Interdire le minage de Bitcoin, une fausse bonne idée ? Une nouvelle étude met les choses au clair
Alors que la lutte contre le dérèglement climatique est au cœur des préoccupations mondiales, certains gouvernements envisagent de bannir le minage de Bitcoin, un processus énergivore souvent décrié pour son impact environnemental. Pourtant, une nouvelle étude menée par le groupe de recherche Exponential Science révèle un paradoxe qui pourrait surprendre plus d’un législateur : interdire le minage de Bitcoin pourrait aggraver les émissions de carbone, et aller ainsi à l’encontre des objectifs climatiques. Cette étude, intitulée Les conséquences carbone inattendues des interdictions de minage de Bitcoin : un paradoxe dans la politique environnementale, éclaire davantage sur les effets de déplacement potentiels provoqués par ces interdictions.
Les conséquences paradoxales des interdictions de minage de Bitcoin
Selon les chercheurs d’Exponential Science, les interdictions de minage de Bitcoin peuvent produire des effets paradoxaux et pousser les mineurs à migrer vers des régions où l’énergie est plus carbonée. « Une interdiction aux États-Unis ou en Europe pourrait en réalité exacerber les émissions de carbone globales, car les mineurs se déplaceraient vers des pays qui dépendent des énergies fossiles » explique Juan Ignacio Ibañez, contributeur à l’étude. Pour illustrer cette situation, l’étude indique qu’une interdiction de minage dans des pays comme la Norvège, qui utilise majoritairement des sources d’énergie renouvelable, pousserait les mineurs à se relocaliser dans des pays comme le Kazakhstan, où l’électricité est majoritairement générée par des centrales au charbon.
L’étude a également démontré que ce déplacement des mineurs pourrait entraîner une augmentation nette des émissions globales. D’après leurs calculs, une interdiction du minage en Europe pourrait augmenter les émissions globales de la blockchain de Bitcoin de plusieurs pourcentages, car les mineurs se tourneraient vers des régions moins strictes en termes de régulation écologique. En revanche, une interdiction dans un pays comme le Kazakhstan, qui dépend lourdement des énergies fossiles, pourrait contribuer à réduire de manière significative les émissions de carbone associées au réseau Bitcoin, avec une réduction estimée de 7,63 % des émissions annuelles mondiales.
Une efficacité disparate selon les régions
Les conclusions de l’étude montrent également que l’impact d’une interdiction peut varier au sein même des pays en fonction de la région. Aux États-Unis, par exemple, une interdiction de minage en Californie, où les sources d’énergie renouvelable sont importantes, aurait un impact néfaste et pousserait les mineurs vers des États où le mix énergétique est moins vert. En revanche, une interdiction dans des États comme le Kentucky ou la Géorgie, où la dépendance au charbon est plus forte, pourrait effectivement contribuer à réduire les émissions globales du réseau Bitcoin, selon les modèles d’Exponential Science.
Un exemple évident est celui de la Chine, où le minage de Bitcoin a été officiellement banni en 2021. Selon les chercheurs, cette interdiction a effectivement poussé certains mineurs à poursuivre leurs opérations de manière clandestine, notamment dans les provinces comme le Xinjiang. Toutefois, si toutes les activités de minage cessaient dans cette province, cela entraînerait une réduction de près de 6,9 % des émissions mondiales. Les chercheurs soulignent ainsi la nécessité d’une régulation informée par des données scientifiques pour éviter que des interdictions trop larges n’aboutissent à des résultats contraires aux objectifs climatiques.
Face à l’urgence climatique, cette étude d’Exponential Science souligne l’importance d’une approche nuancée dans les politiques de régulation du minage de Bitcoin. Comme le rappelle Nikhil Vadgama, cofondateur d’Exponential Science, « les technologies émergentes comme la blockchain sont des systèmes complexes, et des interdictions mal conçues peuvent engendrer des effets papillon aux conséquences inattendues ». Pour les gouvernements, cela signifie qu’il ne suffit pas de bannir des activités énergivores comme le minage, encore faut-il évaluer les effets de déplacement et les impacts environnementaux qui peuvent en découler.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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