Crypto et finance traditionnelle : Une alliance risquée mais prometteuse
Qu’est-ce que BlackRock, Invesco Galaxy, WisdomTree, ou encore Fidelity ont en commun ? Évidemment, on dira à première vue que ce sont là les compagnies du secteur de la finance avec chacune ses spécificités. Mais celui qui suit les tendances de l’industrie crypto ces derniers mois sait que chacune de ces compagnies s’est, d’une manière ou d’une autre, engagée dans cette industrie. Une bonne nouvelle pour cette dernière qui voit son influence financière s’étendre, confirmant quelque peu sa pertinence en matière d’investissement. Pourtant, ce qui semble être une adoption soutenue de la crypto par les institutions de l’écosystème de la finance, ne cache pas moins des risques systémiques importants. C’est à ces derniers que nous nous intéresserons dans cet article.
La volatilité, 1er risque de l’adoption des cryptos par les firmes financières
Il y a quelques mois, BlackRock, le plus grand gestionnaire d’actifs au monde, avait jeté un pavé dans la marre. Réticente jusqu’alors quant aux investissements concernant les cryptos, la compagnie dirigée par Larry Fink avait annoncé son engagement en faveur de la crypto phare : le bitcoin (BTC). Convaincue par la pertinence financière de l’actif, l’entreprise a introduit une demande d’ETF Bitcoin au comptant auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC). Objectif, rendre l’actif accessible aux investisseurs qui souhaiteraient s’y exposer.
Depuis, plusieurs autres gestionnaires d’actifs de premier plan se sont lancés dans une démarche similaire. Il y a ainsi une tendance palpable à l’adoption des cryptos, pas seulement du bitcoin (BTC), par les gestionnaires d’actifs. Notamment en raison des options de plus en plus diversifiées et rentables qu’elles offrent aux compagnies financières.
Pourtant, l’adoption croissante des cryptos par les institutions financières expose ces dernières à un risque majeur : la volatilité des prix. Cette caractéristique imprévisible et rapide des fluctuations des valeurs des cryptos peut en effet engendrer d’importantes menaces financières pour ces investisseurs institutionnels. Le bitcoin (BTC) en est l’exemple le plus parlant. En 2022, la crypto la plus populaire a connu une baisse de plus de 50 % après avoir atteint un pic d’environ 69 000 dollars en 2021. Malgré tout, l’actif signe depuis quelques mois, son retour en grâce à environ 43 745 dollars.
Inutile donc de dire que l’adoption de la crypto expose les compagnies financières qui s’y engagent à de multiples dangers liés à sa volatilité intrinsèque. Le premier concerne les pertes substantielles de capitaux. Par ailleurs, la gestion des risques devient une tâche ardue en raison de cette volatilité. Les outils traditionnels de gestion des risques peinent à anticiper les variations rapides des prix des cryptos. Ce qui complique ainsi la mise en place de stratégies efficaces. Enfin, la volatilité des prix de la crypto peut entacher la réputation de ces institutions dès lors que des pertes importantes peuvent détériorer leur crédibilité.
Adoption de la crypto et défis sécuritaires des firmes financières
Il faut rappeler que l’industrie des cryptos repose sur la technologie émergente de la blockchain. Le hic, c’est que l’évolution de cette dernière n’est pas figée. Elle progresse constamment. Ce contexte d’innovation technologique permanent engendre des risques de sécurité importants pour les institutions financières qui s’aventurent sur ce marché. Parmi ceux-ci, les redoutables attaques par déni de service (DDoS), les menaces d’injection SQL et les attaques par logiciels malveillants. Chaque année, ce sont des millions de dollars en cryptos qui ont été dérobés par les hackers à travers le monde, grâce à ces méthodes qui ruinent plusieurs entreprises.
Et malgré les efforts en matière de lutte contre la cybercriminalité crypto, ces pratiques semblent encore avoir de longs jours devant elles. C’est pour le moins ce que signalent de récentes investigations de TRM Labs. Il s’agit d’une société américaine spécialisée dans l’analyse des blockchains et la lutte contre la criminalité financière dans le secteur des cryptos. Les firmes financières qui s’engagent dans la crypto doivent être au courant de cette réalité. Elles pourront alors s’en protéger, tout en la confrontant efficacement et de manière proactive.
Adoption crypto par les firmes financières et incertitudes réglementaires
La réglementation, c’est peut-être le risque le plus important auquel les institutions financières font face dans leur adoption effrénée de la crypto. Pour rappel, la régulation de l’industrie crypto est encore en phase de développement. Étant balbutiante, cette dernière génère en quelque sorte un niveau important d’incertitudes juridiques.
De fait, les compagnies financières qui s’engagent dans l’industrie crypto y naviguent à vue. Une situation qui les expose à divers risques de non-conformité, que ce soit dans leurs investissements crypto ou dans la fourniture de services liés à ces actifs.
Or, la non-conformité aux normes en vigueur est une source des poursuites judiciaires ainsi que des sanctions administratives telles que des amendes. C’est exactement ce qu’a subi l’exchange Binance récemment. Par ailleurs, l’incertitude juridique complexifie davantage l’obtention d’assurances ou de garanties. Ce qui a pour effet d’augmenter les coûts et les risques associés à l’adoption de la crypto.
Toutes ces menaces sont quelque peu maîtrisables. Pour y parvenir, les entreprises financières qui se lancent dans la crypto doivent prioriser certaines pratiques judicieuses en vue de pérenniser leurs activités. Parmi celles-ci, la formation de leur personnel, la mise en place de procédures d’audit régulières pour évaluer l’efficacité des mesures de sécurité mises en place. Elles doivent également envisager d’opter pour une assurance cybernétique permettant de couvrir les pertes éventuelles résultant de cyberattaques qui sont légion dans le secteur crypto. Sans oublier des pratiques en matière de veille technologique et informationnelle, gages de la prise de décisions financières éclairées.
Conclusion
L’adoption croissante des cryptos par les firmes financières présente des opportunités indéniables pour ces dernières. Toutefois, elle n’est pas sans risques. Ceux-ci ne sont d’ailleurs pas négligeables. Entre la volatilité des prix des cryptos et les défis sécuritaires, les investisseurs institutionnels sont exposés à des pertes substantielles. L’incertitude réglementaire dans le domaine crypto n’arrange pas les choses puisqu’elle augmente les risques de non-conformité, entraînant des sanctions et des coûts supplémentaires. Cela dit, les compagnies du secteur de la finance peuvent prospérer dans ce nouvel environnement. À condition qu’elles optent pour des pratiques pertinentes leur permettant de minimiser les risques et d’assurer une adoption durable de la crypto qui devrait aller crescendo.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.