devrait être une priorité nationale.
Une telle intégration « pourrait limiter la domination du dollar américain. Nous pourrions nous libérer des restrictions financières et commerciales imposées par Washington » a-t-elle déclaré.
En effet, se passer du dollar et du réseau SWIFT est aussi la priorité des BRICS. Le vice-président de la Douma Alexander Babakov l’a encore répété cette semaine. « La priorité de l’agenda financier des BRICS est de créer notre propre système de messagerie financière similaire à SWIFT », a-t-il déclaré à l’agence TASS.
L’ambassadeur russe en Chine Igor Morgulov a dit la même chose au début du mois de juillet. « Nous quittons l’espace dominé par le dollar et développons le mécanisme et les outils d’un système financier véritablement indépendant », a-t-il asséné.
M. Morgulov a toutefois confié que l’introduction d’une nouvelle monnaie commune n’était pas pour demain. Il a cependant souligné que les BRICS – qui comprennent désormais le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine, l’Afrique du Sud, l’Éthiopie, l’Iran et l’Égypte – « évolue dans cette direction ».
CBDC et chimères monétaires
La Russie dispose déjà d’une alternative au réseau SWIFT. Le système de messagerie interbancaire russe SPFS assure le transfert sécurisé des messages financiers vers les banques étrangères partenaires. La Chine possède un également un réseau similaire appelé CIPS qu’elle utilise pour les transactions internationales en yuan.
Dans l’ensemble, les BRICS utilisent de plus en plus leurs monnaies nationales et chercher à éviter le réseau SWIFT. La part des paiements en monnaies nationales entre la Russie et les pays des BRICS est passée à 85 %, contre 26 % deux ans en arrière.
Le mois dernier, le vice-ministre des finances russe Ivan Chebeskov a déclaré que la Russie travaillait sur un système de paiements internationaux en collaboration avec les banques centrales des États membres des BRICS. Le haut fonctionnaire a lâché l’expression « plateforme BRICS Bridge ».
Ce n’est pas sans rappeler le projet « mBridge » mené par la Chine sous l’égide de la Banque des règlements internationaux. Le ministre russe des Finances russe Anton Siluanov a d’ailleurs précisé que le « Bridge » des BRICS fonctionnera avec des monnaies numériques de banque centrale, ce qui est le cas de mBridge.
A ce propos, ne manquez pas notre article : Bitcoin et CBDC, la Russie veut les deux.
Malheureusement, commercer en monnaies nationales a ses limites, qu’il s’agisse de CBDC ou non. La Russie a par exemple finalement refusé d’accepter la roupie en paiement du fait que l’Inde n’a rien à vendre qui intéresse le marché russe.
Et pourquoi pas le bitcoin ?
Le monde a besoin d’une monnaie étalon universellement acceptée de part ses qualités intrinsèques. L’or a longtemps rempli ce rôle avant que les États-Unis ne trahissent le monde entier en faisant revenant sur les accords de Bretton Woods signés à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Depuis, toutes les nations commercent en dollar, un pistolet sur la tempe, faute de mieux. Mais les temps changent. Le yuan a de plus en plus de succès, sans parler du bitcoin qui apparaît comme une solution de sortie idéale aux tensions géopolitiques.
A ce propos, ne manquez pas notre article : La Russie plaide à New York pour la fin du monopole du dollar.
Le bitcoin a l’immense avantage d’être une réserve de valeur absolue en raison de sa masse monétaire limitée à 21 millions d’unités.
Autre avantage indispensable, personne ne peut empêcher des transactions en bitcoin de se faire. La banque centrale irakienne n’aurait pas besoin de la permission des États-Unis si elle vendait son pétrole en bitcoins.
Enfin, le BTC a le bon goût d’être une monnaie forte en même temps qu’un système de paiement, deux-en-un. Si bien que Vaneck s’attend à ce que 10 % du commerce mondial se fasse en bitcoin d’ici à 2050.
Même les États-Unis se rendent à l’évidence. Le candidat à la présidentielle Robert Kennedy a promis de doter le pays d’une réserve de bitcoins égale à sa réserve d’or.
C’est une sacrée promesse vu que le gouvernement américain n’a que 210 000 bitcoins en sa possession. A contrario, les réserves d’or américaines représentent 640 milliards de dollars. C’est une somme équivalente à la moitié des bitcoins au cours actuel…
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