Joyeux anniversaire Bitcoin (BTC) !!!!

Le 3 janvier dernier, le réseau Bitcoin a soufflé sa 15ᵉ bougie d’anniversaire, et célébré la création des tout premiers bitcoins. Le 3 janvier 2009 est en effet une date à marquer d’une pierre blanche dans l’Histoire de Bitcoin. De la même couleur que le livre blanc publié par le pseudonyme Satoshi Nakamoto, toujours inconnu à ce jour. Depuis cette date et le premier bloc « Genesis », la révolution technologique du transfert de valeur est en marche, mais le monde ne le réalise pas encore complètement. La faute à une résistance organisée qui ne tiendra pas très longtemps face à cette philosophie de décentralisation. Retour sur la cryptomonnaie phare, son origine, ses cycles, sa promesse technologique et les controverses qui ont jalonné son histoire.

2009 : l’anniversaire du bitcoin… et de la crise des subprimes

Le 15 septembre 2008, le monde de la finance s’effondre littéralement. La défiance envers les institutions bancaires grandit, avec la faillite de Lehman Brothers comme apothéose. Les marchés internationaux sont en panique totale. C’est dans ce contexte apocalyptique de confiance perdue et de corruption du système bancaire que nait le bitcoin (BTC), qui tire son inspiration d’autres projets de monnaie numérique de l’époque, comme le Bit Gold de Nick Szabo.

Tout commence par un message, envoyé le 31 octobre 2008 par Satoshi Nakamoto sur un forum réservé aux cypherpunks. « Je travaille sur un nouveau système de monnaie électronique entièrement de pair-à-pair, sans tiers de confiance ». Ce message précède la publication du fameux livre blanc sur le site bitcoin.org. Et son message est aussi subliminal qu’explicite : le BTC est une monnaie insensible aux manipulations d’entités centralisées. Un mois après cette publication, les premiers BTC ont été minés le 3 janvier 2009.

2010 : « Bitcoin Pizza Day », autre anniversaire

Après la première transaction en bitcoins, ayant eu lieu entre Satoshi et Hal Finney, il a fallu attendre neuf mois après le premier BTC miné pour attribuer une valeur financière au BTC. En date du 5 octobre 2009, le BTC valait environ 0,001 $. 100 $ investis dans le BTC à l’époque vaudraient 1,7 milliard de dollars au cours du BTC d’aujourd’hui (17 000 $ environ). L’anecdote de la journée de la pizza BTC est révélatrice de l’évolution exponentielle du prix du BTC. Le 22 mai 2010, Laszlo Hanyecz a échangé 10 000 BTC contre deux pizzas d’une valeur de 25 dollars chacune. Ces deux pizzas valent près de 170 millions de dollars au cours d’aujourd’hui. Ce célèbre jour anniversaire a également marqué la toute première transaction effectuée en bitcoins.

Le mystère Satoshi Nakamoto

Poursuivons cette chronologie de l’histoire du BTC avec… la disparition de Satoshi Nakamoto le 12 décembre 2010. Du moins en ce qui concerne sa communication, avant le deuxième anniversaire du bitcoin. Satoshi Nakamoto a en effet décidé de confier les clés du protocole à l’Américain Gavin Andresen. Il a indiqué dans un dernier message vouloir passer à autre chose, entretenant davantage le mystère autour de son identité. Plusieurs personnes connues ont été associées à ce pseudonyme, de John McAfee à Charlie Lee en passant par Adam Back et Craig Wright. Le mystère Satoshi Nakamoto reste entier, et constitue un critère essentiel de la valeur fondamentale du BTC. Le réseau BTC reste acéphale et, de fait, impossible à torpiller ou à censurer.

2011 : premiers cas d’usage pour les minorités discriminées

Ce n’est qu’en 2011 que les premiers véritables cas d’usage du BTC sont apparus avec Wikileaks. Cette organisation internationale à but non lucratif s’est notamment distinguée en publiant de manière non autorisée des documents classifiés sensibles. Fondée par Julian Assange en 2006, l’ONG a pour mission de mettre en lumière les lanceurs d’alerte. Les fuites d’information provenant de sources anonymes ont provoqué de nombreuses controverses et des tentatives d’intimidation au plus haut niveau. L’ONG a notamment été coupée de toutes sources de financement centralisées, en particulier les banques et les systèmes de paiement. Par conséquent, elle ne doit sa survie qu’aux dons sous forme de BTC, incensurables par aucune entité gouvernementale ou bancaire.

Le premier cas d’usage du BTC est né avec la situation de Wikileaks et des lanceurs d’alerte en général. Il met en exergue l’importance de permettre la confidentialité pour les minorités discriminées, qui subsistent grâce à cette monnaie décentralisée. Les exemples sont nombreux. Le plus emblématique concerne les participants à la marche de la liberté à Ottawa, contre l’instauration du passeport sanitaire. Le premier ministre canadien Justin Trudeau avait entrepris de bloquer temporairement les comptes bancaires de personnes ayant contribué financièrement à ces manifestations. Nous pouvons notamment citer les femmes afghanes sous le régime taliban ou les Vénézuéliens qui veulent fuir la crise humanitaire. Sans oublier le projet de gel des comptes bancaires des Iraniennes qui ne veulent pas porter le voile. Plus généralement, les opposants aux dictatures et la moitié de la population non bancarisée complètent cette liste d’exemples non exhaustive.

2013 : le BTC comme garde-fou sur les politiques monétaires mondiales

L’anniversaire du bitcoin est l’occasion de rappeler l’année 2013 qui a marqué un tournant dans l’histoire du BTC. D’une part, le premier halving en 2012 a divisé la récompense des mineurs de 50 à 25 BTC par bloc. Rappelons que le halving du BTC se déroule tous les 210 000 blocs, soit tous les quatre ans. Cette réduction de la rémunération a engendré une raréfaction de l’offre du BTC. Son prix est passé de 12 $ à 300 $, est retombé à 40 $ pour monter à 1200 $ en quelques mois. Le BTC a vécu cette année son premier véritable marché haussier.

D’autre part, l’adoption du bitcoin par les Chypriotes représente un deuxième cas d’usage fondamental de l’utilité sociale du BTC. La cryptomonnaie phare devient un actif financier de choix pour préserver l’investissement des épargnants. Certains Chypriotes ont tout converti en bitcoins, pour se prémunir de menaces d’une taxation des dépôts pour sauver les banques. L’exemple de Chypre est révélateur d’un fait capital dans la mission du BTC. Le protocole permet d’une part l’inclusion de personnes qui vivent constamment sous l’instabilité de leur système bancaire local. À titre d’exemple, le système bancaire du Liban a lâché sa population, suite à la faillite du pays. Le protocole représente d’autre part un rempart contre les monnaies fiat qui subissent une hyperinflation. Les Zimbabwéens, les 32 % des Nigérians qui utilisent le bitcoin, les Iraniens, les Turcs et les Vénézuéliens peuvent en témoigner.

2014 : l’affaire Mt. Gox

Le 15ᵉ anniversaire du bitcoin est l’occasion de parler de deux différentes controverses qui ont eu lieu autour du BTC. Sa réputation a été pour la première fois de son histoire entachée par le site web Silk Road. Ce site a été la cause de l’association du BTC à des activités illégales. Cette première plateforme qui a permis l’utilisation du BTC pour régler des achats illégaux a été fermée en octobre 2013.

Basée à Tokyo, la plateforme d’échanges de BTC Mt. Gox a longtemps été la plus importante en volume. Elle s’est effondrée en 2014 à la suite d’un piratage informatique et du détournement de 744 408 BTC. Cette faillite coïncide avec la chute du prix du BTC de 1000 $ à près de 200 $ durant cette année. L’affaire a encore des répercussions à ce jour, un remboursement des BTC détournés étant envisagé.

2016 : Bitcoin Cash divise la communauté

La scalabilité de la blockchain BTC a engendré une première controverse au sein même de la communauté. Cette composante du trilemme de la blockchain représente en effet le maillon faible du réseau BTC. Elle est cependant essentielle et doit être optimisée pour que le réseau devienne un système de paiement praticable. Le réseau Bitcoin ne peut cependant effectuer que 7 transactions par seconde à l’heure actuelle.

Deux solutions divergentes émergent dans la communauté. La première consiste à augmenter la taille des blocs pour y inclure davantage de transactions. Cette alternative impose toutefois aux mineurs d’upgrader leurs machines informatiques. Elle augmente de fait la barrière à l’entrée de nouveaux acteurs souhaitant également être en charge du réseau. Ce qui réduit ultimement l’impact de la décentralisation, autre composante au cœur de la philosophie fondamentale du BTC. Une grosse majorité de la communauté privilégie par conséquent la deuxième solution, à savoir le statu quo. Des blockchains de second niveau assureraient alors la scalabilité du réseau, sans affecter sa décentralisation et sa sécurité.

C’est dans ce contexte que nait Bitcoin Cash (BCH). Cette cryptomonnaie est la résultante du désaccord persistent dans la communauté. Les partisans minoritaires de l’augmentation de la taille des blocs séparent la blockchain en générant un « hard fork ». La blockchain principale du BTC reste inchangée, notamment au niveau de la taille des blocs. En revanche, la nouvelle blockchain BCH prend en compte cette modification de taille. Ce nouveau réseau BCH reste néanmoins bien inférieur au réseau principal BTC en termes de capitalisation et d’effet de réseau.

2017 : Second marché haussier, nouveau record de prix

L’année 2017 a définitivement marqué le monde des cryptomonnaies. Le second halving initié en 2016 a divisé une nouvelle fois la récompense des mineurs de 25 à 12,5 BTC. Il a ainsi créé un des plus grands rallyes haussiers que le BTC a connu. Les premiers contrats à terme ont été lancés le 10 décembre 2017. Ces nouveaux produits financiers donnent une certaine importance au bitcoin, et propulsent son prix à 19 891 $, record historique. Cette année marque également la multiplication des projets crypto. Le BTC pèse la moitié de la capitalisation totale des cryptomonnaies pour la première fois de son histoire.

2021 : le Salvador montre la voie

Le bitcoin souffle certes sa 15ᵉ bougie, mais un autre anniversaire est tout aussi important. Le 7 septembre 2021, Nayib Bukele, président du Salvador, adoptait le BTC comme monnaie légale, au même titre que le dollar américain. Cette décision historique a suscité naturellement de vives controverses dans les médias, mais a contribué à l’essor économique du pays. En effet, le développement du tourisme, à savoir 10 % du PIB national, a boosté l’économie salvadorienne. Par ailleurs, les activités économiques autour du bitcoin se multiplient, à l’image de la ville futuriste Bitcoin City. Cette dernière saura inévitablement attirer de nombreux investisseurs étrangers. Cet événement sans précédent reste cependant une expérimentation à ciel ouvert, dont les conséquences sont scrutées par de nombreuses autres banques centrales. Le 26 avril 2022, la République Centrafricaine a d’ailleurs été le second pays à emboiter le pas au Salvador, en adoptant également le BTC comme monnaie légale.

2022 : les institutions s’en mêlent, l’hyper bitcoinisation en marche

Le dernier halving en date en mars 2020 a vu la récompense des mineurs passer de 12,5 à 6,25 BTC par bloc. Suite à cet événement cyclique, l’année 2021 a constitué le dernier marché haussier, propulsant le BTC à près de 69 000$. Elle a essentiellement été marquée par l’adoption massive des institutions et grosses entreprises. En particulier, en février 2021, Tesla a acheté pour 1,5 milliard de dollars de BTC. En juin 2021, MicroStrategy annonce avoir accumulé 100 000 BTC.

L’année 2022 n’a pas été en reste concernant la poursuite de l’adoption croissante du BTC. En mars 2022, la ville de Rio de Janeiro annonce la conversion de 1 % de ses réserves en BTC pour se protéger de l’inflation. Exxon Mobil, plus gros exportateur de gaz et de pétrole aux USA, a annoncé avoir commencé à miner du BTC. En avril 2022, la compagnie Intel annonce la création d’une puce optimisée pour le minage de BTC. L’entreprise américaine Strike annonce un partenariat avec les plus gros fournisseurs de terminaux de paiements pour permettre des transactions avec BTC dans plus de 400 000 enseignes aux USA. Au Texas, une initiative de ferme de minage de BTC à partir de l’énergie solaire est lancée. Goldman Sachs, deuxième plus grosse banque au monde, accorde pour la première fois un prêt adossé au BTC.

Enfin, en 2021, le bitcoin a été utilisé pour transférer l’équivalent de 12 000 milliards de dollars, soit 20 % de plus que le réseau Visa. Cette liste d’exemples montre l’engouement pour le BTC ainsi que la croissance actuelle de son taux d’adoption.

Conclusion

La période baissière que nous vivons depuis de début de l’année 2022 est certes due à l’assainissement de l’écosystème. Faisant suite au rallye haussier de 2021, elle a favorisé la disparition de projets ou de plateformes toxiques et frauduleux. Mais elle ne doit pas occulter le formidable potentiel que révèle la promesse technologique du bitcoin. Nous pourrions conclure cette liste de dates marquantes en tentant de nous projeter vers le prochain cycle de halving en 2024. Outre l’entrée future et attendue de gouvernements et de grosses entreprises, le taux d’adoption du BTC continuera d’augmenter. La spéculation s’effacera de plus en plus au profit de la vraie utilité sociale et fondamentale du BTC. La volatilité s’atténuera et le BTC remplira enfin son rôle de valeur refuge. La décentralisation va changer notre manière d’appréhender la confiance, le transfert de valeur et la détention de notre propriété numérique. La prospérité de la population s’améliorera partout dans le monde. Naturellement, nombreuses seront les embûches, car l’histoire du BTC n’est p

Ralph R.

Consultant international en gestion de projet. Ingénieur de formation, avec une maîtrise en administration des affaires (M.B.A.) et affaires internationales d’HEC Montréal. Passionné de technologie et de cryptomonnaies depuis 2016.