Javier Milei, le président bitcoiner ?
Le paysage politique argentin se dégage maintenant que Cristina Kirchner s’est retirée de la course à la présidentielle. Le candidat pro Bitcoin Javier Milei pourrait bien l’emporter.
Javier Milei à la Maison rose ?
Condamnée en première instance à six ans de prison pour « administration frauduleuse au détriment de l’administration publique », la vice-présidente Cristina Kirchner a fait savoir début décembre qu’elle « ne serait candidate à rien » en 2023.
La « jefa » ne tentera pas de briguer de nouveau la présidence. Adieu la traditionnelle bataille entre les péroniste-kirchnériens et les anti-péronistes de droite. Des outsiders vont pouvoir entrer dans l’arène.
Et notamment le député Javier Milei qui chapeaute le parti des libéraux. L’économiste en chef de HSBC Argentine a rejoint le trio de tête avec des sondages lui donnant entre 20 % et 30 % des voix. Il est désormais au coude-à-coude avec Horacio Rodríguez Larreta, le maire de Buenos Aires.
Javier Milei se décrit comme un anarcho-capitaliste qui veut « botter le cul des keynésiens et des collectivistes ». Le candidat à la présidentielle propose « la libre concurrence des monnaies » qui, selon lui, incitera « très probablement les Argentins à choisir le dollar [américain] ».
La Coupe du Monde ne fut qu’un court répit pour une Argentine toujours en proie à l’hyperinflation. Les prix ont bondi de 90 % au cours de l’année passée… Soit l’un des taux d’inflation les plus élevés au monde avec la Turquie, le Liban, le Venezuela, la Syrie, le Sri Lanka, etc.
Les choses vont si mal que le gouvernement a introduit l’année dernière un contrôle des capitaux. Le taux de change fut salé pour les Argentins qui ont voulu voir jouer Lionel Messi. Le « dollar qatari », raillaient les Argentins.
Face au désastre économique, Javier Milei compte « éradiquer les privilèges des politiciens », a-t-il déclaré au micro de Reuters lors de sa loterie mensuelle qu’il organise pour distribuer son salaire de député (350 000 pesos, soit environ 1 900 $).
Un banquier Pro Bitcoin ?
Javier Milei a récemment tressé des lauriers au Bitcoin :
À la question de savoir si l’Argentine devrait avoir une discussion à propos du Bitcoin, J. Milei s’est voulu dithyrambique :
« Il faut commencer par comprendre que la banque centrale est une escroquerie. C’est un mécanisme par lequel les politiciens arnaquent les petites gens via un impôt déguisé : l’inflation. Le Bitcoin représente le retour de la monnaie à son créateur originel, le secteur privé. […] Aujourd’hui, l’État s’est approprié le droit d’imposer une monnaie. Cela lui permet d’arnaquer tout le monde avec l’inflation. Le protocole Bitcoin fait que sa masse monétaire atteindra un jour un maximum. […] Il est la réaction naturelle face à ces arnaqueurs de banquiers centraux. »
Pour le député, les démêlés incessants de son pays avec le FMI et les contrôles de capitaux peuvent être résolus facilement. Il suffit d’abolir la banque centrale et de dollariser l’économie :
« La première chose que nous allons faire est de réformer le système monétaire. J’organiserai un référendum s’il le faut. Et quand 70 % ou 80 % de la population voudra éliminer le peso, je les amènerai au Congrès, et ceux qui s’y opposent, je les mettrai face aux Argentins. »
En somme, les banques américaines se verront dérouler le tapis rouge. La seconde économie d’Amérique Latine se retrouverait alors dans la situation similaire à celle du Salvador. C’est-à-dire sans monnaie nationale, mais avec de grandes banques internationales (HSBC, Citibank, Scotiabank) faisant des prêts en dollars.
Les Argentins se rendront aux urnes le 29 octobre. Ils éliront leur prochain président ainsi qu’une grande partie des députés. Il y aura 130 sièges sur 247 à pourvoir dans la chambre des députés, et 24 sur 72 au Sénat.
La prophétie de Michael Saylor se réalise
Le CEO de Microstrategy avait prédit en 2021 que la plupart des pays finiront par se dollariser :
« Je pense que dans le monde développé, en Europe et aux États-Unis, le bitcoin va démonétiser la dette risquée, la dette à faible rendement et l’immobilier commercial. Il remplacera également les comptes d’épargne. Dans les pays en développement […], la possibilité d’avoir un compte d’épargne en dollar n’existe même pas. Leurs monnaies sont bien pires que le dollar.
Ce qui va se passer, c’est que sur environ 180 pays, 15 ou 20 conserveront leur privilège de battre monnaie. Les 100 derniers pays le perdront. Je pense qu’ils adopteront le dollar. Mais comment faire ?
La meilleure façon de dollariser est la stratégie du Salvador qui offre une application mobile avec des dollars et des bitcoins sur le réseau Lightning. Il faut une monnaie unité de compte comme moyen d’échange, le dollar. Et une monnaie qui conservera sa valeur au fil du temps, le Bitcoin. »
L’Argentine pourrait donner raison à Michael Saylor. Soulignons en outre qu’une trentaine de pays affichent actuellement une inflation supérieure à 20 %.
Et qu’on se le dise, la création de CBDC ne changera rien à cette situation. Le Nigeria essaie de l’imposer de force, mais c’est finalement vers le bitcoin que la population se tourne…
En attendant que les coalitions politiques argentines annoncent officiellement leurs candidats, il est permis d’espérer qu’un nouveau pays d’Amérique fasse du bitcoin une monnaie à part entière.
Comme prévu, le bitcoin a le vent en poupe dans les pays où il est devenu impossible pour les petites gens d’épargner. Au rythme où vont les choses, les Européens finiront bientôt par se poser des questions…
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