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Elon Musk veut faire venir des millions d'indiens

mar 31 Déc 2024 ▪ 7 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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Elon Musk vient de retourner sa veste sur le sujet de l’immigration. Il vient de s’engager dans une bataille publique pour défendre les visas H1-B. Le milliardaire, pourtant figure de proue du mouvement conservateur, affirme désormais avec véhémence que ces visas sont « essentiels pour que l’Amérique continue de gagner ».

elon musk veut plus d'immigrés indiens

Le revirement de Musk sur l’immigration

Cette position a déclenché une véritable guerre civile au sein du mouvement conservateur. Face aux critiques, Musk a réagi avec virulence, allant jusqu’à déclarer qu’il « partirait en guerre sur cette question d’une manière que vous ne pouvez pas comprendre ». Pour justifier sa position, il rappelle que sa propre présence aux États-Unis, ainsi que celle de nombreux talents clés de SpaceX et Tesla, est due au programme H1-B.

Donald Trump lui-même semble s’aligner sur cette position, déclarant au New York Post être « un fervent partisan des visas H1-B » qu’il utilise largement dans ses propres entreprises. Ce soutien inattendu de deux figures majeures du mouvement MAGA a provoqué la colère des conservateurs traditionnels comme Steve Bannon, qui accuse Musk de trahir les travailleurs américains.

Cette controverse illustre parfaitement l’analyse de Curtis Yarvin, (un penseur américain de la tech) sur les motivations réelles derrière l’immigration qualifiée : une alliance entre les intérêts des grandes entreprises et une certaine vision technocratique de l’excellence.

La droite se divise suite aux positions de Musk

Sa réflexion intervient dans un contexte tendu, alors que la droite américaine se déchire sur la question des visas indiens et que l’intelligence artificielle menace de bouleverser le marché du travail.

La récente victoire électorale de la « Nouvelle Droite » américaine n’aura pas suffi à maintenir l’unité du mouvement. Le débat sur les visas indiens creuse un fossé profond entre les rationalistes et les traditionalistes du mouvement. Pour Yarvin, cette division illustre les limites du cadre libéral traditionnel dans lequel les deux camps restent enfermés.

« Le libéralisme tel que nous le connaissons n’a que 250 ans », rappelle-t-il, « une durée de vie plus courte que certaines dynasties chinoises ».

L’État comme une entreprise souveraine

Yarvin propose une vision radicalement différente de l’État moderne. Pour lui, le gouvernement devrait être considéré comme une entreprise souveraine, propriétaire de son territoire et de sa population. Cette approche tranche avec la vision libérale traditionnelle où l’État existe pour servir ses citoyens.

« L’État possède ses sujets », affirme-t-il sans détour, reconnaissant le caractère choquant de cette position pour la pensée moderne. Il estime cette vision plus proche de celle de Platon que du libéralisme actuel. Pour lui, la nation est le peuple, et l’État en est le propriétaire légitime – des terres, des structures et des personnes.

Cette propriété implique une domination exclusive. Si certaines branches de l’État peuvent parfois protéger le sujet d’autres branches, l’État dans son ensemble peut faire ce qu’il veut de n’importe lequel de ses sujets. C’est là, selon Yarvin, la définition même de la souveraineté.

L’Etat doit prendre soin de son capital humain national ?

Pour Yarvin, l’objectif d’un État ne devrait pas être de maximiser le PIB, mais d’optimiser la valeur de son capital humain. Il compare la situation actuelle des États-Unis à « une voiture de location dont personne ne change l’huile ».

Cette vision implique que l’État doit protéger et développer son capital humain. Il est responsable de son appréciation ou de sa dépréciation. En effet, le travail, particulièrement le travail complexe et stimulant qui pousse les limites d’un métier ou d’une compétence, est ce qui rend les êtres humains plus précieux.

Une critique de l’immigration qualifiée

La position de Yarvin sur l’immigration qualifiée s’oppose frontalement à celle de son ami Elon Musk. Il considère que le programme de visas H1-B est un « pansement » qui masque l’incapacité américaine à développer son propre capital humain.

« Nous pompons toute l’énergie d’appréciation dans ces H1-B, qui sont des actifs humains d’un autre gouvernement, pendant que notre propre capital humain pourrit sur le canapé », dénonce-t-il. Cette approche, selon lui, nuit aux travailleurs américains qui se retrouvent sous-employés pendant que les entreprises importent des talents étrangers.

Il souligne également l’absurdité de la situation où un pays du tiers monde perd ses talents les plus précieux alors qu’il en a bien plus besoin que les États-Unis.

Les motivations derrière l’immigration

Yarvin identifie deux motivations principales derrière la politique migratoire : les bénéfices des entreprises et l’ambition politique. Dans le meilleur des cas, c’est un moyen pour les entreprises d’économiser de l’argent en utilisant une main-d’œuvre étrangère moins chère. Dans le pire des cas, c’est un projet visant à donner le pouvoir à une petite oligarchie « méritocratique » sur l’ensemble de la société.

Il suggère que les entreprises devraient réaliser qu’elles peuvent toujours gagner en étant les meilleures, tant que leurs concurrents doivent également utiliser la main-d’œuvre nationale. Quant à l’oligarchie, sa suggestion provocante est qu’elle « devrait être déportée sur Mars ».

L’IA : une immigration extraterrestre

Yarvin conclut par un avertissement sur l’intelligence artificielle, qu’il compare à une « immigration extraterrestre ». Dans cinq à dix ans, prévient-il, l’IA pourrait rendre obsolète une grande partie de la main-d’œuvre, y compris qualifiée.

« C’est un plus grand destructeur de la demande de main-d’œuvre que la machine à tisser et la machine à vapeur réunies », affirme-t-il. L’IA détruira la demande d’êtres humains dans le monde développé, le monde en développement, et probablement même sur Mars.

Face à ce défi, il propose une solution radicale : restreindre délibérément la technologie pour maintenir la demande de travail humain de qualité.

Vers une révolution anti-tech ?

L’alternative à cette restriction technologique serait, selon Yarvin, un « communisme luxueux entièrement automatisé » où l’absence totale de sens provoquerait un effondrement moral puis politique de l’humanité.

Cet effondrement politique pourrait mener à un suicide civilisationnel, “une subjugation par les barbares, et un retour à des niveaux technologiques pré-industriels”.

La réflexion de Yarvin met en lumière les défis majeurs auxquels font face les sociétés modernes : comment gérer le capital humain dans un monde globalisé et où les machines sont en train de remplacer l’homme dans l’ensemble des activités à forte valeur ajoutée.

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Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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