Crypto : Sam Bankman-Fried a fêté ses 33 ans

Le 6 mars, entre quatre murs gris et le cliquetis des barreaux, Sam Bankman-Fried a soufflé ses 33 bougies. Une célébration loin des lambris dorés de sa période FTX, mais sous les projecteurs d’un scandale qui secoue encore la crypto. Condamné à 25 ans de prison, l’ex-golden boy des cryptomonnaies livre, depuis sa cellule, une version de son histoire où innocence et calcul politique s’entremêlent.  

La stratégie derrière les barreaux : entre calcul politique et survie médiatique

Depuis sa chute, Sam Bankman-Fried (SBF) cultive l’art du paradoxe. Dans son interview avec Tucker Carlson, diffusée le 6 mars, il se présente en victime d’un système judiciaire aveugle, tout en esquissant des clins d’œil aux républicains. « Je n’ai jamais sollicité d’aide illégitime », affirme-t-il, tout en admettant avoir financé des campagnes des deux bords. Un double jeu qui soulève des questions : cherche-t-il à séduire l’électorat de Trump en vue d’une grâce présidentielle ?  

Les détails de sa vie carcérale, comme son régime alimentaire à base de riz et de haricots, contrastent avec l’image du milliardaire prodige. Pourtant, SBF ne renonce pas à contrôler le récit

En choisissant des médias conservateurs, il tisse une toile médiatique qui pourrait servir ses intérêts. Ses proches évoquent une possible demande de pardon auprès de Trump, dont la victoire en novembre sculpterait une nouvelle donne.  

Enfin, son discours sur la régulation des cryptos surprend. Lui qui a contribué à fragiliser le secteur appelle à un cadre « équilibré ». Une position qui sonne comme un appel à l’aide, mais aussi comme une tentative de rester pertinent dans un univers qui l’a déjà relégué au rang de caution.  

L’ombre de FTX sur la crypto : un séisme qui persiste  

L’effondrement de FTX en 2022 a laissé une cicatrice indélébile. Si les procédures judiciaires touchent à leur fin, les conséquences sur l’écosystème crypto sont palpables. Les condamnations de Caroline Ellison, Ryan Salame ou Gary Wang rappellent que la chute a été collective. 

Pourtant, SBF persiste : « Je ne suis pas un criminel ». Une défense qui butte contre les milliards évaporés et la défiance persistante envers les plateformes centralisées. 

Le secteur, lui, tente de renaître. Les régulateurs américains durcissent leur ton, tandis que les investisseurs réclament plus de transparence. Ironie du sort, Hollywood s’empare du scandale pour un film inspiré de Going Infinite. 

La crypto, souvent perçue comme un Far West numérique, se retrouve paradoxalement légitimée par ce drame : preuve qu’elle pèse assez pour mériter des récits épiques.  

Reste une question : la chute de SBF a-t-elle servi de vaccin ? Les pratiques opaques reculent, les audits se multiplient. Mais l’appât du gain rapide, lui, résiste. Le fantôme de FTX plane, rappelant que l’innovation sans éthique est un mirage.

À 33 ans, Sam Bankman-Fried incarne désormais les deux visages de la crypto : son potentiel disruptif et ses abîmes. Derrière les barreaux, il manie les mots comme d’autres les algorithmes, cherchant à réécrire son héritage. Son histoire, entre ambition et chute, reste un avertissement pour un secteur en quête de maturité. Trump officialise la réserve bitcoin, la crypto survivra à FTX, mais n’oubliera pas son Icare moderne.