Comment les BRICS influencent-ils la réforme des institutions internationales ?
Les BRICS forment un groupe de dix pays émergents qui jouent un rôle de plus en plus influent sur la scène internationale. Ces pays cherchent à remodeler les institutions internationales telles que l’ONU, le Fonds Monétaire International (FMI), et la Banque mondiale pour mieux refléter les réalités économiques et politiques actuelles. L’élargissement récent du groupe des BRICS, avec l’intégration de cinq nouveaux membres en janvier 2024, renforce encore leur capacité à influencer les réformes nécessaires pour un ordre mondial plus équitable et inclusif, loin de la domination historique des pays occidentaux.
Quelles sont les motivations derrière l’influence des BRICS sur la réforme des institutions internationales ?
Les BRICS partagent plusieurs motivations communes pour la réforme des institutions internationales. Leurs membres se considèrent sous-représentés dans des structures telles que le FMI et la Banque mondiale, où leurs droits de vote ne correspondent pas à leur poids économique global. Avec 42 % de la population mondiale et environ un quart de la richesse mondiale, les BRICS estiment qu’ils méritent une représentation plus équitable.
En outre, ces pays critiquent le système actuel pour son biais en faveur des intérêts des nations développées, principalement les États-Unis et l’Union européenne. Les BRICS souhaitent promouvoir un ordre mondial multipolaire qui reflète mieux la diversité des économies et des perspectives politiques du XXIe siècle, en opposition à un système unipolaire dominé par les puissances occidentales.
Quels sont les efforts des BRICS pour réformer les Nations Unies ?
Les BRICS militent activement pour une réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, qu’ils considèrent comme obsolète et non représentatif des réalités actuelles. Le Conseil de sécurité, avec ses cinq membres permanents dotés de droit de veto (États-Unis, Russie, Chine, Royaume-Uni, et France), ne reflète pas la diversité des puissances économiques et politiques contemporaines. Les BRICS, soutenus par d’autres pays émergents, plaident pour une expansion du Conseil afin d’inclure des représentants des économies en développement.
L’Inde et le Brésil, deux des membres originaux des BRICS, aspirent à obtenir des sièges permanents au Conseil de sécurité. L’Afrique du Sud soutient cette proposition, en insistant sur l’importance d’améliorer la représentation africaine. Les nouveaux membres, tels que l’Iran et l’Égypte, apportent également leur soutien à ces réformes pour s’assurer que leurs intérêts régionaux soient mieux représentés dans les forums internationaux.
Les réforme des institutions financières internationales : le FMI et la Banque Mondiale
Les BRICS ont concentré leurs efforts sur la réforme des institutions financières internationales comme le FMI et la Banque Mondiale. Ces institutions, issues des accords de Bretton Woods après la Seconde Guerre mondiale, sont perçues comme dominées par les intérêts des pays occidentaux. Les BRICS soutiennent que la gouvernance actuelle de ces institutions ne reflète pas l’évolution économique mondiale, où les pays émergents jouent un rôle de plus en plus important.
Pour contester cette domination, les BRICS plaident pour une redistribution des droits de vote au sein du FMI et de la Banque Mondiale, afin de mieux représenter les économies émergentes. Bien que des réformes mineures aient été introduites, comme l’ajustement des quotes-parts du FMI en 2010, les BRICS jugent ces changements insuffisants.
En réponse à la lenteur des réformes, les BRICS ont établi des alternatives comme la Nouvelle Banque de Développement (NBD) et le Contingent Reserve Arrangement (CRA). La NBD, souvent appelée « Banque des BRICS+ », vise à financer des projets d’infrastructure dans les pays en développement sans les conditions strictes typiques des prêts du FMI ou de la Banque mondiale. De son côté, le CRA offre une réserve de 100 milliards de dollars pour les membres en cas de crise de liquidité, offrant une alternative aux lignes de crédit du FMI.
L’influence des BRICS dans d’autres organisations internationales
Outre les Nations Unies, le FMI et la Banque mondiale, les BRICS influencent d’autres organisations internationales, telles que l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et le Groupe des 20 (G20). À l’OMC, les BRICS plaident pour des réformes qui prennent en compte les intérêts des pays en développement, notamment l’élimination des subventions agricoles des pays développés, qui pénalisent les économies agricoles des nations en développement.
Dans le cadre du G20, les BRICS jouent un rôle déterminant dans la coordination des politiques économiques mondiales. Leur influence collective est utilisée pour faire pression en faveur de réformes favorisant un développement plus équilibré et durable. En outre, les BRICS exploitent le G20 comme plateforme pour promouvoir leur vision de la réforme de la gouvernance économique mondiale, y compris la régulation financière, la réforme du système monétaire international, et les initiatives de lutte contre le changement climatique.
La Nouvelle Banque de Développement : une alternative aux institutions traditionnelles
La création de la Nouvelle Banque de Développement (NBD) par les BRICS en 2014 est un élément central de leur stratégie de réforme des institutions internationales. Basée à Shanghai, la NBD dispose d’un capital initial de 50 milliards de dollars, qui peut être porté à 100 milliards. Cette banque se distingue par son approche flexible, privilégiant le respect de la souveraineté nationale et évitant les conditions politiques contraignantes typiques des institutions financières traditionnelles.
La NBD finance des projets d’infrastructure et de développement durable dans les pays membres et les pays en développement. Cette approche attire des nations qui cherchent des alternatives aux prêts conditionnés des institutions comme le FMI ou la Banque Mondiale. Avec l’élargissement des BRICS pour inclure l’Iran, l’Égypte, l’Éthiopie, l’Arabie Saoudite, et les Émirats Arabes Unis, la NBD étend sa portée géographique et son influence.
Les défis et les limites des efforts de réforme des BRICS+
Malgré leurs efforts, les BRICS+ font face à des défis significatifs dans leur quête de réforme des institutions internationales. Le manque de consensus interne sur certaines questions stratégiques peut affaiblir leur position collective. Par exemple, bien que tous les membres conviennent de la nécessité de réformer le Conseil de sécurité de l’ONU, ils divergent sur la méthode à adopter. L’Inde et le Brésil, qui souhaitent des sièges permanents, rencontrent l’hésitation de la Chine à élargir le Conseil avec de nouveaux membres permanents.
De plus, les BRICS+ doivent surmonter la résistance des pays occidentaux, qui sont réticents à adopter des réformes susceptibles de réduire leur influence. Les États-Unis, en particulier, sont assez contre le fait d’accepter des changements substantiels dans la gouvernance du FMI et de la Banque mondiale, ralentissant ainsi le processus de réforme.
L’hétérogénéité des BRICS+ en termes de systèmes politiques, d’intérêts économiques et de politiques étrangères représente également un défi pour leur cohésion. Tandis que la Chine et la Russie adoptent souvent des positions plus fermes contre l’ordre mondial occidental, d’autres membres comme l’Inde et l’Arabie Saoudite optent parfois pour des approches plus modérées, ce qui peut limiter l’efficacité de leur stratégie collective.
Les stratégies pour surmonter les divergences et renforcer l’influence des BRICS+
Pour surmonter ces défis internes et maximiser leur influence, les BRICS+ doivent développer des mécanismes de coordination plus efficaces et renforcer la cohésion interne. Une approche consiste à créer des plateformes de dialogue régulières et structurées pour permettre aux membres de discuter et de concilier leurs différences avant de s’engager dans des forums internationaux. Par exemple, des réunions ministérielles thématiques pourraient être organisées pour aligner les positions sur des sujets spécifiques tels que le commerce international, la sécurité énergétique et la politique environnementale.
De plus, les BRICS+ pourraient tirer parti de leur diversité en utilisant leurs différentes relations bilatérales et régionales pour influencer d’autres pays et groupes de pays. Par exemple, l’Éthiopie et l’Égypte, en tant que membres de l’Union africaine, peuvent jouer un rôle crucial en renforçant le soutien à la réforme des institutions internationales parmi les pays africains. L’Iran, avec ses liens étroits avec d’autres pays du Moyen-Orient, peut également contribuer à élargir la portée géopolitique du groupe.
Le rôle des BRICS+ dans la promotion d’une nouvelle gouvernance mondiale
Les BRICS+ ne se contentent pas de réformer les institutions internationales existantes, ils cherchent également à promouvoir une nouvelle forme de gouvernance mondiale qui soit plus inclusive et représentative. Cela inclut des efforts pour renforcer la coopération Sud-Sud, c’est-à-dire entre pays en développement, et pour construire des alliances stratégiques avec d’autres organisations régionales et internationales. Par exemple, la NBD est non seulement ouverte aux membres des BRICS+, mais elle est également disposée à accueillir d’autres pays en développement, renforçant ainsi la solidarité et la coopération parmi les pays du Sud global.
En outre, les BRICS+ ont plaidé pour la création de nouvelles institutions internationales qui reflètent mieux les réalités économiques et politiques du XXIe siècle. Ils ont, par exemple, proposé la création d’une agence internationale pour le développement durable, qui serait chargée de coordonner les efforts mondiaux en matière de changement climatique, d’énergie propre, et de développement inclusif. Une telle institution pourrait agir en tant que contrepoids aux agences existantes perçues comme trop dominées par les intérêts des pays développés.
Les perspectives d’avenir : vers un rôle accru des BRICS+ sur la scène mondiale
Alors que le groupe BRICS+ continue de croître en influence et en nombre, ses perspectives d’avenir semblent prometteuses. Les récents élargissements indiquent une volonté claire d’étendre son influence et de construire une alliance plus large capable de défier les structures de pouvoir établies. Cependant, pour réaliser leur plein potentiel, les BRICS+ devront surmonter les défis internes et externes et renforcer leur unité face aux dynamiques mondiales complexes.
Les BRICS+ ont déjà démontré leur capacité à influencer les débats internationaux et à plaider pour des réformes significatives. Leur succès continu dépendra de leur capacité à maintenir une vision commune, à naviguer habilement entre les intérêts divergents de leurs membres, et à mobiliser le soutien d’autres pays en développement pour faire pression en faveur de changements institutionnels.
Les BRICS, désormais composés de dix membres, ont franchi une nouvelle étape dans leur quête pour influencer la réforme des institutions internationales et remodeler l’ordre mondial. Leur approche collective vise non seulement à corriger les déséquilibres historiques en matière de représentation et de pouvoir, mais aussi à créer un système international plus juste et plus représentatif des réalités contemporaines. En tant que coalition croissante de pays émergents, les BRICS+ jouent un rôle utile en promouvant une gouvernance mondiale plus équilibrée et en offrant des alternatives aux structures dominées par les puissances occidentales. Les défis internes, tels que les divergences d’intérêts et les résistances externes, nécessiteront une coopération accrue et une stratégie commune renforcées. Dans un monde de plus en plus multipolaire, le succès de ce groupe dépendra de leur capacité à rester unis et à articuler une vision cohérente pour un avenir partagé. Leur engagement à poursuivre la réforme des institutions internationales et à renforcer la coopération entre les pays en développement pourrait bien définir la nature du nouvel ordre mondial au XXIème siècle.
FAQ
Les BRICS influencent les institutions internationales en proposant des réformes pour une représentation plus équitable des pays en développement, en soutenant des alternatives aux institutions dominées par l’Occident comme le FMI et la Banque mondiale.
Les BRICS visent à promouvoir une gouvernance mondiale plus équilibrée, à améliorer la transparence et à renforcer la voix des pays en développement dans les décisions économiques et financières mondiales.
Les BRICS ont réussi à créer des institutions alternatives comme la Nouvelle Banque de Développement (NBD) et le Fonds de Réserve des BRICS, qui offrent des financements et des ressources aux pays en développement sans les conditions strictes imposées par le FMI ou la Banque mondiale.
Oui, les BRICS collaborent avec diverses organisations régionales et internationales pour promouvoir des réformes qui soutiennent la multipolarité et un ordre mondial plus juste.
Les BRICS jouent un rôle clé dans la redéfinition de l’équilibre des pouvoirs mondiaux, en favorisant une réforme des institutions internationales pour refléter les réalités économiques et politiques contemporaines, tout en offrant une alternative aux structures dominées par l’Occident.
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Diplômé de Sciences Po Toulouse et titulaire d'une certification consultant blockchain délivrée par Alyra, j'ai rejoint l'aventure Cointribune en 2019. Convaincu du potentiel de la blockchain pour transformer de nombreux secteurs de l'économie, j'ai pris l'engagement de sensibiliser et d'informer le grand public sur cet écosystème en constante évolution. Mon objectif est de permettre à chacun de mieux comprendre la blockchain et de saisir les opportunités qu'elle offre. Je m'efforce chaque jour de fournir une analyse objective de l'actualité, de décrypter les tendances du marché, de relayer les dernières innovations technologiques et de mettre en perspective les enjeux économiques et sociétaux de cette révolution en marche.
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