la crypto pour tous
Rejoindre
A
A

Fin du règne du dollar ? L'euro a une carte historique à jouer

20h00 ▪ 6 min de lecture ▪ par Mikaia A.
S'informer Investissement

L’Europe a vu défiler les orages, les crises, les doutes. Mais rarement une fenêtre de tir aussi grande ne s’est ouverte. Depuis que les États-Unis de Donald Trump jouent à la roulette géopolitique avec les tarifs douaniers et enchaînent les provocations économiques, une faille se dessine dans l’armure du roi dollar. Et dans cette brèche, l’euro, souvent moqué pour ses hésitations, pourrait bien s’inviter à la table des grandes monnaies globales. Mieux encore, il pourrait bientôt s’y imposer.

Illustration d'un dollar assis sur le trône assistant à la montée de l'euro

En bref

  • Le dollar chute de 10 % depuis l’arrivée de Trump, l’euro en profite.
  • L’euro pourrait devenir référence mondiale si un actif refuge voit le jour.
  • L’Europe attire les capitaux, renforçant sa crédibilité sur les marchés.

Le dollar faiblit, l’euro se muscle

Depuis l’investiture de Donald Trump, le dollar ne brille plus autant. En avril, l’indice DXY – qui mesure la force du billet vert face aux devises majeures – a reculé de 10 %. Une véritable glissade, alimentée par les caprices politiques de la Maison Blanche et les critiques publiques contre la Réserve fédérale. 

L’Europe, grâce à sa stabilité et ses investissements, va profiter de la baisse du dollar.

Thierry Laborde de BNP Paribas.

Ce désamour pour le dollar pousse les investisseurs à revoir leurs cartes. Et devine qui est sur le point de sortir son as ? L’euro. La monnaie unique n’a jamais vraiment su tirer parti de son potentiel économique massif. Mais aujourd’hui, les cartes sont rebattues. Si l’Europe saisit l’instant, elle peut imposer sa monnaie comme pilier monétaire mondial.

Certes, tout n’est pas encore joué. L’euro manque encore d’un « safe asset », un actif refuge équivalent aux bons du Trésor américains. Ce Graal monétaire, utilisé comme collatéral universel, manque cruellement au Vieux Continent. Pourtant, les bases sont là : une Banque centrale européenne solide, un secteur bancaire de 34 000 milliards de dollars, 40 % plus massif que celui des États-Unis. Ce n’est pas rien.

Le rêve d’un actif refuge européen : mirage ou virage ?

Tout l’enjeu est là : l’euro peut-il devenir une monnaie de réserve sans un actif refuge digne de ce nom ? Jusqu’ici, les tentatives ont avorté : les « stability bonds » de 2011, les « ESBies » de 2018, ou même le programme post-Covid NextGenerationEU – tous ont pâti du manque de consensus politique. L’idée d’une dette mutualisée en zone euro reste taboue pour plusieurs capitales.

Mais les temps changent. Sous la pression d’une Amérique imprévisible, certains dogmes vacillent. L’Allemagne elle-même, longtemps chantre de l’orthodoxie budgétaire, a franchi un Rubicon en lançant un plan massif de défense et d’infrastructures financé par la dette. Et si ce n’était que le début ?

Comme le rappelait l’Institut des Libertés : 

Il y a eu beaucoup plus de dollars à vendre que d’euros à acheter. […] Et c’est pour ça que votre fille est muette, aurait dit Molière.

En clair, les flux s’inversent. L’euro monte, le dollar doute, le bitcoin persévère et le public, autrefois sceptique, commence à croire au potentiel d’une monnaie européenne forte, adossée à une politique économique plus intégrée.

Les spéculations vont bon train. Pour que l’euro s’impose, il faudra un choc. Et si ce choc venait non pas de la finance, mais de la politique ? Comme en 2020 avec le Covid, une crise peut parfois faire bouger les lignes plus vite qu’un sommet européen. Peut-être que Trump, en affaiblissant le dollar, rendra involontairement un fier service à la monnaie qu’il adore détester.

Capitaux, confiance et compétitivité : les signaux passent au vert

La confiance est contagieuse, surtout quand elle touche aux portefeuilles. Alors que Wall Street enregistre ses pires séances depuis deux ans, l’euro en profite. Non seulement la monnaie grimpe, mais les capitaux suivent. Les grands fonds rapatrient leurs avoirs d’Amérique pour les réinjecter sur le sol européen. 

C’est un jeu de dominos inversé : le déséquilibre d’un côté redonne du souffle à l’autre.

La conséquence ? Un euro qui flirte avec les sommets, un or qui brille comme jamais, et un pétrole qui grimpe, stimulé par les espoirs (illusoires ?) de trêve commerciale sino-américaine. Même les obligations européennes retrouvent des couleurs. Le rendement des Bunds allemands remonte doucement, preuve d’un regain d’intérêt pour les dettes souveraines du bloc.

Et dans ce grand remue-ménage, une question revient sans cesse : l’euro peut-il prendre la relève du dollar ? Pour DerivativesProFR, l’heure est peut-être venue : 

Les marchés mondiaux […] semblent avoir trouvé un nouvel équilibre. 

Une équation qui plaît aux investisseurs à la recherche de stabilité. Et quand le mot « stabilité » rime avec « Europe », c’est que quelque chose a changé.

En Bourse aussi, les signes ne trompent pas. À chaque crise de Wall Street, l’Europe a su parfois tirer son épingle du jeu. Ce fut le cas en 2001, en 2008 dans une moindre mesure, et aujourd’hui l’Histoire pourrait bégayer. La dernière chute du Nasdaq, combinée à la réévaluation de l’euro de plus de 11 % face au dollar, montre que les plaques tectoniques financières bougent. Alors oui, l’euro n’est pas encore le roi. Mais dans ce théâtre de l’économie mondiale, il pourrait bien décrocher un premier rôle. Et cette fois, sans doublure.

Maximisez votre expérience Cointribune avec notre programme 'Read to Earn' ! Pour chaque article que vous lisez, gagnez des points et accédez à des récompenses exclusives. Inscrivez-vous dès maintenant et commencez à cumuler des avantages.



Rejoindre le programme
A
A
Mikaia A. avatar
Mikaia A.

La révolution blockchain et crypto est en marche ! Et le jour où les impacts se feront ressentir sur l’économie la plus vulnérable de ce Monde, contre toute espérance, je dirai que j’y étais pour quelque chose

DISCLAIMER

Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.