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En attendant l’hyperbitcoinisation, qu’adviendra-t-il au trilemme de la blockchain?

dim 05 Fév 2023 ▪ 15 min de lecture ▪ par Guellord M.

Les années suivant sa création, le bitcoin avait pour défi majeur de prouver au monde qu’il était une alternative crédible à la finance décentralisée. Ce fut un pari gagné. Le BTC a su démontrer sa capacité à suppléer aux monnaies fiduciaires. Le défi pour la décennie en cours est de faire de lui la monnaie mondiale. On parle de « l’hyperbitcoinisation ». Mais, si cet objectif est atteint, la blockchain de Bitcoin doit être adaptée afin de gérer plusieurs transactions par seconde. On parle de l’évolutivité de la blockchain. Cependant, suivant la conception fondamentale d’un réseau décentralisé ; l’évolutivité croissante tend à mettre mal sa décentralisation ou sa sécurité. Cette difficulté à atteindre à la fois un haut niveau de scalabilité, de décentralisation et de sécurité est appelé « le trilemme de la blockchain ». Or Si on souhaite atteindre l’hyperbitcoinisation, la scalabilité est en effet problématique. 

bitcoin

L’hyperbitcoinisationisation attendue d’ici 2030?

De nombreux experts soutiennent que le bitcoin est sur la bonne voie pour devenir une réserve de valeur mondiale. Les plus optimistes dans le secteur affirment que la monnaie deviendra incontournable dans les deux prochaines décennies. S’ils sont si sûrs d’eux, c’est parce qu’ils estiment que l’adoption massive du bitcoin faciliterait un commerce plus fluide et un meilleur accès financier pour ceux qui en sont actuellement exclus et que le monde ne tardera pas à le réaliser. Sur la base de nombreux scénarios, ces experts pensent que le bitcoin connaîtra une adoption généralisée et mondiale. Celle-ci lui permettra d’éclipser les monnaies Fiat telles que le dollar, l’euro etc et devenir la monnaie mondiale dominante. Les initiés de la cryptosphère nomment ce phénomène tant attendu « hyperbitcoinisation ». 

L’hyperbitcoinisation qu’est ce et par quoi serait-il favoriser?

Dans la finance décentralisée, l’hyperbitcoinisation représente un changement fondamental pour notre monde que les experts lui proposent de nombreuses définitions. L’une d’entre elles stipule que l’hyperbitcoinisationisation est le point d’inflexion auquel Bitcoin devient le système de valeurs par défaut du monde. En d’autres termes, l’hyperbitcoinisation désigne l’adoption massive du bitcoin au point de faire de lui la forme de monnaie dominante dans le monde. Pendant ce temps, les gens accorderont plus de valeur au bitcoin qu’à la monnaie fiduciaire ou aux métaux précieux.

Bien que le bitcoin ait encore du chemin à faire, de plus en plus d’individus réalisent les avantages d’un système de transaction de valeur numérique, sans frontières et résistant à la censure. En effet, les acteurs de l’écosystème misent sur une masse d’utilisateurs afin d’alimenter la démonétisation de la monnaie et le remplacement des institutions financières et des puissances mondiales enracinées par un système public plus équitable et ouvert à tous. En outre, l’hyperinflation et l’idée d’une monnaie mondiale unique sont deux éléments qui pourraient également favoriser l’hyperbitcoinisation. 

L’hyperinflation favorise le bitcoin

Les experts financiers se résolvent-ils à indexer les pays tels que le Venezuela, la Turquie ou encore l’Iran pour masquer la crise économique que traverse le monde ? En réalité, c’est la quasi-totalité des pays du monde qui traversent de nombreuses crises économiques persistantes. Durant la dernière décennie, tous les pays ont souffert d’un niveau d’inflation élevé mis à nu par la crise liée à la covid-19. Les conséquences sont dévastatrices. Pour se mettre à l’abri de cette hyperinflation, les populations n’ont de choix que de se tourner vers le bitcoin comme réserve de valeurs et moyen d’échange. 

Les cas sont légion. L’exemple le plus parlant est celui de l’Argentine qui tente de juguler l’inflation dans le pays par la création d’une monnaie commune avec le Brésil. En effet, vers les années 1990, le peso argentin était indexé sur le dollar américain. C’est-a-dire, le gouvernement argentin garantissait que n’importe qui pouvait échanger un peso argentin contre un dollar américain. Ainsi, avec 1 000 pesos argentins, il était possible qu’on vous remette 1 000 dollars américains dans n’importe quelle banque. Cependant, en 2001, l’arrimage était devenu insoutenable. En conséquence, le taux de change est entré en chute libre. Le peso argentin a perdu plus de 75% de sa valeur d’une journée à une autre. 

Ces nombreuses crises économiques couplées d’une d’une inflation galopante accroissent la possibilité que le bitcoin devient la monnaie dominante. Cette position est partagée par de nombreux acteurs du secteur de la cryptomonnaie tels que le cofondateur d’Apple Steve Wozniak et Jack Dorsey l’ex-PDG de la plateforme Twitter. 

L’idée d’une monnaie mondiale unique en faveur de l’hyperbitcoinisatiom

L’idée selon laquelle le monde devrait disposer d’une monnaie mondiale unique est un autre facteur qui favoriserait l’hyperbitcoinisation. Les experts de la finance estiment qu’une monnaie mondiale unique résoudrait les problèmes liés au marché des changes et aux frais de conversion. Les pays n’auraient plus de barrière monétaire et pourraient commercer plus librement. Cela améliorerait et augmenterait le commerce international. Cette idée n’est pas tout à fait nouvelle. 

Lors des accords de Bretton Woods, l’économiste britannique John Maynard Keynes a proposé la création d’une monnaie internationale appelée le bancor. Celle-ci était fixée par un panier de devises fortes des pays industrialisés. Malheureusement, sa proposition n’a pas été acceptée, mais son idée s’est poursuivie à travers des générations d’économistes.

Plus tard, en 1969, le FMI a mis en place des droits de tirage spéciaux (DTS) basés sur un panier de devises principales. Cependant, le DTS n’est pas une monnaie au sens classique. Elle n’est utilisée que par les organisations internationales et sert de réserve de valeurs internationales. Bien que ce système semble tenir, elle exclut malheureusement les populations et les entreprises. C’est à ce niveau que le bitcoin entre en jeu. 

Étant décentralisé et ouvert à tous, l’hyperbitcoinisation favoriserait la croissance d’une économie circulaire du bitcoin qui n’exclurait personne. Ce phénomène résoudrait l’inflation et la convertibilité. Partout dans le monde, 1 BTC vaudra 1 BTC et plus personne n’aura besoin de l’échanger ou le vendre. Les biens et services seront échangés et offerts contre le BTC. L’avenir d’une économie déflationniste. Mais le trilemme de la blockchain risque d’être un véritable défi pour ce point d’inflexion.

Qu’est-ce que le trilemme de la blockchain  ? 

Le terme a été créé par Vitalik Buterin, le fondateur de l’Ethereum (ETH). En référence à un « dilemme », choix basé sur deux options toutes nécessaires, ce « trilemme » montre les trois grands axes de développements que peuvent emprunter les cryptoactifs.

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Pour comprendre ce qu’est le trilemme de la blockchain, il est important de savoir ce qu’est la blockchain. En termes simples, une blockchain est un registre numérique distribué dans laquelle les informations sont ajoutées par bloc suivant un ordre chronologique. Les blockchains décentralisées ne peuvent gérer qu’un nombre limité de transactions par seconde. Celle de Bitcoin, par exemple, ne peut traiter qu’environ sept transactions par seconde. 

Dans l’hypothèse que le bitcoin devient la monnaie mondiale dominante, sa blockchain doit être adaptée à l’échelle mondiale. En effet, Bitcoin devrait être à mesure de gérer beaucoup plus de données et à des vitesses plus rapides afin que plusieurs personnes puissent utiliser le réseau sans qu’il devienne trop lent et trop coûteux. Mais, comme déjà dit, l’évolutivité croissante d’une blockchain tend à affaiblir sa décentralisation ou sa sécurité. C’est la difficulté à choisir entre ces trois éléments capitaux: évolutivité, décentralisation et sécurité qu’on appelle le trilemme de la blockchain. Mais pourquoi ce trilemme existe ?

Pourquoi le trilemme de la blockchain existe?

Par définition, la blockchain est une base de données décentralisée, immuable et ouverte à tout le monde. Mais, peu importe à quel point une blockchain est décentralisée, si elle manque de sécurité, elle ne sert à rien. Un bon réseau blockchain doit être résistant aux attaques d’entités malveillantes. En effet, les systèmes centralisés sont sécurisés du fait qu’ils sont fermés. Celui qui les contrôle veille à ce que les données ne soient pas piratées. Mais comment atteindre ce même objectif dans un système où tout le monde peut participer ?

Le PoW à la base du trilemme de la blockchain ?

La blockchain Bitcoin, par exemple, utilise un algorithme de consensus réseau appelé Proof of Work (PoW). Pour faire simple, retenez que chaque bloc possède une sorte de signature numérique ( hash ). Il est ensuite connecté d’une manière qui ne peut pas être altérée. Ainsi, toute tentative de modification de données modifierait le hachage d’un bloc et serait rapidement identifiée par le reste du réseau. C’est ainsi que le réseau est sécurisé. 

Ce processus peu complexe nécessite que de nombreuses machines spécifiques de minage exécutent de nombreuses fonctions de hachage. Cela joue sur la question de l’évolutivité du réseau, car le mécanisme PoW est sécurisé, mais relativement lent. Notez que plus le nombre de participants est élevé, plus il devient difficile pour un mauvais acteur de prendre le contrôle du système. En bref, la sécurité est une exigence fondamentale pour qu’une blockchain réussisse parce que sans elle, les pirates peuvent prendre le contrôle de la chaîne.

Cependant, cette multiplication de nœud rend la blockchain lente et incapable de prendre en charge de plus en plus de transactions par seconde. C’est le problème de l’évolutivité. C’est là que la de blockchain de Bitcoin a encore du mal. Or, si l’hyperbitcoinisation devrait avoir lieu, il est nécessaire que sa blockchain soit à mesure de servir éventuellement des milliards d’utilisateurs. Dans ce cas, en donnant la priorité à la décentralisation et à la sécurité, l’évolutivité devient un défi. La solution la plus évidente à ce problème consiste à réduire le nombre de mineurs en échange d’une plus grande échelle et d’une plus grande vitesse. Mais cela conduirait à un affaiblissement de la décentralisation. Cela conduirait également à un affaiblissement de la sécurité, car moins de nœuds élève le risque d’attaques.

Résoudre le trilemme de la blockchain afin de favoriser l’hyperbitcoinisation 

En effet, les propriétés souhaitées d’une blockchain, dont la décentralisation et la sécurité, rend difficile sa mise à l’échelle. L’augmentation de l’un entraîne l’affaiblissement de l’autre et vis versa. Le trilemme consiste donc à trouver comment arriver à l’évolutivité sans nuire à la décentralisation, à la sécurité ou aux deux. Bien qu’il n’existe pas de solution magique, certains développeurs ont suggéré quelques approches. 

1. Le Sharding ou méthode de Partage

Il s’agit d’une méthode de fractionnement des chaînes de blocs en de plus petites chaines qui gèrent des segments de données spécifiques. Cette configuration élimine le problème de vitesse que peut rencontrer une chaîne unique traitant de toutes les transactions et interactions sur un réseau. Chaque blockchain partitionnée est connue sous le nom de shard et possède son registre spécifique. Ces fragments peuvent alors traiter leurs propres transactions. Ainsi la blockchain, balise ou une chaîne principale, gère les interactions entre les fragments. Cela fait du partage une mise à niveau de l’évolutivité du réseau de couche 1, car il s’agit d’une modification du réseau principal d’une blockchain.

2. Changer de mécanisme de consesus 

La plupart des développeurs s’accordent au fait que le réseau Bitcoin connaît le trilemme à cause du fonctionnement du PoW qui assure sa sécurité. En effet, l’utilisation par les mineurs d’énormes quantités de puissance de calcul conduit à un système, certes, sécurisé, mais lent. Ainsi, le changement de protocole semble être une approche pour résoudre le trilemme. C’est l’une des raisons pour lesquelles la blockchain Ethereum est passée de Proof of Work (PoW) à Proof of Stake (PoS).  En effet, pour le protocole PoS, les participants impliqués dans la validation des transactions doivent simplement miser ou verrouiller leurs jetons. Ils n’ont pas besoin de machines minières spécialisées. Le Proof of Stack n’est qu’une des nombreuses approches différentes des mécanismes de consensus permettant l’évolutivité. 

3. La solutions de couche 2

Le Sharding et les différents mécanismes de consensus sont ce que l’on appelle des solutions de couche 1. Ils cherchent à modifier la conception fondamentale du réseau sous-jacent. En outre, d’autres développeurs ont travaillé sur des solutions qui s’appuient sur une structure de réseau existante. En d’autres termes, ils pensent que la réponse se trouve dans une deuxième couche, ou couche 2. Par exemple, les sidechains ou de canaux d’État

En effet, une sidechain est essentiellement une blockchain séparée connectée à la chaîne principale. Il est configuré de manière que les actifs puissent circuler librement entre les deux. Notez qu’une sidechain peut fonctionner selon différentes règles, permettant ainsi une plus grande vitesse et une plus grande échelle. De même, les canaux d’État sont un autre moyen de retirer les transactions de la chaîne principale et d’alléger la pression sur la couche 1. Un canal d’État utilise un contrat intelligent, plutôt qu’une chaîne distincte. Cella permet aux utilisateurs d’interagir les uns avec les autres sans publier leurs transactions sur la blockchain. La blockchain n’enregistre que le début et la fin du canal.

De tout ce qui précède, le développement de la blockchain de Bitcoin n’est encore qu’à ses débuts. Il est ce jour évident que le bitcoin est bénéfique pour tout le monde. Malgré cela, il est cependant difficile de dire quand l’hyperbitcoinisation se produira. En attendant, les gouvernements peuvent encore tenter d’arrêter le bitcoin ou peuvent décider de rejoindre le mouvement. Il est possible que les institutions se convertissent à l’économie basée sur le bitcoin à mesure que l’adoption se développe. Avec les nombreuses propositions de résolution du trilemme de la blockchain et les multiples efforts de démocratisation, il y a de moins en moins de doute que le bitcoin devient la monnaie mondiale dominante.  

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Guellord M.

Internationaliste de formation et militant écolo, j’entre dans l’univers crypto car attiré par son côté intriguant et fascinant. Depuis fin 2020, je m’y investis chaque jour parce que je reste convaincu que les cryptomonnaies et sa technologie blockchain représentent une alternative monétaire du future et une technologie indispensable dans ce monde menacé des multiples crises.

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