La Chine injecte 300 milliards de yuans dans son système bancaire via une opération MLF

La banque centrale de la Chine vient de réaliser une importante opération de prêt à moyen terme pour soutenir son système bancaire. Cette injection de 300 milliards de yuans (environ 41,83 milliards de dollars) s’inscrit dans une stratégie plus large visant à maintenir des conditions de liquidité favorables dans un contexte économique incertain.

La Chine injecte 300 milliards de yuans pour stabiliser son économie

La Banque populaire de Chine (PBOC) a lancé ce mardi une opération de prêt à moyen terme (MLF) de 300 milliards de yuans avec une maturité d’un an. Le taux d’intérêt appliqué reste stable à 2%, inchangé par rapport aux opérations précédentes, selon le communiqué officiel publié sur le site de la banque centrale. Cette intervention survient dans un contexte où Pékin cherche activement à stabiliser son économie face aux défis intérieurs et extérieurs.

Cette opération représente un renouvellement partiel, puisque 500 milliards de yuans de prêts MLF arriveront à échéance ce mois-ci. Après cette dernière injection, le solde total des prêts MLF atteint désormais 4,09 billions de yuans. La différence entre les montants arrivant à échéance et l’injection récente témoigne d’un ajustement calibré de la part des autorités monétaires chinoises.

Wang Qing, analyste macroéconomique en chef chez Golden Credit Rating, rappelle que la banque centrale avait déjà procédé en janvier à des prises en pension directes de 1 700 milliards de yuans, équivalant à une libération anticipée de liquidités à moyen terme. Cette stratégie séquentielle vise à maintenir une liquidité abondante tout en évitant une expansion excessive du bilan de la banque centrale.

Une stratégie monétaire dans un contexte économique et géopolitique tendu

La politique monétaire accommodante de la Chine poursuit plusieurs objectifs simultanés : aider les banques à augmenter leur offre de crédit, faciliter l’émission d’obligations d’État et stabiliser les attentes du marché. Ces mesures s’inscrivent dans un effort plus large de soutien à une économie qui peine à retrouver son dynamisme d’avant la pandémie, notamment dans les secteurs immobilier et de la consommation.

Cette opération MLF intervient également dans un contexte de tensions commerciales accrues avec les États-Unis. Depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche, Washington a imposé de nouvelles taxes douanières sur les importations chinoises et menacé le groupe des BRICS, dont la Chine est un membre fondateur, de tarifs punitifs allant jusqu’à 100%. Face à ces pressions, Pékin cherche à renforcer sa résilience économique et financière interne.

Les analystes estiment que la PBOC devrait maintenir cette orientation accommodante dans les mois à venir. Le niveau actuel des taux MLF, combiné à d’autres outils comme les ratios de réserves obligatoires des banques, devrait continuer à soutenir une liquidité suffisante pour répondre aux besoins de financement de l’économie réelle, tout en évitant des mesures trop agressives qui pourraient déstabiliser le yuan.

En somme, cette opération MLF de 300 milliards de yuans préfigure des interventions plus massives à venir. En septembre 2024, Pékin prévoyait d’injecter 1000 milliards de yuans (142 milliards de dollars) dans ses banques d’État, la plus importante depuis la crise de 2008. Face à la chute de rentabilité bancaire et aux tensions géopolitiques avec Washington, la Chine intensifie ses efforts pour stabiliser son système financier et soutenir son économie fragilisée.