Existe-t-il un cycle de 3,5 années sur les cryptos ?
Alors que la tendance baissière semble dépassée, les tweets et les réseaux sociaux se focalisent tous sur un fameux cycle… Les cryptomonnaies suivraient un cycle de 3,5 années. De fait, nous serions donc actuellement entrés dans le 5e cycle. Ce cycle comporterait deux phases : une phase de hausse de 2,5 années, et une phase de baisse de 1 an. Mais est-ce un cycle pertinent ? Et si oui, à quoi peut-on s’attendre ?
Un cycle unique
Tout d’abord, nous devons préciser que cette cyclicité n’est pas neutre. Par exemple, les cycles de 3,5 années sont les cycles principaux du Dow Jones. En économie, ils correspondent aussi aux cycles de l’économiste Joseph Kitchin (1861-1932). Ce dernier est l’auteur de l’ouvrage Cycles et tendances dans les facteurs économiques (1923). La légende raconte même que les cycles de Kitchin étaient déjà utilisés par Rothschild avant la Première Guerre mondiale. Ils sont ainsi appliqués après la Première Guerre mondiale par certains groupes d’investisseurs. Malgré la volatilité et la jeunesse des cryptomonnaies, ce cycle est donc avant tout lié à une analyse plus que centenaire !
Un cycle de 42 mois sur cryptos ?
Il pourrait effectivement ressortir que le cours des cryptomonnaies suit une logique régulière. Dans le tableau ci-dessous, nous avons identifié les différents points bas et points hauts du bitcoin (BTC).
Cycle N° | Creux | Sommet | Durée creux à creux | Performance creux à sommet |
1 | Novembre 2011* | Décembre 2013 | — | +968 % |
2 | Janvier 2015 | Décembre 2017 | 3,1 ans | +8 328 % |
3 | Décembre 2018 | Novembre 2021 | 3,9 ans | +1 961 % |
4 | Novembre 2022 ? | — | 3,9 ans | — |
MOYENNE | Novembre | Décembre | 3,6 ans | +3 752 % |
L’observation des simples dates de sommet et de creux du bitcoin nous amène à plusieurs conclusions.
- La durée moyenne entre deux creux majeurs du bitcoin (BTC) est de 3,6 ans. La durée de ces cycles tend plutôt vers 4 ans ces dernières années.
- Durant la phase de hausse, la durée moyenne est de 2,6 ans (2 ans pour le cycle 1 ; 2,9 ans pour le cycle 2 ; et 3 ans pour le cycle 3). Cette durée tend vers 3 ans ces dernières années.
- Pour la phase de baisse, la durée moyenne est de 1 an. Ces phases semblent d’une durée moins variable… La grande régularité des phases de baisses est un argument majeur.
En conséquence, en supposant que nos hypothèses seront valables à l’avenir, le prochain sommet serait autour de mi-2025. Cela concorde avec la cyclicité de nombreux autres actifs. Mais toutefois, nous devons préciser certaines conditions. Pour être valide, un marché haussier sur le bitcoin doit idéalement s’accompagner d’un sommet préalable de volatilité, et d’une politique monétaire plutôt accommodante.
La découverte du cycle de Kitchin
Ainsi, on ne peut pas véritablement anticiper un mouvement haussier sur le bitcoin (BTC) tant que les taux directeurs ne seront pas au moins stables.
Si l’existence d’un cycle de 3,5 à 3,6 ans est vraisemblable, cette hypothèse est renforcée par les théories économiques. En 1923, un économiste britannique du nom de Joseph Kitchin publie un article intitulé Cycles et tendances dans les facteurs économiques. Dès lors, Joseph Kitchin met en avant l’existence dans la dynamique économique d’un cycle de 40 à 42 mois. En outre, cela correspond à un cycle de 3,33 ans (40 mois / 12 mois).
Ces cycles de la dynamique économique sont suffisamment influents pour générer des cycles financiers. Ces cycles courts sont donc des cycles manifestement compatibles avec le système économique et financier dans son ensemble. Par conséquent, c’est une preuve supplémentaire que les cryptomonnaies sont une partie intégrante des interactions économiques.
La découverte que le cycle de Kitchin est applicable aux cryptomonnaies fait écho à des études précédentes. En 2021, nous sommes revenus sur les principaux cycles qui composaient le bitcoin (BTC). Parmi eux, on retrouvait un cycle de 1,2 an. Donc, en répétant ce cycle trois fois, cela forme un cycle de 3,6 ans. Deux cycles de 1,2 an forment aussi un cycle de 2,4 ans, et 4 cycles de 1,2 an en forment un principal de 4,8 ans.
Ainsi, il serait donc légitime d’observer, durant le premier des trois cycles de 1,2 an, une stagnation/reprise du cours du bitcoin. Le véritable marché haussier n’interviendrait que durant ce deuxième cycle. On insiste une fois de plus sur le fait que le cours du bitcoin ne peut pas se résumer à un simple cycle. Et qu’ainsi, des interactions plus grandes sont à prendre en compte.
Lien avec la bourse
De plus, le fait que les derniers cycles du bitcoin soient plutôt longs (3,9 ans) nous incite à la prudence. Malgré tout, l’existence d’un cycle de 3,6 ans est encore rendue plus probable par les cycles financiers eux-mêmes. En effet, le cycle principal du Dow Jones, la bourse américaine, est un cycle de 3,55 ans. L’exemple des performances du Dow Jones ces dernières années est à ce titre révélateur.
En 2018, le Dow Jones a chuté de plus de 5,6 %. En 2019 et 2020, le Dow Jones a performé de +22,34 % suivi de +7,25 %. En 2021, le Dow Jones a de nouveau marqué un nouveau sommet avec une hausse de plus de +18,7 %. On voit clairement ici la récurrence de ce cycle de plus de 3 ans.
Mais contrairement aux cryptomonnaies, le Dow Jones semble respecter, dans ses variations, une symétrie du cycle. C’est-à-dire que le cours du Dow Jones augmente beaucoup pendant 20 à 21 mois avant de ralentir, voir de chuter, pendant 20 à 21 mois. En 2021, nous écrivions dans notre article que « logiquement, les prochains sommets du cycle seraient 2021-2022, 2024-2025 ; et les prochains bas 2022-2023 et 2026-2027. Ce qui corrobore avec les cycles du bitcoin que nous pouvons exposer ci-dessous ».
Que dit l’analyse mathématique ?
Dans le graphique ci-dessous, on a représenté une partie du spectre harmonique du bitcoin. En effet, bien que cette analyse puisse paraître relativement compliquée, l’approche mathématique permet de confirmer (ou non) nos hypothèses. Ainsi, l’axe des ordonnées (magnitude) représente l’intensité du cycle de la fréquence en abscisse. En termes clairs, cette étude nous permet d’identifier les durées des principaux cycles.
Par ailleurs, les graduations en abscisses correspondent à des cycles de durées respectives de 500 jours, 250 jours, 125 jours, etc. Un cycle de 3,6 ans correspond à une durée (en jours) de 1 314 jours. On notera en outre la symbolique de ce chiffre (1 314 = Pi*100 +1000). Un cycle de 3,6 ans correspond donc à une fréquence de 0,000761 (1/1314). Sur le graphique ci-dessus, il s’agit approximativement du deuxième point. On en déduit donc en toute vraisemblance qu’il existe bien un cycle de trois ans et demi.
De plus, en considérant le spectre harmonique sur une étendue plus grande, on observe que les cycles majeurs du bitcoin sont compris entre quelques années et 50 jours. Au-delà, les cycles d’une durée de moins de 50 jours sur le bitcoin n’ont qu’une influence moindre.
L’anecdote historique
La légende raconte que l’utilisation du cycle de 40 à 42 mois dans la finance est bien plus ancienne que ne le laisse penser les publications historiques. D’après l’économiste américain Edward Dewey, qui a rédigé un livre très intéressant au sujet des cycles (Cycles: The Mysterious Forces that Trigger Events), l’utilisation de ces cycles remonte à Wall Street au tout début du XXe siècle.
Un groupe d’investisseurs aurait entendu parler que Rothschild utilisait un cycle de 40 mois pour prédire l’évolution du British Consols. En outre, les Consols étaient des obligations britanniques. Leur cotation était d’une grande importance. Non curieux de cette rumeur, ce groupe d’investisseurs aurait embauché un mathématicien pour déceler le véritable cycle convoité. Ils eurent le grand plaisir de découvrir effectivement un cycle de 41 mois.
Enfin, ce n’est que bien des années plus tard que les économistes et les universitaires se sont réellement penchés sur la question.
En conclusion
En conclusion, nous avons vu qu’il est très probable qu’un cycle d’une durée de 3,5 à 3,6 ans influence effectivement le cours du bitcoin. De fait, cette observation n’est pas seulement soutenue par des observations empiriques. L’approche mathématique, de même que l’approche économique et financière, confortent l’idée que le bitcoin n’est pas réellement libre de ses mouvements. Nous devons d’abord redire que les cycles de 40 à 42 mois (43 mois dans le cas du cycle de 3,6 ans) sont des cycles économiques.
Effectivement, ces cycles sont plus que centenaires dans l’analyse économique. Ils ont notamment été formalisés par l’économiste britannique Joseph Kitchin dans son œuvre Cycles et tendances dans les facteurs économiques (1923). On souligne donc ici le fait que ces cycles sont des cycles globaux relevant de logiques économiques et financières. Le fait d’observer de tels cycles sur le bitcoin ne rend pas seulement plus probable l’existence de ces cycles, cela rend aussi le bitcoin plus interdépendant.
Cependant, nous devons souligner que la durée de ces cycles a tendance à s’accroître ces dernières années. Et que par ailleurs, du fait du faible recul historique, on ne peut être complètement assuré par l’étude de ces cycles. On doit par exemple prendre en compte des cycles plus courts. C’est ainsi le cas des cycles de 1,2 an. Enfin, l’étude prospective semble confirmer que le bitcoin est dans une voie de stabilisation, et que le chemin à parcourir dans ce nouveau cycle s’annonce régulier. En théorie simple, le prochain sommet serait autour de 2025, mais cela ne nous renseigne pas pour savoir si les conditions de marché seront suffisamment propices à cette prédisposition temporelle.
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Auteur de plusieurs livres, rédacteur économique et financier sur plusieurs sites, je noue depuis de nombreuses années une véritable passion pour l'analyse et l'étude des marchés et de l'économie.
Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.