La blockchain mBridge tombe à l'eau
La blockchain mBridge chapeautée par la banque des règlements internationaux semble avoir du plomb dans l’aile. Bonne nouvelle pour le bitcoin.
La BRI fait sauter les ponts ?
Alors que le sommet des BRICS se déroulait à Kazan, le camp du G7 se réunissait lui à Washington pour l’assemblée annuelle du Fonds Monétaire International. D’après Bloomberg, le fameux projet mBridge a fait l’objet de tractations lors de cette réunion du FMI et de la Banque mondiale. L’arrêt du projet serait envisagé.
Développé sous l’égide du BIS Innovation Hub, mBridge s’annonce comme nouveau Forex pour les monnaies numériques de banques centrales (CBDC). Les recherches sont menées par les banques centrales de Chine, de Thaïlande, de Hong Kong et des Émirats arabes unis, tous membres ou en passe de devenir membre des BRICS.
L’objectif est de bâtir un système alternatif à l’actuel « Correspondent Banking System » qui repose largement sur le dollar et les banques américaines.
La correspondance bancaire, en français, revient à ouvrir un compte dans une banque étrangère pour y effectuer des opérations dans une devise locale (dollar, yen, rouble, etc). Très concrètement cela signifie que si une banque française veut pouvoir conserver les avoirs en dollars de ses clients, elle devra ouvrir un compte dans une banque américaine.
Les BRICS considèrent mBridge comme une piste sérieuse pour refonder le système monétaire international une fois que les tensions géopolitiques se seront estompées.
Il semblerait toutefois que les décideurs occidentaux ne se soient pas encore résignés à faire une croix sur leur monopole. La déconnexion des réseaux de paiement globaux est devenue une arme centrale dans l’arsenal occidental.
mBridge, la pâle copie du bitcoin
L’Arabie saoudite a récemment rejoint le projet mBridge, ce qui suggère que la Chine – architecte en chef du projet – construit effectivement une solution intéressante.
Ce n’est pas anodin quand on sait que le président chinois Xi Jinping a appelé en novembre 2022 depuis Riyad à ce que les pays du Golfe acceptent la monnaie chinoise yuan en paiement pour leur pétrole.
Concrètement, mBridge est une blockchain permettant de réaliser des paiements transfrontaliers instantanés ainsi que des opérations de change. Le cahier des charges était de créer un système résistant à la censure.
En effet, n’oublions pas que le G7 a gelé près de 300 milliards d’euros et de dollars appartenant à la Russie. La gravité de cette décision ne soit pas être sous-estimée. Ce n’est pas passé inaperçu aux yeux de la Chine et de l’Arabie saoudite qui creignent d’être les prochains sur la liste.
Aux dernières nouvelles, mBridge fonctionne avec un mécanisme de consensus connu sous le nom de « HotStuff ». Celui-là même qui était considéré par Facebook (Libra) et qu’ethereum utilise pour son protocole de Staking. Il s’agit en essence d’une alternative au mécanisme de Proof-of-Work du Bitcoin.
Malheureusement, la BRI se trouve aujourd’hui dans une position délicate, tiraillée entre son désir de faire émerger des CBDC et des réalités géopolitiques complexes. Une éventuelle mise en veille du projet mBridge est d’autant plus probable que Donald Trump est catégoriquement opposé aux CBDC.
« Une CBDC donnerait au gouvernement fédéral le contrôle absolu sur votre argent. C’est une dangereuse menace pour la liberté et je l’empêcherai d’arriver en Amérique », a-t-il déclaré en début d’année.
Et voici pour les anglophiles ce que le patron de la BRI déclarait en 2020 à propos des CBDC :
Quid du Bitcoin ?
Donald Trump mettra probablement fin à la guerre en Ukraine. Néanmoins, il est également probable que s’ensuive une guerre commerciale à coups de taxes douanières.
Les tensions, même si moins graves, vont donc demeurer. Le candidat républicain a d’ailleurs menacé de mettre en place des droits de douane de 100 % contre les pays qui refuseraient de placer leurs réserves dans la dette américaine.
Dit autrement, si les BRICS persistent dans leur stratégie, leurs échanges avec les États-Unis iront decrescendo. Washington n’aura d’autre choix que de réduire son déficit commercial pour protéger le taux de change du billet vert.
Ce serait en quelque sorte la fin de « la fin du système de Bretton Woods » qui permit aux États-Unis de faire tourner la planche à billets pour bénéficier d’une balance commerciale chroniquement déficitaire.
Renoncer à ce privilège exorbitant constituerait en quelque sorte la résurgence de l’espirt de Bretton Woods. En clair, les balances commerciales se régleraient de nouveau dans une véritable réserve de valeur. Cependant, on voit mal comment l’or pourrait faire son retour dans un monde où le bit est roi.
Donald Trump semble comprendre que le bitcoin est la meilleure réserve de valeur au monde. Sa promesse de constituer une réserve stratégique de bitcoins pourrait être coup de poker payant.
Le bitcoin pèse actuellement moins de 10 % de la capitalisation de l’or. Accumuler un million de BTC avant le reste du monde fera passer la pilule de l’inexorable déclin de l’outrageante hégémonie monétaire américaine.
La transformation du dollar en arme politique a creusé sa tombe. Le monde obtiendra tôt ou tard sa réserve de valeur absolue et apatride. Le bitcoin apparaît plus que jamais comme une solution plus réaliste que les CBDC.
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