La Corée du Nord abandonne l’ONU pour les BRICS

Dans un monde de plus en plus polarisé, les alliances géopolitiques jouent un rôle capital dans la redéfinition des équilibres de pouvoir. La Corée du Nord, traditionnellement isolée sur la scène internationale, semble intensifier ses efforts pour s’aligner avec des blocs économiques comme les BRICS, dans un contexte de liens croissants avec la Russie. Cette stratégie pourrait avoir des implications majeures, non seulement pour la diplomatie de Pyongyang, mais également pour la géopolitique mondiale. L’absence remarquée de la Corée du Nord à l’Assemblée générale des Nations Unies au profit d’un événement BRICS à Saint-Pétersbourg en est un signe avant-coureur.

Un rapprochement avec les BRICS

Le 19 septembre 2023, Choe Son-hui, ministre des Affaires étrangères de la Corée du Nord, a délibérément choisi de ne pas participer à l’Assemblée générale des Nations Unies à New York pour se rendre à un forum lié aux BRICS en Russie. Cette décision reflète l’intention de Pyongyang de renforcer ses liens avec ce bloc économique, qui rassemble des puissances émergentes telles que le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud. Lors de cet événement, des discussions portant sur le renforcement des partenariats ont eu lieu, et l’alignement de la Corée du Nord avec la Russie semble s’intensifier, marquant un tournant stratégique.

Ce rapprochement est notamment alimenté par les sanctions internationales et l’isolement diplomatique auxquels Pyongyang est confronté depuis des décennies. Les analystes estiment que la Corée du Nord cherche à se positionner au sein de nouvelles alliances mondiales pour échapper à cet isolement. Cependant, malgré l’intérêt manifeste de la Corée du Nord pour les BRICS, son inclusion dans ce bloc économique semble improbable en raison de ses limitations économiques et des sanctions qui la visent, comme l’explique Lim Eul-chul, spécialiste des affaires nord-coréennes.

D’immenses défis à surmonter

En effet, bien que la Corée du Nord manifeste un intérêt pour une collaboration plus étroite avec les BRICS, plusieurs obstacles se dressent sur sa route. D’une part, ses relations complexes avec la Chine, membre influent des BRICS, compliquent ses ambitions. Selon Cho Han-bum de l’Institut coréen pour l’unification nationale, les tensions diplomatiques avec Pékin pourraient sérieusement freiner toute tentative d’intégration formelle de la Corée du Nord dans ce groupe.

D’autre part, même si les liens économiques entre Pyongyang et Moscou se renforcent, les perspectives d’adhésion de la Corée du Nord restent faibles. Le contexte actuel des sanctions internationales, particulièrement les restrictions financières, rend difficile pour le régime de Kim Jong-un de se conformer aux exigences des BRICS. Malgré ces défis, ce rapprochement symbolise une tentative stratégique pour briser son isolement international et s’insérer dans un nouvel ordre mondial multipolaire.

La volonté de la Corée du Nord de s’aligner avec les BRICS marque un tournant important dans sa diplomatie. Cependant, les obstacles liés aux sanctions économiques et aux tensions avec certains membres de ce bloc rendent une intégration formelle improbable à court terme. Ce rapprochement témoigne néanmoins des efforts de Pyongyang pour s’éloigner de son isolement diplomatique traditionnel, en explorant des alliances stratégiques susceptibles de modifier son positionnement sur la scène internationale.