La Chine est en train d'assassiner Tesla
La Chine mène depuis plusieurs années une stratégie redoutable de hold-up technologique pour s’approprier les joyaux de l’Occident. Et la dernière victime semble être Tesla !
Tesla en difficulté
Le géant américain des véhicules électriques, Tesla, traverse une période difficile. Depuis juillet 2023, l’entreprise a subi une chute vertigineuse de sa valeur boursière. Elle a perdu environ 400 milliards de dollars de capitalisation, soit plus de 40% de sa valeur.
Aujourd’hui, Tesla vaut moins de la moitié de Meta et seulement un quart de Google. Cette situation préoccupante soulève de nombreuses questions sur l’avenir de l’entreprise et du secteur automobile électrique.
Pourquoi Tesla est en difficulté ?
Plusieurs facteurs expliquent cette chute spectaculaire.
Tout d’abord, les ventes ont baissé. Les consommateurs achètent moins de Tesla qu’auparavant. Cette tendance se reflète dans les chiffres de vente en baisse.
Conséquence directe de la baisse des ventes, les revenus de Tesla n’augmentent donc plus.
De plus, deux dirigeants clés, Drew Baglino et Rohan Patel, ont récemment quitté l’entreprise. Ces départs peuvent indiquer des turbulences internes ou une réaction à la détérioration des perspectives de l’entreprise.
Tesla a également récemment licencié 10% de ses effectifs mondiaux. Cette décision intervient après une période d’embauches intensives.
Mais en réalité au-delà de ces problèmes internes, le principal défi auquel Tesla fait face est la montée en puissance de la concurrence chinoise.
La montée en puissance de la Chine
La Chine connaît une croissance exponentielle de sa production de véhicules électriques. Certes, Tesla y fabrique de nombreuses voitures, mais ce sont surtout les constructeurs chinois qui se développent le plus rapidement.
BYD, le principal constructeur automobile chinois, a brièvement dépassé Tesla en termes de ventes de véhicules électriques l’année dernière. Ce fait marquant illustre la vitesse à laquelle les entreprises chinoises rattrapent et dépassent même les leaders occidentaux.
D’autres entreprises chinoises se lancent également dans la course. Par exemple, Xiaomi, connu pour ses smartphones, produit maintenant des voitures électriques alliant style, performance et prix abordable.
Compétitivité des entreprises chinoises
Les constructeurs chinois commencent donc à évincer Tesla du marché chinois.
Et leur influence s’étend même rapidement à d’autres régions : Europe, Moyen-Orient, Asie du Sud-Est avec des produits qio se distinguent par deux atouts majeurs :
- Une qualité comparable aux standards occidentaux
- Des prix nettement inférieurs
Par exemple, la BYD Atto 3 de marque chinoise est près 1.5 fois moins chère qu’une Tesla Model 3…
Cette différence de prix significative explique en grande partie le succès croissant des marques chinoises.
La réponse de Tesla
Face à cette concurrence agressive, Tesla avait prévu une contre-attaque.
L’entreprise promettait de lancer une voiture électrique à 25 000 dollars. Ce modèle aurait pu démocratiser l’accès aux véhicules électriques et permettre à Tesla de concurrencer les marques chinoises sur le segment des voitures abordables.
Cependant, Elon Musk a récemment abandonné ce projet.
Il préfère désormais concentrer les efforts de l’entreprise sur le développement de taxis autonomes.
Cette décision stratégique laisse le champ libre aux constructeurs chinois. Ce seront probablement eux qui produiront la première voiture électrique grand public à 25 000 dollars.
La redoutable stratégie chinoise
La montée en puissance de l’industrie automobile chinoise n’est pas un cas isolé. Elle s’inscrit dans une stratégie industrielle plus large, typiquement chinoise.
Cette approche a permis à la Chine de dominer de nombreux secteurs industriels. Le cycle se déroule en plusieurs étapes :
- Attraction des multinationales : Une entreprise étrangère installe ses usines en Chine. Elle est attirée par les coûts de production bas, les grands contrats potentiels et l’accès à un immense marché.
- Appropriation technologique : La Chine s’approprie la technologie de l’entreprise étrangère. Elle utilise divers moyens : co-entreprises, acquisitions, ou même espionnage industriel.
- Transfert des technologies aux entreprises locales : La technologie acquise est transmise aux entreprises chinoises.
- Éviction du marché chinois : Les entreprises chinoises, fortes de cette technologie, évincent progressivement la multinationale du marché national.
- Conquête mondiale : Enfin, les entreprises chinoises partent à la conquête des marchés internationaux, concurrençant directement la multinationale sur son terrain.
Par exemple, dans l’industrie ferroviaire, des géants européens comme Siemens et Alstom ont transféré leur technologie de trains à grande vitesse à la Chine. Et aujourd’hui, les entreprises chinoises dominent ce secteur, y compris sur les marchés internationaux.
Cette redoutable d’appropriation technologie menée par la Chine explique en partie notre désindustrialisation…
Deux raisons principales expliquent le succès récurrent de cette stratégie :
D’une part, une vision à court terme des multinationales : les entreprises étrangères privilégient souvent les gains immédiats (contrats chinois, production bon marché, accès au marché) au détriment de leur position concurrentielle à long terme.
De l’autre, un optimisme excessif sur le marché chinois, car les multinationales sous-estiment souvent la volonté du gouvernement chinois de favoriser les entreprises locales. Elles ne réalisent pas que leur présence sur le marché chinois sera probablement limitée dans le temps.
Tesla, la prochaine victime de la Chine ?
Tesla n’a pas échappé à ce phénomène. Son usine de Shanghai, qui produit plus de la moitié des véhicules Tesla, a certes sauvé l’entreprise de la faillite, mais elle a aussi considérablement profité à l’industrie automobile chinoise.
En effet, Tesla a collaboré avec le groupe chinois LK pour produire des machines de moulage géantes. LK Group a ensuite vendu ces machines à six autres entreprises chinoises, probablement des constructeurs automobiles.
De plus, 95% des composants utilisés dans l’usine Tesla de Shanghai proviennent de Chine et les entreprises chinoises représentent près de 40% de la chaîne d’approvisionnement mondiale en batteries de Tesla.
Tesla a définitivement joué un rôle catalyseur dans le développement du secteur automobile électrique en Chine.
Le puissant arsenal économique chinois
Au-delà de la stratégie d’appropriation technologique, la Chine utilise trois autres leviers puissants pour surpasser les entreprises occidentales.
Tout d’abord, la Chine subventionne massivement ses industries stratégiques. Elle y consacre 1,73% de son PIB, un chiffre bien supérieur à celui des autres pays. Ces subventions prennent diverses formes : paiements directs, incitations fiscales et prêts à taux préférentiels.
Cette politique permet aux entreprises chinoises de se développer rapidement et de proposer des prix très compétitifs.
Ensuite, la Chine domine le traitement des minéraux et la fabrication des batteries, deux éléments cruciaux pour l’industrie automobile électrique. Cette domination s’explique par des subventions importantes dans ces secteur et une tolérance plus grande envers la pollution générée par ces activités.
Cette maîtrise des chaînes d’approvisionnement donne un avantage considérable aux constructeurs chinois.
Enfin, la Chine bénéficie de plusieurs atouts économiques et démographiques : une population immense, une vaste territoire et un grand nombre d’ingénieurs bien formés.
Ces facteurs permettent à la Chine de produire en très grandes quantités et d’optimiser constamment ses processus de production. Le pays peut ainsi bénéficier de puissantes économies d’échelles.
Comment l’Occident peut réagir face à la Chine ?
Face à cette concurrence redoutable, plusieurs options s’offrent aux pays occidentaux.
En premier lieu, il y a le laisser faire, c’est-à-dire accepter les produits chinois bon marché. Mais cette approche risque d’affaiblir nos économies et nos capacités militaires à long terme.
Il est aussi possible d’attirer les investissements chinois qui reviendrait à inviter des entreprises chinoises à investir dans nos pays pour s’approprier leurs technologies. Cette approche comporte des risques et ne résout pas le problème fondamental.
Souvent, les politiques parlent de “miser sur l’innovation” !! Sauf que si la production reste en Chine, l’innovation finira par profiter aux concurrents chinois.
La seule solution pérenne semble être que les entreprises occidentales doivent cesser de céder leurs technologies les plus avancées à la Chine en échange de gains à court terme.
Les gouvernements ont également un rôle crucial à jouer. Ils doivent surveiller attentivement leurs entreprises les plus innovantes et intervenir si nécessaire pour empêcher des transferts de technologie préjudiciables.
Pour ce faire, deux approches sont envisageables. Les restrictions sur les investissements sortants en limitant les investissements des entreprises nationales en Chine. Mais cette approche risque de se heurter à l’opposition des entreprises.
Ou bien les subventions stratégiques, ce qui reviendrait à soutenir financièrement les entreprises nationales pour éviter qu’elles ne dépendent trop de la Chine.
Par exemple, le gouvernement américain aurait pu aider Tesla en 2018, évitant ainsi sa dépendance envers la Chine.
L’Amérique commence à renâcler face à la Chine
Les États-Unis et l’Europe commencent à réagir face à ces défis. Plusieurs initiatives récentes en témoignent :
- L’IRA (Inflation Reduction Act) : Cette loi prévoit d’importants investissements dans les technologies vertes, dont les véhicules électriques.
- Le CHIPS Act : Ce texte vise à réduire la dépendance de l’UE vis-à-vis de la Chine dans le secteur stratégique des semi-conducteurs.
De manière générale, on observe d’ailleurs une tendance des entreprises américaines à réduire leurs investissements en Chine.
Tesla pourrait être l’une des dernières grandes entreprises technologique américaine victime de la redoutable stratégie d’appropriation technologique chinoise. Cependant, d’autres pays développés, comme l’Allemagne, restent vulnérables à cette stratégie. Il s’agit de préserver notre capacité d’innovation et notre indépendance technologique face à la concurrence chinoise. L’avenir de nos industries et peut-être même de notre autonomie stratégique en dépend. Sinon, nous finirons tous fonctionnaires du Parti Communiste Chinois dans 20 ans !
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