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Crypto : Worldcoin revendique 10 millions d’utilisateurs vérifiés

7h00 ▪ 7 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
S'informer Cybersécurité

L’intelligence artificielle progresse à une vitesse rapide, ce qui rend la distinction entre humains et machines de plus en plus difficile. Face à cette évolution, Worldcoin, désormais rebaptisé World, ambitionne d’établir une preuve d’humanité universelle grâce à un système d’identification biométrique basé sur la reconnaissance de l’iris. L’entreprise vient d’annoncer avoir dépassé le cap des 10 millions d’utilisateurs vérifiés, un jalon qui témoigne de son adoption massive et qui attise une controverse croissante. En effet, le projet repose sur un réseau d’orbes chargés de scanner les données oculaires des utilisateurs afin de leur attribuer une identité numérique infalsifiable. Selon ses créateurs, cette technologie permettrait de sécuriser les interactions numériques et de garantir que seuls de véritables humains accèdent aux services en ligne. Pourtant, plusieurs gouvernements et autorités de protection des données s’inquiètent des dérives potentielles de ce modèle. Entre promesse technologique et résistances réglementaires, Worldcoin s’insère dans un débat sur l’identité numérique et la gouvernance des données personnelles. Son succès ou son échec pourrait façonner l’avenir de l’authentification en ligne dans un monde où l’IA remet en question les fondements de la confiance numérique.

La vérification biométrique massive de Worldcoin, avec une file d'attente futuriste et un scanner lumineux dans l'univers crypto.

Worldcoin, un projet en pleine expansion malgré les critiques

Worldcoin affirme avoir franchi un nouveau cap dans son expansion grâce au dépassement des 10 millions d’utilisateurs vérifiés. Dans un communiqué publié le 9 janvier 2025, l’équipe du projet présente ce chiffre comme une avancée décisive vers une identification universelle et sécurisée. Selon ses concepteurs, l’essor rapide de l’intelligence artificielle menace la fiabilité des interactions en ligne, ce qui rend indispensable la mise en place d’un système capable de prouver qu’un utilisateur est bien un humain. « À mesure que les agents IA évoluent, la preuve d’humanité deviendra probablement la pierre angulaire qui permettra une IA éthique et évolutive », soutient l’entreprise dans son billet officiel.

Pour atteindre cet objectif, Worldcoin a mis en place un réseau de scanners biométriques appelés orbes, capables d’analyser l’iris des utilisateurs afin de leur attribuer une World ID unique et infalsifiable. Contrairement aux systèmes d’identification traditionnels, cette technologie ambitionne d’offrir une preuve d’humanité décentralisée sans nécessiter de documents administratifs. Ses créateurs assurent que cette méthode renforce la protection de la vie privée, puisque l’identité des individus ne repose sur aucune base de données centralisée. Pourtant, ce modèle déclenche de vives inquiétudes. Des experts en cybersécurité et en protection des données soulignent les risques de surveillance massive et les possibles dérives associées à la collecte de données biométriques à grande échelle. Alors que le projet gagne en popularité, son expansion mondiale se heurte déjà à d’importants obstacles réglementaires.

Un rejet croissant des autorités réglementaires

Si Worldcoin met en avant son succès en matière d’adoption, les oppositions réglementaires se multiplient à travers le monde. Dès août 2023, le Kenya a été le premier pays à interdire le projet, et invoque des risques pour la sécurité nationale et la confidentialité des données. Cette décision a marqué le début d’une vague de restrictions, alimentée par les préoccupations croissantes autour de la collecte et du stockage des données biométriques.

Quelques mois plus tard, en mars 2024, l’Espagne a suspendu Worldcoin pour une durée initiale de trois mois avant que l’entreprise n’accepte d’arrêter totalement ses activités sur le territoire jusqu’à la fin de l’année. L’Agence espagnole de protection des données (AEPD) accuse le projet d’avoir collecté illégalement des données biométriques auprès de mineurs et d’avoir entravé le droit des utilisateurs à retirer leur consentement. Cette interdiction a rapidement inspiré d’autres pays européens. En mars 2024, le Portugal a imposé une suspension de 90 jours. Le pays met en avant des préoccupations similaires liées à la protection des citoyens et à l’exploitation des données sensibles.

En mai 2024, Hong Kong a renforcé la pression par l’interdiction de Worldcoin sur son territoire, et s’appuie sur des inquiétudes liées à la vie privée et au risque de surveillance massive. Quelques mois plus tard, en septembre 2024, la Corée du Sud a infligé une amende de 1,1 milliard de wons (environ 829 000 dollars) pour violation des lois sur la protection des données personnelles. Face à ces sanctions, Worldcoin maintient que son activité respecte scrupuleusement les réglementations locales. Toutefois, plusieurs régulateurs restent sceptiques et dénoncent un manque de transparence dans la gestion et la sécurisation des informations collectées.

L’avenir de Worldcoin dépendra en grande partie de sa capacité à négocier avec les autorités et à prouver la conformité de son modèle aux exigences des organismes de régulation. Sans un cadre juridique clair et accepté à l’échelle mondiale, son expansion pourrait être freinée, voire compromise.

L’essor de Worldcoin illustre l’intérêt croissant pour les solutions d’identification numérique, mais les interdictions répétées révèlent des inquiétudes majeures sur la confidentialité des données. Pour ses partisans, garantir une preuve d’humanité devient indispensable à l’heure où l’intelligence artificielle remet en cause l’authenticité des interactions en ligne. À l’inverse, ses détracteurs dénoncent les dérives potentielles, notamment le risque de surveillance massive et de centralisation excessive des identités numériques. Confronté à une régulation de plus en plus stricte, Worldcoin devra démontrer sa conformité aux standards de protection des données et instaurer un climat de confiance auprès des autorités et du public. Son avenir dépendra de sa capacité à s’adapter aux exigences légales et de conserver son ambition d’un système d’identification universel. L’issue de ce débat va au-delà de Worldcoin. Elle pourrait façonner l’avenir de l’identité numérique et influencer le cadre réglementaire du Web3 pour les années à venir.

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Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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