Cryptomonnaies : Cap sur la cryptophobie

Les cryptomonnaies ne font pas que des enthousiastes. Lorsque plusieurs prix Nobel d’Économie tels que Joseph Stiglitz, Paul Krugman et Robert Shiller, et des magnats de la finance comme Warren Buffett fustigent les cryptomonnaies et se déclarent ouvertement anti-crypto, il est compréhensible de faire face à une méfiance ambiante de la masse.

La cryptophobie s’organise

Les crypto-sceptiques ou anti-crypto ont même créé un évènement récemment. Le coup d’envoi de la première conférence anti-cryptomonnaie, le Crypto Policy Symposium, a été donné le 05 septembre à Londres. Des experts en tous genres ainsi que des journalistes se sont proposés de faire une analyse critique et pluridisciplinaire de la cryptosphère.

Si l’innovation technologique émanant des cryptomonnaies fait l’unanimité, ce n’est pas le cas de leur valeur ajoutée. Cette dernière est vivement contestée, d’aucuns les apparentant même à une pyramide de Ponzi.

Les amateurs de cryptomonnaies connaissent bien cette stigmatisation dont ils ont fait l’expérience un jour ou l’autre. Justine, 30 ans, investisseuse en cryptomonnaies depuis 3 ans indique éviter désormais le sujet avec ses proches, car dit-elle :  « vivre la cryptophobie, c’est accepter d’être incompris par le plus grand nombre. Face à la méconnaissance, la frustration arrive souvent à prendre le dessus ». Yann, 28 ans, se considère quant à lui comme un crypto-évangéliste après 4 ans d’investissements dans les actifs numériques. Il affirme avoir une tout autre approche qui est axée sur la pédagogie et l’information. Il relève volontiers le challenge de s’exprimer sur le sujet en des termes simples et accessibles lorsqu’il rencontre un public moins informé.

De la cryptophobie au cryptobanking

Les sceptiques des cryptomonnaies les opposent très souvent à la finance traditionnelle. Toutefois, que l’on veuille le reconnaitre ou non, la cryptophobie perd du terrain. Les banques internationales qui affichaient une opposition virulente face aux cryptomonnaies en sont désormais les ferventes partisanes, si bien qu’on parle désormais de cryptobanking.

Le constat de la demande croissante d’une clientèle friande d’actifs numériques a fait l’écho auprès de certaines banques. Ces dernières, pour la plupart américaines, ont fait le choix de ne pas rester silencieuses. C’est le cas de JP Morgan, qui dispose de sa propre crypto, le JPM Coin. En outre, elle est la première banque à rejoindre une plateforme metaverse : Decentraland. Goldman Sachs quant à elle mise sur le bitcoin (BTC). Cette banque offre des services de prêts garantis en bitcoins en partenariat avec Coinbase. Avec la britannique Barclays et des fonds d’investissement, Goldman Sachs a récemment injecté 70 millions de dollars au sein d’Elwood Technologies, spécialiste du trading des cryptomonnaies. Ainsi, le continent européen n’est pas en reste. En effet, BNP Paribas a rejoint cette année la blockchain de JP Morgan nommée Onyx afin d’effectuer des prêts d’actifs à court terme.

Contrairement à ce que l’on semble croire, le monde de la finance traditionnelle s’active encore plus autour de la DeFi (Decentralized Finance), qui présente une opportunité de réduction de coûts des transactions, car s’effectuant sans intermédiaires.

Les cryptomonnaies posent la question d’une nouvelle ère économique, loin des schémas classiques connus du passé. Les systèmes monétaires dans leur historique ont toujours muté. Bien que le sujet divise, on ne peut ignorer que les actifs numériques sont ancrés dans le contexte technologique actuel.