IA : L’Europe impose son cadre dès ce dimanche
La prolifération des intelligences artificielles a contraint l’Europe à poser un cadre réglementaire avant que les algorithmes ne transforment le Vieux Continent en un immense bac à sable expérimental. Après des années de débats, l’IA Act entre en vigueur ce 2 février, et autant dire que certains algorithmes vont devoir revoir leur copie. Notamment ceux qui s’amusaient à deviner votre avenir judiciaire ou à jauger vos émotions en entreprise.
IA Act : le couperet tombe sur les IA jugées inacceptables
L’Union européenne ne plaisante plus avec les IA débridées. À compter de ce dimanche, certaines applications jugées à « risque inacceptable » sont interdites. Exit la notation sociale à la chinoise, les logiciels de police prédictive qui flairent les criminels en devenir, et les détecteurs d’émotions qui devinent si un employé aime son job ou s’il songe déjà à poser une démission en emoji.
La reconnaissance faciale en temps réel dans l’espace public, qui aurait pu transformer les rues en un épisode dystopique de Black Mirror, est également bannie. Seule exception : les forces de l’ordre, qui pourront y recourir dans des cas précis. Par ailleurs, les IA qui exploitent les vulnérabilités des personnes ou manipulent leurs décisions tombent aussi sous le couperet.
L’Europe veut visiblement éviter qu’un chatbot ne persuade votre grand-mère d’investir dans une crypto obscure ou qu’un jouet parlant ne convainque un enfant de tester les lois de la gravité depuis son balcon.
Et gare aux contrevenants : les entreprises qui se risquent à braver ces interdictions pourront se voir infliger des amendes atteignant jusqu’à 35 millions d’euros, ou 7 % de leur chiffre d’affaires annuel. Une piqûre de rappel qui devrait dissuader les plus téméraires.
L’Europe et l’IA : entre régulation et ambition technologique
L’Europe, toujours soucieuse de ne pas se laisser distancer technologiquement, veut encadrer le développement de l’intelligence artificielle sans pour autant brider l’innovation. L’IA Act ne se contente donc pas d’interdire, il impose aussi des obligations de transparence aux grands modèles d’IA, notamment ceux qui alimentent les chatbots et générateurs d’images comme ChatGPT, Gemini ou Le Chat.
À partir du 1er août, ces systèmes devront dévoiler leur documentation technique et fournir des détails sur leurs bases d’apprentissage.
« Pendant que la Commission européenne subventionne le développement de l’IA partout en Europe sauf en France, le gouvernement a annoncé la création d’un Institut public de surveillance de l’IA », ironise Carène Tardy sur X.
Une déclaration qui illustre bien le dilemme européen : comment réguler l’IA sans nuire à sa compétitivité ? Certains estiment que l’UE joue les gendarmes pendant que les États-Unis et la Chine avancent à toute vitesse. D’autres y voient un moyen d’éviter les dérives technologiques avant qu’il ne soit trop tard.
Une réglementation qui ne fait pas l’unanimité
Si l’IA Act est présenté comme la législation la plus ambitieuse du monde en la matière, sa mise en œuvre s’annonce progressive et semée d’embûches. Son application complète ne sera effective qu’en 2026, et d’ici là, les contestations ne manqueront pas.
Plusieurs entreprises et États membres jugent certaines interdictions excessives ou difficiles à appliquer.
- Le premier test de l’IA Act sera politique. Le 10 février, une centaine de chefs d’État, dont des représentants américains et chinois, se réuniront à Paris pour le Sommet pour l’action sur l’IA. L’occasion d’observer comment les autres grandes puissances réagissent à cette nouvelle régulation européenne et si elles envisagent d’en suivre l’exemple ou de s’en moquer discrètement.
Enfin, un point fait grincer des dents : les exemptions pour raison de « sécurité nationale ». Certains États ont réussi à obtenir des passe-droits pour utiliser des IA controversées sous couvert de protection des citoyens. Résultat : des IA interdites pour le grand public pourraient très bien être exploitées par des agences gouvernementales.
Outre l’IA, l’Europe s’attaque aussi au Web 4.0 et aux mondes virtuels, histoire de poser des garde-fous avant que tout ne parte en vrille. Réguler avant d’innover : une stratégie bien rodée qui fait parfois grincer des dents, mais qui permet à l’UE de garder la main sur les transitions technologiques. Reste à voir si elle parviendra à imposer son modèle au reste du monde.
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