Découvrez l'aventure de ces dealers de bitcoin (Interview)
Nous continuons la balade au cœur de l’écosystème crypto Africain. Après l’entretien avec un banquier désormais bitcoiner, nous sommes partis à la rencontre de deux jeunes dealers. Pas de drogue dans cette histoire mais du bitcoin (BTC). Comment et pourquoi une telle activité est possible? Attachez-vous, on voit ça de près avec nos deux invités.
Préambule
Christian Kamwina et Eldad Kanawa sont tous deux Congolais (RDC). Le premier, 27 ans, est né dans la capitale, Kinshasa. Il est à la tête de Ndonge, une startup qui permet d’acheter et vendre du bitcoin (BTC).
Le deuxième, Eldad (22 ans), est originaire de la riche province du Katanga, au sud-Est du pays. Actuellement il réside à Kampala (Ouganda) où il poursuit ses études en Cyber Sécurité. A côté des études, Eldad fait son activité de dealer du bitcoin.
Les dealers du bitcoin
Nos invités ont été contactés séparément. Leur crypto-aventure est curieusement similaire. Christian a entendu parler de bitcoin en 2017 avant de découvrir son potentiel un peu plus tard.
A l’époque j’étais concentré sur le marketing relationnel. C’est en 2018 que je me suis consacré à la compréhension du bitcoin. J’ai rapidement découvert son potentiel.
Christian Kamwina
De l’autre côté on a un jeune homme qui a été séduit par les promesses d’une rentabilité folle. A la recherche de la « liberté financière », Eldad s’est tenté au forex, est passé par une « arnaque au shitcoin » avant de retomber sur bitcoin.
Un pote m’a proposé des signaux sur le forex. Il a promis que ça allait être rentable mais rien n’a marché. Il m’a ensuite embarqué dans onyxcoin, un projet crypto africain. J’en ai acheté avec la conviction de faire un x10 lors du listing (rires). On connais tous la suite. C’est après que j’ai décidé d’apprendre pour ne plus tomber dans le panneau.
Eldad Kanawa
Force est de constater que tous les deux sont passés par des chemins différents avant de finir dealer de bitcoin. Comme pour la drogue, il s’agit de marchander et faire passer des bitcoins d’une main à une autre en échange de petites commissions sur chaque transaction.
« c’est simple. Je recevais l’argent des tiers sur mes comptes mobile money en échange de l’équivalent en bitcoin moins une petite commission. Plusieurs personnes recouraient à mes services plutôt qu’aux exchanges. Ces derniers présentaient des contraintes auxquelles il n’était pas facile de se plier. » – commente Christian Kamwina.
Du côté d’Eldad l’aventure n’est pas si différente. Son quotidien en dehors de « la fac » tourne autour de la vente et l’achat des cryptos.
« Avec mes petites compétences en photoshop, je fais des designs. Je les poste sur les réseaux sociaux avec l’aide de quelques amis. Après, les clients me joignent. Avec le temps il faut gagner leur confiance car 90% des transactions se passent sans contact physique. »
Ce n’est pas tout, en plus de ses deals Eldad se livre personnellement à des activité d’investissement crypto.
« Je suis également un holder du bitcoin. Quelques altcoins m’interessent. Il m’arrive aussi de faire quelques trades.«
Kyc, moyens de paiement et liste noire: ces freins à l’adoption du bitcoin
Si Christian et Eldad se sont transformé en dealers c’est parce qu’il y a une demande en face. La RDC est un pays « blacklisté » au même titre que le Yemen, la Syrie ou encore l’Afganisthan.
La plupart de brokers dénient l’accès aux utilisateurs congolais. Les rares qui les acceptent imposent un processus KYC kilométrique.
Eldad Kanawa.
En effet, l’activisme terroriste présent dans le pays alimente la méfiance des plateformes crypto.
Au mieux elles acceptent les utilisateurs du pays en imposant une procédure KYC (Know Your Customer) inaccessible à la majorité.
La procédure consiste souvent à exiger de l’utilisateur un selfie avec ses pièces d’identité. Le passeport est la plupart de fois demandé. Ce n’est donc pas gagné quand on sait que la RDC est l’un des pays avec un passeport plus cher au monde.
Cependant, la carte d’électeur congolaise joue le rôle de pièce d’identité. Elle n’est malheureusement proposée par aucune plateforme.
Ce n’est pas tout, Christian soulève un autre problème. Il est cette fois lié aux moyens de paiement locaux. La plupart ne sont pas intégrés par les courtiers les plus connus.
« Les moyens de paiements posent également problème. La plupart de
Congolais ne disposent pas d’un compte bancaire. La plupart de plateformes ne sont donc pas adaptées à la réalité congolaise.« – conclut-il.
Des plateformes 100% congolaises
Nos deux dealers ont se sont décidés d’apporter des solutions à un problème réel vécu par les bitcoiners congolais.
Aujourd’hui, Christian a arrêté de faire ses deals. Depuis aout 2019 il a lancé Ndonge, un site permettant l’achat et la vente du bitcoin par les moyens de paiement locaux. Une carte d’électeur suffit pour passer un Kyc. La plateforme révendique aujourd’hui un peu plus de 14 000 utilisateurs.
Eldad quant à lui compte lancer fiatobtc au courant de ce mois. « Les fonctionnalités principales sont : la vente, l’achat et le swap de cryptomonnaies. Cependant, d’autres fonctionnalités seront implémentées au fur et à mesure que nous allons progresser. Je ne peux pas révéler les détails pour l’instant. »- nous a-t-il confié.
Voilà la petite histoire de nos dealers du bitcoin. Elle rappelle que la résistance à la censure du bitcoin ne provient pas uniquement de son protocole. La reine des cryptos est soutenue par une communauté résistante aux interdictions.
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Salut, c’est Gloire. En 2014 j’ai entendu parler de bitcoin à la télé avant de m’intéresser du sujet fin 2017. Depuis, chaque jour j’apprends à le comprendre tout en partageant mes petites découvertes avec la communauté.
Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.