Crypto : La BCE envisage d’adopter la blockchain !

Les institutions financières du monde entier scrutent la technologie blockchain, et oscillent entre scepticisme et opportunisme. En effet, la Banque Centrale Européenne (BCE), après des années d’analyse, franchit un cap à travers l’annonce d’un projet de règlement interbancaire basé sur la blockchain. Cette initiative, qui vise à permettre aux banques de régler leurs transactions en monnaie de banque centrale sur une infrastructure blockchain, pourrait marquer un virage décisif dans la modernisation des paiements en Europe.

Une première étape vers une blockchain institutionnelle

La BCE ne bouleverse pas immédiatement l’infrastructure existante. Dans un premier temps, la plateforme blockchain développée sera reliée au système Target, qui gère actuellement les transactions interbancaires en Europe. Cette phase d’intégration permet de tester la technologie et assure également la continuité des opérations.

Piero Cipollone, membre du directoire de la BCE, a souligné l’importance de cette initiative. Il affirme qu’il s’agit « d’une contribution majeure à l’efficacité des marchés financiers européens grâce à l’innovation ». Si l’adoption de la blockchain par une institution aussi centrale que la BCE marque un tournant, aucun calendrier précis n’a été communiqué, ce qui laisse planer des incertitudes sur le rythme de mise en œuvre.

La BCE s’inspire du modèle suisse et des expériences internationales

L’initiative européenne n’émerge pas dans un vide. En effet, la Banque Nationale Suisse (BNS) a lancé en décembre 2023 un projet pilote de CBDC wholesale, ce qui permet de régler des obligations numériques sur une blockchain. Ce test, qui devait initialement durer un an, a été prolongé jusqu’en 2026, preuve d’un intérêt croissant pour ce modèle. La BCE semble suivre cette même logique, mais avec une approche progressive et une prudence typiquement européenne.

Une adoption d’un tel système pourrait modifier profondément les flux financiers et la manière dont les transactions interbancaires sont réglées. Le système blockchain centralisé par la BCE pourrait réduire le rôle des banques commerciales en tant qu’intermédiaires, ce qui affecterait directement leurs modèles économiques.

D’un point de vue géopolitique, ce projet pourrait aussi être une réponse à la montée en puissance des monnaies numériques d’État, notamment le yuan numérique chinois et les expérimentations aux États-Unis. La BCE cherche ainsi à rester compétitive dans un paysage monétaire en pleine transformation.

Avec cette initiative, la BCE ne se contente pas d’observer la révolution numérique : elle y participe activement. Grâce à l’utilisation de la technologie blockchain pour ses règlements interbancaires, elle ouvre la porte à une refonte profonde des infrastructures financières européennes. Reste à voir comment ce projet évoluera et quelles seront ses répercussions sur les acteurs du marché. Le passage d’une phase expérimentale à une adoption généralisée dépendra autant des avancées technologiques que de la volonté politique et économique des institutions concernées. Une chose est certaine : le paysage des paiements en Europe est en train de changer, et la blockchain en sera un élément central.