ETF Bitcoin : La tornade qui ébranle l'or comme pilier des valeurs refuges

Le retour en force du bitcoin, qui a récemment retrouvé le seuil symbolique de 1 000 milliards de dollars de capitalisation boursière, attise les convoitises et ravive la concurrence avec l’or. Porté par des entrées massives de capitaux dans les ETF bitcoin au comptant, le roi des cryptos pourrait damer le pion à l’or plus rapidement que prévu.

Un engouement inédit pour les ETF Bitcoin

Propulsée par un afflux massif de capitaux dans les ETF Bitcoin Spot américains, la capitalisation boursière du bitcoin a dépassé pour la première fois depuis novembre 2021 le cap symbolique des 1 000 milliards de dollars, le 14 février 2023. 

Portée par cet élan haussier, la reine des cryptos menace désormais la domination de l’or sur le marché des valeurs refuges, au risque de faire chuter le métal jaune sous la barre des 1 200 $.

En l’espace de quatre jours, pas moins de 2,2 milliards de dollars se sont engouffrés dans les ETF Bitcoin spot aux États-Unis, selon Thomas Fahrer, cofondateur de la plateforme de suivi Apollo. Un rythme d’accumulation nettement supérieur à celui observé dans les quatre semaines ayant suivi leur lancement en janvier 2023.

Interrogé par CNBC sur la capacité de ces fonds indiciels à répliquer fidèlement le cours du bitcoin, David LaValle, directeur mondial des ETF chez Grayscale Investments, s’est montré rassurant. 

« Le tracking a été vraiment remarquable. Nous avons vu les ETF Bitcoin faire un excellent travail pour se maintenir très fermement le long de la valeur liquidative et nous avons observé un profil de liquidité indicatif de ce que nous avions prévu », a indiqué le dirigeant.

Une menace grandissante pour la suprématie de l’or

Si l’arrivée des ETF au comptant s’est accompagnée de sorties de capitaux du Grayscale Bitcoin Trust (GBTC), son concurrent historique, David LaValle se veut serein. Avec 461 983 BTC sous gestion, GBTC domine encore largement le marché et affiche désormais une prime positive par rapport au cours du bitcoin.

Mais au-delà de la rivalité entre ETF Bitcoin, leur essor combiné pourrait surtout menacer à terme la prééminence de l’or sur le marché des valeurs refuges. Selon Checkmate Research, la capitalisation boursière du bitcoin atteint désormais 15 % de celle de l’ensemble des actifs monétaires sains.

Une tendance confirmée par les récents mouvements des investisseurs. Rien que depuis le début de 2024, les FNB (Fonds Négociés en Bourse) adossés au métal jaune ont enregistré des sorties nettes de 2,39 milliards de dollars, selon Bloomberg. À l’inverse, en un mois à peine, les ETF Bitcoin ont drainé plus de 4 milliards de dollars.

Bitcoin : future valeur refuge de référence ?

Bien que tous les flux entrants dans les ETF Bitcoin ne proviennent forcément pas des fonds or, cette divergence traduit un changement profond. À mesure que sa capitalisation boursière gonfle, le bitcoin s’impose comme une réserve de valeur crédible aux yeux des investisseurs, au point de menacer directement la domination millénaire de l’or.

Une transition qui pourrait s’opérer plus rapidement que prévu, selon Adam Back, PDG de Blockstream. Dans ce nouvel ordre monétaire naissant, la « relique barbare » tant décriée pourrait même voir son cours plonger sous les 1 200 dollars, selon Robert Kiyosaki, célèbre auteur du best-seller « Rich Dad Poor Dad ».

À l’heure où ces lignes sont écrites, le contrat à terme or s’échange à 2 005,90 dollars tandis que le bitcoin vient de dépasser les 52 000 dollars pour la première fois depuis mi-janvier. Certes, à 52 000 $, la crypto phare reste loin de son record historique à 69 000 $. Pour autant, l’appétit des investisseurs semble intact. Même auprès des institutionnels, comme le révèlent les entrées massives dans les ETF.

Preuve supplémentaire de son statut grandissant de valeur refuge, le bitcoin surperforme désormais l’or. Sur les 30 derniers jours, il a gagné 35 % contre seulement 2 % pour le métal précieux. Mais jusqu’où le roi des cryptos est-il capable de s’envoler ? La course folle vers la lune ne fait peut-être que commencer.