Crypto et Europe : Deux organismes plaident pour des transactions non traçables

Que l’euro numérique ne devienne pas un outil de surveillance des Européens. C’est en quelque sorte le souhait du Comité européen de protection des données (EDPB) et le Contrôleur européen de la protection de données (EDPS). Ces entités ont récemment demandé à l’UE d’établir un « seuil de protection de la vie privée » pour les transactions cryptographiques en euro. Gros plan !

Pour une absence de surveillance des petites transactions crypto ?

La BRI, via son projet Atlas, veut avoir un œil rivé constamment sur les différentes transactions crypto effectués sur les grands exchanges et les blockchains notoires. Contrairement à la banque des banques centrales, l’EDPB et l’EDPS, tous deux des organismes indépendants issus de l’Union européenne, ont émis un avis conjoint sur la proposition du règlement du Parlement européen et du Conseil portant création de l’euro numérique.

En d’autres termes, leurs recommandations ne concernent pas pour le moment les cryptomonnaies, mais l’alternative au fiat tant chérie par la BCE : l’e-euro.

Contextualisation : l’e-euro ou l’euro numérique est une monnaie numérique de banque centrale (MNCB) développée par la Banque Centrale Européen en vue de fournir aux Européens un alternatif ou un complément de l’argent fiat. Avec ce nouveau type d’argent numérique, il est notamment possible de faire des paiements en ligne et hors ligne. Notons qu’en ce moment, la BCE situe ce projet dans la phase préparatoire : la phase d’enquête ayant touché à sa fin.

Combiner l’euro numérique, un actif pas totalement anonyme d’après Christine Lagarde, avec protection des données confidentielles, ça n’a rien d’utopique, estime les deux organismes. D’ailleurs, ce concept de confidentialité ne doit pas être séparé de la conception de l’euro numérique.

« Un niveau élevé de protection de la vie privée et des données est essentiel pour gagner la confiance des citoyens dans cette nouvelle monnaie numérique », précise Irene Loizidou Nicolaidou, vice-présidente de l’EDPB.

D’où l’introduction d’un « seuil de confidentialité » dans toute forme de transactions numériques. Ainsi, tout ce qui est transfert d’argent (crypto, CBDC, etc.) en dessous de ce seuil ne doit pas faire l’objet d’une quelconque accusation de blanchiment d’argent ou de terrorisme.

Suspicion autour de l’idée de point d’accès unique

L’EDPB et l’EDPS ont également abordé un autre point crucial dans l’avis émis récemment. Il concerne l’établissement d’un point d’accès unique dont l’objectif consiste à vérifier tout dépassement des limites individuelles de détentions d’e-euro. Cela devrait être facilité par la vérification des identifiants des détenteurs d’euro numérique à qui l’on a imposé cette limite.

De quoi établir un dispositif efficace pour contrôler les riches et les moins nantis en CBDC ? Ceux qui ont opté pour le bitcoin (BTC) et les autres cryptomonnaies ont misé sur ces innovations technologiques pour éviter ce genre de pression, en tout cas.

Dans ce sens, nos deux organismes suggèrent « d’évaluer si le point d’accès unique est nécessaire et proportionné, en soulignant que des mesures techniques permettant un stockage décentralisé de ces identifiants sont possibles, en tant qu’alternative ».

Pour les crypto enthousiastes, cette époque de contrôle absolu et de totalitarisme semble révolue. Déjà, les pratiques de banques imposant des frais astronomiques de détention et de transactions de monnaies n’ont rien arrangé depuis des siècles. Et puis, les histoires de contrôles stricts, souvent motivés par une lutte anti-cybercriminalité et anti-terrorisme dénué de réserve écœurent les amateurs de crypto. Il n’y a pas que le Hamas et le Lazarus Group dans la crypto sphère.