Crypto : Le Japon, un leader mondial ? Analyse d'une success story
Comment comprendre l’approche actuelle du Japon vis-à-vis du secteur évolutif des cryptos ? L’essentiel de la réponse à cette question se trouve dans l’histoire technologique, mais aussi culturelle du pays. En effet, quand on pense à l’écosystème crypto japonais, on pense à Satoshi Nakatomo présumé fondateur du Bitcoin. On se rappelle que le pays est incontestablement l’un des premiers à avoir très tôt adopté l’industrie crypto. D’abord, les activités de mining crypto. Ensuite, en devenant un hub pour les opérations cryptos à travers le globe. Une hégémonie notamment portée par des plateformes comme Mt. Gox qui s’effondra en 2014. Depuis, la donne a changé pour l’industrie crypto japonaise, les autorités ayant fait de la réglementation leur priorité.
Dans cet article, analysons le dynamisme actuel dont fait preuve le marché crypto du Japon. Ceci sous l’égide d’une réglementation ayant à cœur de protéger les utilisateurs sans paralyser l’innovation technologique, ADN du secteur crypto.
Le Japon, un environnement favorable à l’éclosion des cryptos ?
On peut sans doute affirmer que les cryptos ont désormais la côte au Japon. En tout cas, le gouvernement est favorable à leur émergence. En effet, les tendances montrent une nette amélioration de l’adoption de ces actifs numériques dans le pays. Il y a qu’à voir certains chiffres de Statista pour s’en convaincre. Une donnée du fournisseur datant de 2020 montre que seulement 4 % de la population japonaise utilisait ou détenait des cryptos. Des chiffres nettement inférieurs à ceux de pays comme la Chine, l’Inde et le Vietnam avec respectivement 7 %, 9 % et 21 %.
Ces tendances changent toutefois depuis un certain temps. En particulier depuis la pandémie mondiale de covid-19. Cette dernière a impulsé un changement de comportements financiers, notamment l’abandon de la monnaie fiat au projet des actifs numériques. Ce changement de paradigme est de surcroît porté par Tokyo.
Récemment, Fumuo Kishida, le Premier ministre japonais, a annoncé un projet axé typiquement sur le Web 3.0. Un écosystème que les autorités veulent promouvoir conformément à leur politique technologique axée sur l’innovation. Ce, en accord avec l’ambition du Japon de positionner comme un leader mondial dans ce domaine.
Mais cette métamorphose du paysage crypto japonais n’est pas récente en soi. Elle a commencé depuis au moins 2021 avec le lancement du stablecoin JPYCoin. Il s’agit d’un stablecoin adossé au yen, dont l’introduction vise à encourager davantage l’intérêt pour les cryptos.
Dans ce contexte attractif, une dynamique saute aux yeux. Les projets cryptos pertinents s’épanouissent. Les initiatives jugées mauvaises sont, elles, éliminées sous le coup d’une réglementation taillée sur la mesure des réalités financières japonaises.
Quid de la réglementation crypto au Japon ?
La première chose à dire au sujet de la régulation de l’industrie crypto au Japon, c’est qu’elle est bien ficelée. Le pays fait particulièrement office de bon élève sur cette question. Les cryptos sont ainsi soumises à une réglementation claire et précise au Japon. Des règles dont l’application est contrôlée par l’Agence japonaise des services financiers (FSA). Ce, en étroite collaboration avec la Japan Virtual Currency Exchange Association (JVCEA). Les deux étant soutenues par la Japan Security Token Offering Association (JSTOA). Ensemble, ces trois entités travaillent à mettre en place des réglementations adaptées au marché financier japonais.
Par ailleurs, les législateurs japonais ont renforcé la régulation autour des actifs numériques, notamment sur les échanges de produits dérivés. À travers la loi sur les services de paiement (PSA), les cryptos sont par exemple vues comme des modes de paiement non fiduciaires.
Ceux-ci, pouvant être utilisées pour effectuer des paiements à des personnes non spécifiées. De plus, la loi a l’avantage de ne pas limiter les Japonais quant à la détention ou l’investissement dans les cryptos.
Un contrôle strict des services d’échange de crypto au Japon
Les services d’échanges cryptos sont rigoureusement réglementés au Japon. Une rigueur qui a des liens avec des naufrages d’exchanges célèbres dont Mt. Gox évoqué plus haut. De ce fait, les firmes qui fournissent des services cryptos sont régies par les lois atypiques.
Ainsi, celles reconnues comme des fournisseurs de garde de cryptos sont soumises à la loi sur les services de paiement (PSA). Concernant les sociétés de dérivés de cryptos, c’est la loi sur les instruments financiers et les échanges (FIEA) qui leur est appliquée.
Par ailleurs, les autorités ont mis en œuvre une loi sur la prévention du transfert des produits criminels (APTCP). Elle énonce un faisceau de normes imposées aux exchanges cryptos opérant au Japon. Son objectif : contraindre ces derniers à prendre des mesures pour prévenir le blanchiment de capitaux.
Pour veiller à la mise en œuvre de ces ambitions, les autorités japonaises ont créé deux organismes. Il s’agit notamment du Centre japonais de renseignement financier (JAFIC) et de la Cellule de renseignement financier (FIU).
Par ailleurs, les législateurs japonais ont établi des règles rigoureuses pour les opérateurs de services d’instruments financiers. Des normes auxquelles les exchanges doivent s’y soumettre afin de préserver l’intégrité du marché. Parmi celles-ci, des formalités de contrôles d’identité des clients, de mesures concernant la tenue de registres. En plus de tout cela, les plateformes cryptos sont tenues de soumettre un rapport annuel de conformité à la FSA.
Cette dernière n’autorise, en outre, que les firmes disposant d’un bureau financier hautement habilité à opérer en tant qu’exchange crypto. L’Agence a également renforcé ses dispositifs de surveillance des transactions et des échanges pour garantir un système de contrôle adéquat.
En définitive, tout semble structuré pour assurer une solide évolution de l’industrie crypto au Japon. Cela, en garantissant la protection des investisseurs et la sécurité des transactions dans le pays. Cela dit, quelles seraient les perspectives du marché crypto japonais ?
Des réformes prometteuses en marche dès cette année ?
Malgré la rigueur du Japon en ce qui concerne les cryptos, le pays ne semble pas vouloir en rester là. En 2022, Fumio Kishida, le Premier ministre japonais, a révélé le plan de l’État de numériser les cartes d’identité nationales. Une solution numérique qui n’est pas sans lien avec les ambitions technologiques du pays, impliquant les cryptos. Plusieurs réformes de ce type sont prévues pour 2023.
Ces évolutions promettent de simplifier l’environnement réglementaire pour les projets cryptos au Japon. C’est sous le prisme de cette attractivité retrouvée que se comprend le retour de Binance au Japon. Un marché qu’elle avait quitté en 2018 sous fond de difficultés réglementaires.
Selon les experts, la politique du Japon en matière de cryptos devrait favoriser l’émergence de nouvelles opportunités dans le pays. Ceci, grâce à la compétitivité qu’elle promeut entre les compagnies cryptos. Circonstances qui devraient offrir aux investisseurs une plus grande confiance dans l’utilisation des cryptos comme alternative financière.
Conclusion
On peut dire que dans l’ensemble, le Japon est clairement engagé en faveur de la régulation et de l’adoption des cryptos. Le pays ne semble pas pour autant vouloir faire l’impasse sur l’innovation technologique et la protection des utilisateurs.
L’introduction de stablecoins indexés sur le yen a offert une certaine stabilité de valeur aux investisseurs. Ce, en stimulant l’engouement de ces derniers pour les cryptos. Les réformes envisagées autour de ces dernières visent à consolider cet intérêt. Un progrès qui devrait impulser l’émergence de nouvelles perspectives pour l’avenir financier du pays.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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