Gas limit multiplié par 100 :  Ethereum s'attaque (enfin) à son plus gros problème

Depuis sa création, Ethereum est confronté à un dilemme majeur : comment maintenir sa décentralisation tout en augmentant sa capacité de traitement ? Aujourd’hui, un chercheur de la Fondation Ethereum, Dankrad Feist, propose une initiative ambitieuse : EIP-9698, un plan sur quatre ans pour augmenter de 100 fois le gas limit du réseau, et porter Ethereum à une vitesse théorique de 2 000 transactions par seconde. Une petite révolution technique… mais aussi stratégique.

Pourquoi Ethereum veut augmenter son gas limit de 100x

L’idée d’augmenter massivement le gas limit n’est pas née d’une lubie soudaine. Depuis plusieurs années, Ethereum est critiqué pour sa lenteur et ses coûts de transaction élevés, pendant que Solana ou d’autres chaînes rapides séduisent les utilisateurs en quête de fluidité. Avec l’EIP-9698, Ethereum cherche à inverser la tendance.

Concrètement, l’objectif est de faire passer le gas limit actuel de 36 millions à 3,6 milliards, permettant jusqu’à 6 000 transactions par bloc. À titre de comparaison, aujourd’hui Ethereum atteint péniblement 20 TPS dans les meilleurs cas ; après l’application de cette proposition, le réseau pourrait viser les 2 000 TPS, une véritable avancée. 

Selon Feist, le mécanisme actuel d’ajustement du gas limit, basé sur les votes des validateurs, « manque de coordination et de prévisibilité ». 

L’introduction d’une croissance exponentielle prédéfinie apporterait une trajectoire claire et adaptée aux progrès matériels et logiciels. Comme l’indique aussi un contributeur sur X : 

100x veut dire : 3.6B gas limit, 2 000 TPS, 6 000 transactions par bloc.

Comment fonctionne la proposition EIP-9698 de Dankrad Feist

Le principe d’EIP-9698 repose sur un automatisme intégré dans les clients Ethereum. À partir de l’epoch 369017 (environ le 1er juin 2025), les clients voteront automatiquement pour augmenter très légèrement le gas limit à chaque nouvel epoch. 

La formule appliquée est simple : augmenter d’un facteur de 10 tous les 164 250 epochs (environ deux ans). Après deux cycles, soit quatre ans, le réseau aurait multiplié sa capacité par cent. Cette augmentation ne nécessite aucun changement de consensus, uniquement une modification du comportement par défaut des clients, ce qui garantit une compatibilité avec les anciens systèmes.

Dans son texte officiel, Feist explique : 

Ce modèle de croissance exponentielle garantit une augmentation progressive mais significative, permettant au réseau de s’adapter tout en visant des objectifs ambitieux de débit. 

Les utilisateurs ou opérateurs de nœuds conservent cependant la possibilité d’outrepasser cette configuration par une intervention manuelle.

Les risques et perspectives de cette montée en puissance

Même si l’initiative est séduisante, elle n’est pas sans dangers. Une croissance rapide du gas limit pourrait mettre à rude épreuve les nœuds moins optimisés et rallonger les temps de propagation des blocs sur le réseau. Un point que Feist reconnaît lui-même : 

Une rapide augmentation du gas limit pourrait stresser certains nœuds et allonger les temps de propagation, mais le calendrier exponentiel très progressif donne aux développeurs le temps d’adapter leurs logiciels. 

En parallèle, cette proposition arrive dans un climat où la stratégie Layer 2 d’Ethereum est régulièrement critiquée pour avoir fragmenté l’écosystème. Certains estiment que miser sur le L1 (la couche principale) au lieu d’empiler des solutions de seconde couche redonnerait de la lisibilité et de l’efficacité au réseau.

À noter que d’autres efforts sont en cours pour améliorer Ethereum à la base. Le Fusaka Hard Fork (prévu fin 2025) envisage déjà de quadrupler le gas limit, tandis que la mise à jour Pectra est attendue pour mai.

Face à ces évolutions majeures, l’écosystème Ethereum semble déterminé à rester compétitif face à Solana, Aptos ou encore des blockchains émergentes. EIP-9698 est un signal fort : Ethereum ne veut plus être simplement un terrain d’expérimentation, mais redevenir l’infrastructure de choix pour les utilisateurs du Web3.

Alors que le projet EIP-9698 pourrait transformer profondément Ethereum, une question demeure : ce plan audacieux de croissance par défaut saura-t-il éviter l’effet pervers de congestion ou d’effondrement technique ? Le futur du réseau pourrait bien se jouer au rythme de cette exponentielle qui pourrait se marier avec la réforme des frais demandée par la communauté.