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La Fed capitule et jure de baisser ses taux

mer 28 Août 2024 ▪ 9 min de lecture ▪ par Satosh
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Tous les regards étaient tournés vers Jackson Hole, où Jerome Powell, président de la Fed, a prononcé son discours annuel très attendu dans le monde des affaires. Les paroles de Powell ont indiqué une nouvelle direction dans les mois à venir : la baisse des taux, après 2 ans d’austérité monétaire. Une telle décision pourrait emmener les marchés vers de nouveaux sommets !

fed annonce la baisse des taux

Un atterrissage en douceur inattendu

Contrairement aux prévisions pessimistes d’il y a deux ans, l’économie américaine semble avoir réussi ce que beaucoup considéraient comme impossible : un « atterrissage en douceur ».

En août 2022, Powell avait averti que la lutte contre l’inflation serait « douloureuse » pour les ménages et les entreprises, laissant présager une période difficile. Pourtant, la réalité s’est avérée bien différente.

L’inflation, qui avait atteint des sommets inquiétants, a progressivement diminué sans que l’économie ne plonge dans une récession.

Le taux de chômage reste historiquement bas à 3,5%, tandis que la croissance économique s’est maintenue au-dessus de la tendance.

Ce résultat, qualifié d' »heureux » par de nombreux économistes, soulève néanmoins des questions fondamentales sur les mécanismes ayant permis cette désinflation sans ralentissement majeur.

La Fed se trouve maintenant confrontée à un dilemme délicat : comment calibrer sa politique monétaire pour maintenir l’inflation proche de sa cible de 2% sans risquer un refroidissement excessif de l’économie ?

Un atterrissage prolongé pour la Fed

Selon certains analystes, l’économie américaine a atteint ce qu’ils appellent « inflation target » en juin 2023, lorsque le taux de croissance mensuel de l’indice des prix Core PCE est tombé à 2,09% en rythme annuel.

Depuis lors, l’économie poursuit son atterrissage en douceur, qui dure maintenant depuis 14 mois.

Cependant, en raison des délais longs et variables dans la transmission de la politique monétaire sur l’économie réelle, estimés à environ quinze mois, les effets des décisions actuelles de la Fed ne se feront pleinement sentir que bien plus tard.

Cette réalité pose un défi majeur pour les décideurs de la Fed.

La Fed face à un dilemme

Une politique monétaire est dite « neutre » lorsque les taux d’intérêt fixés par la banque centrale sont à un niveau qui ne stimule ni ne freine l’économie. En d’autres termes :

  1. Une politique restrictive (taux élevés) ralentit l’économie
  2. Une politique accommodante (taux bas) stimule l’économie
  3. Une politique neutre maintient l’économie en équilibre

Le « taux neutre » est le taux d’intérêt qui n’accélère ni ne ralentit la croissance économique.

Dans le contexte actuel, la Fed a relevé ses taux pour lutter contre l’inflation, adoptant une politique restrictive. L’idée est que, même si la Fed commence à baisser ses taux, il faudra du temps avant que ces taux atteignent le niveau neutre, c’est-à-dire le niveau qui ne freine plus l’économie.

Si la banque centrale commence à réduire les taux d’intérêt en septembre à raison de 0,5 point par trimestre, et si le véritable taux réel neutre à court terme est de 1,5%, il faudrait attendre juillet 2025 pour que la politique monétaire soit vraiment neutre, et octobre 2026 pour que cette neutralité se répercute entièrement sur l’économie.

Cette perspective d’une politique monétaire restrictive pendant potentiellement 40 mois après le début de l’atterrissage en douceur soulève des inquiétudes légitimes.

Certains économistes estiment que ce délai est étrange et sous-optimal.

La Fed et les leçons de l’histoire

Tout au long de son mandat, Powell a souvent fait appel aux leçons de l’histoire pour guider la politique monétaire, qu’il s’agisse de la grande inflation des années 1960 ou de la désinflation Volcker des années 1980.

Dans son discours de 2018, il a souligné l’importance d’être ouvert d’esprit quant à l’évolution possible de la structure de l’économie, citant des exemples où la Fed a soit sous-estimé (dans les années 1960) soit surestimé (dans les années 1990) les risques inflationnistes.

Traditionnellement, il existe une relation inverse entre l’inflation et le chômage, connue sous le nom de courbe de Phillips. Lorsque le chômage est bas, les salaires ont tendance à augmenter, ce qui peut entraîner une hausse de l’inflation. Inversement, un taux de chômage plus élevé peut aider à maîtriser l’inflation.

Aujourd’hui, la question centrale est de savoir si la Fed en a « fait assez » pour ramener durablement l’inflation à 2%.

Si c’est le cas, toute nouvelle hausse du chômage aurait un coût social sans avantage réel en termes de stabilité des prix.

Cependant, il est impossible de répondre à cette question avec certitude, ce qui place Powell dans une position délicate alors qu’il s’apprête à guider le cycle d’assouplissement.

La Fed avait raison sur l’inflation transitoire

En 2021, Powell avait qualifié l’inflation de « transitoire », une affirmation qui avait été largement critiquée lorsque l’inflation avait continué à grimper.

Avec le recul, il apparaît que la Fed avait raison sur la nature temporaire de l’inflation, bien qu’elle ait sous-estimé l’horizon temporel.

Cette expérience souligne la difficulté de prévoir avec précision les dynamiques inflationnistes et rappelle l’importance d’une approche flexible et réactive de la politique monétaire.

Vers une baisse des taux en septembre

Plusieurs défis majeurs se profilent pour la Fed dans les mois à venir :

Tout d’abord, Powell a franchi une étape importante en déclarant à Jackson Hole que « le temps est venu pour un ajustement de politique » monétaire. Cette annonce place l’économie sur la voie d’une inflation de 2%, sans pour autant crier victoire prématurément. Sa communication vise à ancrer les anticipations d’inflation à long terme et à rassurer les marchés, comme en témoigne la réaction positive des bourses américaines suite à son discours.

Bien que Powell ait clairement ouvert la porte à une baisse des taux, il n’a pas donné d’indication sur l’ampleur de cette baisse. Les analystes tablent majoritairement sur une première baisse de 0,25 point de pourcentage en septembre, mais certains envisagent une baisse plus agressive de 0,50 point.

La décision dépendra de l’évaluation des risques relatifs d’inflation et de ralentissement économique.

La Fed face à des défis majeurs

La Fed doit continuer à jongler entre ses deux objectifs statutaires : la stabilité des prix et le plein emploi. Powell a réaffirmé son soutien à l’emploi américain, déclarant : « Nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour soutenir un marché de l’emploi solide ».

Le discours de Powell marque le début d’une nouvelle ère pour la politique monétaire américaine, passant d’une période de resserrement agressif à une phase plus nuancée.

Malgré l’optimisme apparent des marchés boursiers, qui continuent d’atteindre de nouveaux sommets, Powell et son équipe doivent rester vigilants face au risque d’une correction brutale.

La Fed devra intégrer les leçons de cette période inflationniste dans son cadre de politique à long terme et potentiellement développer de nouveaux outils pour faire face aux défis futurs.

Les implications internationales

Les décisions de la Fed ont des répercussions bien au-delà des frontières américaines.

De nombreuses économies émergentes, en particulier, sont sensibles aux fluctuations des taux d’intérêt américains. Un assouplissement trop rapide pourrait provoquer des sorties de capitaux de ces pays, tandis qu’un maintien prolongé de taux élevés pourrait freiner leur croissance économique.

En effet, lorsque les taux américains baissent, les investissements aux États-Unis deviennent moins attractifs. Les investisseurs cherchent alors des rendements plus élevés ailleurs, souvent dans les économies émergentes. Cependant, si cet assouplissement est trop rapide, il peut provoquer une sortie soudaine de capitaux des économies émergentes.

Dans ce contexte, la coordination internationale des politiques monétaires, bien que difficile à mettre en œuvre, pourrait devenir de plus en plus importante.

Powell devra probablement aborder cette dimension internationale dans ses réflexions, étant donné le rôle central du dollar dans l’économie mondiale.

Le discours de Jerome Powell à Jackson Hole marque un tournant dans la politique monétaire américaine, signalant la fin du resserrement et l’ouverture d’une phase d’assouplissement. Cette transition reflète la confiance de la Fed dans le retour de l’inflation à 2%, tout en reconnaissant les défis économiques persistants. La Fed devra désormais trouver un équilibre délicat entre stabilité des prix et soutien à l’emploi, dans un contexte économique incertain.

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Satosh

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