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Cryptomonnaie : Le futur est-il féminin ?

mer 18 Oct 2023 ▪ 8 min de lecture ▪ par Luc Jose A.
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M pour Masculin, M pour Manettes et M pour Monnaies numériques. Coïncidence ou accident ? Ce qui est sûr, la plupart des initiatives crypto féminines sont jusque-là faiblement médiatisées ou carrément passées sous silence. Pourtant, si elle est très peu étudiée, l’adoption crypto féminine représente un levier essentiel de l’adoption crypto mondiale. Mais que font actuellement les femmes dans l’espace crypto ? Comment contribuent-elles à la création de la prochaine version de l’économie ? Dans cet article, nous faisons la lumière sur l’implication des femmes dans un espace qui donne l’impression d’être contrôlé par le sexe masculin. Lisez plutôt.

Adoption crypto féminine

Croissance annuelle de 16% de la population des utilisatrices crypto

D’après les chiffres de l’agence d’études statistiques Triple A, les femmes représentaient près de 21% des utilisateurs crypto dans le monde en novembre 2021. Un an plus tard, soit en novembre 2022, ce chiffre a augmenté de plus de 16%. Désormais estimée à 420 millions de personnes, la population mondiale des utilisateurs de cryptomonnaies est composée de plus de 36% de femmes.

En d’autres termes, en seulement 12 mois, le marché crypto a accueilli plus de 60 millions de nouvelles utilisatrices de cryptomonnaies. En clair, on peut dire que l’adoption crypto féminin est silencieusement en marche. Le rapport indique aussi que ces utilisatrices crypto se sont inscrites pour la grande majorité dans une logique de placement à long terme.

Selon l’agence, 70% des femmes propriétaires de portefeuille crypto se sont déclarées être des HODLeuses. De plus, 40% affirment qu’elles considèrent que le bitcoin est comme un produit d’épargne. Comment leur donner tort quand on sait que le prix du bitcoin qui était de 430,57 dollars en 2015 est passé à près de 69 000 dollars en 2021 ? De plus, la crypto pourrait voir sa valeur passer à 6 chiffres d’ici à un, deux ou trois ans. C’est une performance rare sur les marchés financiers.

La préférence des utilisatrices crypto pour la détention sur le long terme indique que les femmes font plus confiance aux cryptomonnaies qu’aux hommes. D’ici quelques années, les femmes pourraient avoir un pouvoir énorme sur le marché crypto avec d’importantes sommes crypto hodlées dans leurs portefeuilles. On peut déjà percevoir le rôle de la gent féminine dans l’adoption crypto mondiale. D’ailleurs, actuellement, plusieurs femmes font déjà leurs preuves sur la scène des cryptomonnaies.

Ces figures féminines qui impressionnent dans l’écosystème crypto

Ruja Ignatova, la femme d’affaires bulgare qui se qualifiait de « Crypto Queen », aurait pu faire un excellent chef de file de l’adoption crypto féminine mondiale. Malheureusement, poursuivie par le FBI pour son arnaque crypto à 4 milliards de dollars, elle ne risque pas de refaire surface de sitôt.

Mais si la crypto queen a perdu son trône, le monde crypto compte plusieurs autres figures féminines. Par exemple, saviez-vous que l’association pour le développement des actifs numériques a pour présidente une femme appelée Faustine Fleuret. Saviez-vous aussi que le premier cabinet français de conseils crypto, Blockchain Partner, a été cofondé par une femme, Claire Balva ?

Vous connaissez peut-être Élisabeth Stark, cofondatrice de la société Lightning Labs ? Ou encore, Kathleen Breitman, cofondatrice de la blockchain Tezos ? Saviez-vous que les fondateurs de la société Digital Currency Group comptent une femme, Melmet Demirors, dans leurs rangs ?  Il est impossible de faire la liste exhaustive des femmes qui s’illustrent dans le cercle très masculin des utilisateurs de cryptomonnaies. D’ailleurs, s’il se trouve, le futur crypto est peut-être féminin.

Cela dit, cette ambition ne sera réalisable que si une approche genre est intégrée aux politiques mondiales liées à la promotion de l’adoption des cryptomonnaies. En effet, certains facteurs continuent de limiter la présence des femmes dans l’écosystème crypto.

Aucune femme n’a levé plus de 100 millions de dollars

S’il est vrai que la gent féminine participe de plus en plus à l’écosystème des cryptomonnaies, il reste encore du chemin à parcourir sur le plan entrepreneurial. Le Boston Consulting Group et le People of Crypto Labs ont enquêté sur la présence des femmes dans les startups crypto, blockchain, NFT et Web3 en général.

L’enquête a porté sur 3 000 startups du Web3. Elle a révélé que le montant de fonds levés par les femmes fondatrices est quatre fois inférieur aux levées de fonds de leurs collègues masculins. L’étude a également fait remarquer l’absence quasi totale des femmes dans les tours de financement crypto de grande envergure, c’est-à-dire de la série A à la série C.

Par exemple, sur 100 levées de fonds de montant valant entre 1 et 19 millions de dollars, 3 sont faites par une startup fondée par une femme. Pour 100 levées de fonds de 50 et 99 millions de dollars, 1 est réalisée par une startup fondée par une femme. Au-delà de la barre des 100 millions de dollars, les startups créées par les femmes sont totalement absentes. Et ce n’est pas tout.

Les femmes africaines : les grandes absentes de l’espace crypto

Si on considère que l’Afrique est la prochaine étape de la révolution crypto mondiale, le problème de la faible représentativité des femmes africaines dans l’espace crypto devra être rapidement réglée. En effet, les femmes représentent plus de 50% de la population africaine.

Pourtant, le continent est actuellement l’un des pires élèves sur la question de l’intégration des femmes dans l’espace crypto. Si quelques femmes africaines s’illustrent dans la blockchain au Nigeria, au Kenya, en Zambie, etc., moins de 5% des femmes africaines utilisent les cryptomonnaies.

Cet état de choses est favorisé par certaines pesanteurs sociales comme le faible taux d’alphabétisation des femmes. Selon la banque mondiale, seulement 57% des femmes d’Afrique subsaharienne sont alphabétisées. Cette barrière par exemple devra être levée pour faciliter l’adoption crypto sur le continent, car les femmes africaines gagneront vraiment à se lancer dans les cryptomonnaies.

Seuls 2% des startups fondées par les femmes sont des startups crypto

Il vous plaira peut-être aussi de savoir que seuls 2% des startups fondées ou cofondées par les femmes sont des startups crypto. Le Boston Consulting Group et le People of Crypto Labs ont découvert que la même tendance se répétait dans la plupart des autres secteurs du Web3, notamment la blockchain, les NFT, la réalité virtuelle, etc.

Leur étude a permis de découvrir que cet état de choses est favorisé par la faible féminisation des grands fonds d’investissement. D’autre part, les secteurs liés au Web3 puisent beaucoup la plupart de leurs talents dans des domaines peu féminisés tels que l’ingénierie logicielle et la finance.

D’après l’étude, ces facteurs poussent les femmes à l’autocensure. Elles « ne se lancent pas, car elles savent qu’elles lèveront quatre fois moins de fonds que leurs collègues masculins ». Une pleine adoption crypto pourrait donc être difficile à atteindre si aucune attention n’est portée à la question du genre dans la composition des équipes d’investissement.

Ceci étant, il faudra peut-être que soit lancées des séries d’initiatives de type Women Empowerment dans les secteurs liés au Web3. Il est clair qu’une forte augmentation du nombre de femmes HODLeuses renforcera le statut de produit d’épargne que semblent gagner certaines cryptomonnaies comme le bitcoin.

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Luc Jose A. avatar
Luc Jose A.

Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.

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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.