FED - You can't tapper a ponzi
La FED a de nouveau rehaussé son taux directeur de 0.75 %, pesant en retour sur le bitcoin. Mais combien de temps encore Jérôme Powell va-t-il tenir ?
Powell veut du chômage
Le président de la FED a déclaré d’emblée que son « message principal n’a pas changé depuis Jackson Hole ». Jérôme Powell y avait déclaré qu’il fallait à tout prix contenir l’inflation.
Dit autrement, les taux continueront de remonter. Le but étant de ralentir l’augmentation de la masse monétaire, la croissance, la consommation et donc l’inflation.
Il semble « probable qu’une période prolongée de croissance inférieure à la tendance de long terme sera nécessaire pour réduire l’inflation », a-t-il déclaré. « Il n’existe pas de solution indolore pour réduire l’inflation. Nous avons besoin d’une augmentation du chômage. »
Il est ainsi surprenant d’entendre J. Powell marmonner « ne pas savoir quelle était la probabilité d’une récession ».
Certes, il est vrai que le PIB pourrait bien ne pas reculer. Mais seulement parce que le prix de toute chose aura augmenté. Dit autrement, le PIB réel, c’est-à-dire la quantité de choses véritablement consommées, aura baissé. Dit différemment encore, c’est une croissance de l’appauvrissement général…
Jusqu’où remonteront les taux ?
Cette conférence étant la dernière du trimestre, de nouvelles projections économiques ont été publiées.
Il en ressort notamment que l’ensemble des gouverneurs voient les taux remonter encore plus haut que ce qu’ils prévoyaient au trimestre précédent. Voici le fameux « dots plot » de la FED. Chaque point représente la prévision d’un de ses 19 gouverneurs :
Jérôme Powell a prévenu que ces projections ne représentent pas nécessairement « un plan ou un engagement ».
Néanmoins, soulignons qu’aucun gouverneur ne prévoit de monter le taux directeur au-dessus de 5 %. Par ailleurs, il est prévu que ce taux commence à redescendre dès 2024.
Et pour cause, selon les dernières données Congressional Budget Office (CBO), le gouvernement américain dépensera 400 milliards de dollars en paiements d’intérêts en 2022. Ce qui équivaut déjà à plus de « 8 % de toutes les recettes fédérales perçues. Soit 3 000 dollars par an et par ménage. »
« Si les taux d’emprunt continuent de monter, il en résultera une augmentation de la dette et des dépenses nécessaires au service de cette dette », peut-on lire dans ce rapport implacable.
Le CBO anticipe même une multiplication par trois du montant des intérêts payés sur la dette nationale d’ici une décennie. Ils passeront de près de 400 milliards de dollars pour 2022, à 1200 milliards par an en 2032. Autant d’argent qu’il faudra bien emprunter, ce qui aggravera la dette.
« Pour réduire la taille de la dette et le montant annuel des intérêts, les décideurs politiques doivent réduire les dépenses […] », est-il écrit.
Le CBO n’y croit pas une seule seconde et anticipe plutôt un déficit budgétaire de l’ordre de 16 000 milliards de dollars pour l’ensemble de la décennie à venir.
Autant de milliards que les banques devront bien imprimer… You can’t tapper a government ponzi…
Et le bilan de la FED ?
Au vu de ce déficit budgétaire immense en perspective, il est permis de douter que la FED maintiendra des taux élevés bien longtemps. Difficile également d’anticiper une réduction drastique de son bilan puisque cela revient à réduire la quantité d’argent détenue par les banques privées.
Et pourtant, le rythme de réduction mensuel du bilan (de près de 9 000 milliards $) va doubler à partir de ce mois-ci. 95 milliards de titres de dettes seront vendus chaque mois.
Toute la question est de savoir à partir de quand cette réduction du bilan fera dérailler les taux. La dernière fois, la FED a jeté l’éponge après une baisse de seulement 600 milliards…
Nous écrivions dans notre analyse Bitcoin récurrente du mardi :
« Wright s’attend donc à ce que le bilan de la Fed ne baisse qu’à environ 7 500 milliards de dollars d’ici à la fin de 2023, avant de recommencer à croître. ‘Mon hypothèse est que l’argent du QE [Quantitative Easing] ne sera jamais ré-aspiré par la FED’, a déclaré M. Wright. »
Gageons que la récession et la guerre obligeront très rapidement la FED et la BCE à faire marche arrière dans une poignée de mois. Plus rien ne pourra alors empêcher le Bitcoin de reprendre sa marche en avant.
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