Crédit immobilier : La Banque de France annonce des signes positifs

L’accès au crédit immobilier est un baromètre clé de la santé économique et du pouvoir d’achat des ménages. Après une année 2023 marquée par une chute drastique des volumes d’emprunts, la Banque centrale européenne (BCE) a amorcé un virage avec une première baisse de son taux directeur. Cette décision, saluée par le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau, s’accompagne d’une série d’indicateurs qui laisse entrevoir une reprise progressive du marché. Mais, cette embellie est-elle durable ? Et surtout, suffira-t-elle à inverser durablement la tendance pour les emprunteurs et les acteurs du secteur immobilier ?

Un marché du crédit en convalescence

« Il y a beaucoup de signes positifs aujourd’hui », affirme François Villeroy de Galhau. De plus, il précise que la récente baisse de 0,25 point du taux directeur de la BCE commence à produire des effets bénéfiques sur l’octroi de crédits. En janvier, le taux moyen des nouveaux prêts immobiliers s’est stabilisé à 3,32 %, un niveau inférieur à ceux observés il y a un an. Parallèlement, les nouveaux crédits immobiliers (hors renégociations) ont atteint 9,9 milliards d’euros, un montant en nette amélioration par rapport aux creux historiques enregistrés en 2023.

Cette nouvelle dynamique s’explique en grande partie par la correction des prix sur le marché immobilier. D’après les experts, l’ajustement combiné des taux et des prix permet aux emprunteurs de regagner en pouvoir d’achat. « En 2023, une acquisition représentait cinq années de revenus, elle n’en représente plus que quatre en 2025 », précise le courtier Cafpi. Une évolution qui contribue à redonner confiance aux acheteurs et à relancer la demande après plusieurs mois de paralysie du marché.

Des mesures de soutien pour accompagner la reprise

Au-delà des effets de la politique monétaire, d’autres leviers viennent renforcer cette reprise. En effet, à partir du 1^er avril, le prêt à taux zéro (PTZ) sera élargi à l’ensemble du territoire et aux maisons individuelles, alors qu’il était auparavant restreint aux appartements situés en zones tendues. Un changement qui pourrait faciliter l’accès à la propriété pour de nombreux primo-accédants. L’autre élément encourageant est le gel des frais de notaire pour les premiers achats, qui allège encore la charge financière qui pèse sur les ménages qui souhaitent devenir propriétaires.

Toutefois, cette reprise reste fragile. Si la demande repart à la hausse, avec un record de 55 000 demandes de crédits en janvier 2025, les incertitudes économiques demeurent. La politique monétaire de la BCE pourrait encore évoluer en fonction des pressions inflationnistes, ce qui impacterait directement les taux d’intérêt et la confiance des emprunteurs. Pour les spécialistes, la véritable question est désormais de savoir si cette amélioration s’insère dans un mouvement durable ou si elle reste un simple rebond technique. En attendant, les emprunteurs bénéficient d’une fenêtre plus favorable pour financer leurs projets immobiliers, une opportunité qui pourrait ne pas durer indéfiniment.

Si ces signaux encouragent, ils ne garantissent pas pour autant un redémarrage massif du marché immobilier. La trajectoire des taux demeure incertaine et pourrait dépendre des prochaines décisions de la BCE. De plus, la prudence des banques dans l’octroi de prêts reste un facteur limitant. Pour les emprunteurs comme pour les investisseurs, la vigilance reste donc de mise face à un marché en transition.