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Comment les banques centrales font-elles “tourner la planche à billets” ?

sam 23 Jan 2021 ▪ 11 min de lecture ▪ par Nicolas T.

Le monde fonctionne avec de la monnaie. Elle est le sang de l’économie. Elle l’irrigue comme le pétrole irrigue la machinerie mondiale et nous passons le plus clair de notre temps à essayer d’en obtenir davantage.

Préambule

Mais il est faux de penser qu’il existerait un montant fixe de monnaie dont seule la répartition changerait au gré des bonnes fortunes des uns et des malheurs des autres, tel un jeu à somme nulle. Cette croyance est tenace car cela flatte un peu notre égo que d’imaginer que notre richesse nette correspond à la part du gateau que nous avons mérité, à la sueur de notre front.

Mais la vérité est que le système monétaire moderne n’est pas aussi simple. La quantité de monnaie en circulation dans l’économie mondiale est en réalité en constante augmentation et croît beaucoup plus vite que la population.

Nous avons l’habitude de voir passer de nombreux tweets à propos des montants astronomiques de monnaie fiat créés par les banques centrales. Et si je vous disais qu’il ne s’agit que la partie émergée de l’iceberg ?

Le système monétaire moderne repose sur la dette, les intérêts et l’inflation. C’est avec ces trois paramètres que les banques centrales orchestrent notre esclavage. Nous avançons sur un tapis roulant inflationniste avec des banquiers sur le dos nous tendant de la dette en guise de carotte.

Notre civilisation toute entière repose sur une dette ponzienne génératrice d’inégalités. Malgré l’ampleur de cette arnaque, peu de gens comprennent comment le système fonctionne. On ne l’enseigne pas à l’école, et pour cause…

Nous allons dans ce papier plonger profondément dans les arcanes du système en essayant de ne pas s’encombrer du vocabulaire ésotérique de banquier. Vous serez un peu plus convaincu de la nécessité de diversifier votre épargne, si petite soit-elle, dans une vraie monnaie : bitcoin.

Qu’est ce qu’une économie ?

Un esprit rigoureux dira qu’une économie est avant tout un amas de machines fonctionnant avec de l’énergie (surtout du pétrole). Si nous mettons de côté la physique, l’économiste parle plutôt d’un ensemble de « transactions ».

L’économie peut être décrite comme l’ensemble des transactions. Le PIB annuel, par exemple, est une manière de quantifier l’économie. Il s’agit grossomodo de la somme de toutes les ventes s’étant déroulées au cours d’une année. Pour être précis, il s’agit de la somme des profits engrangés sur ces ventes. Dit autrement, pour la France, calculez environ 40 % du chiffre d’affaire total des entreprises du pays, et vous avez le PIB.

Toutes ces transactions se font avec de la monnaie. Jusque-là, rien de nouveau sous le soleil…

Maintenant, demandons-nous ce qu’est la monnaie ? Fut un temps où la monnaie se composait exclusivement de pièces d’or, d’argent ou de bronze. Heureux celui qui détenait une mine d’or ou d’argent…

Ces métaux précieux étant rares, leur valeur restait stable dans le temps. La quantité de pièces d’or augmentait très lentement et cela pouvait d’ailleurs poser des problèmes lorsque certains acteurs décidaient de thésauriser. Cela revient à créer une coagulation du sang tout à fait mortelle pour l’économie puisque les échanges ne peuvent plus se faire à moins de faire du troc, ce qui n’est pas très pratique.

La naissance de la monnaie papier

À un moment particulier de l’Histoire, entre le dix-septième et le dix-huitième siècles, notamment « grâce » à John Law dans le royaume de France, la monnaie papier fit son apparition. Voici ce que nous écrivions dans un précédent article pour décrire ce basculement historique avec la petite histoire de l’orfèvre:

« Les orfèvres (les ancêtres des banquiers) ont proposé de garder l’or à l’abri dans leurs coffres bien gardés. Les déposants recevaient en échange une lettre de change en guise de reçu. Un vulgaire bout de papier portant la signature calligraphiée de l’orfèvre promettant de restituer sur demande le montant inscrit en or.

Chacun réalisant que ces bouts de papier étaient bien pratiques, ils finirent par être utilisés en lieu et place de l’or pour les achats de tous les jours. Une monnaie parallèle était née ! La bête bancaire aussi… Les orfèvres se rendirent vite compte que les gens venaient rarement récupérer tout leur or si bien qu’ils se mirent à produire, puis carrément prêter, plus de lettres de change qu’il n’y avait d’or dans leurs coffres… Le système des réserves fractionnaires était né… »

Cointribune, 13 septembre, En 10 ans, Bitcoin (BTC) est devenu la sixième puissance monétaire Mondiale

Mais avant de parler de cette expression barbare « réserves fractionnaires », attardons-nous sur le fait que l’on prête désormais du papier…

« La seule monnaie est l’or, tout le reste n’est que crédit » JP Morgan

Pour la grande majorité des gens, l’argent correspond à un billet de banque, des pièces de monnaie ou encore l’argent se trouvant sous forme digitale sur les comptes en banque. Mais ce n’est pas tout à fait vrai… Ce que tout le monde appelle aujourd’hui monnaie est en réalité de la dette.

Dit autrement, si toutes les dettes étaient remboursées d’un coup de baguette magique, il n’y aurait plus un seul dollar ou euro en circulation. La monnaie est l’ombre de la dette. Elle est par définition temporaire et n’existe que le temps de l’emprunt.

Lors d’un emprunt, la banque crédite le compte de l’emprunteur avec de l’argent digital pouvant éventuellement être retiré sous forme de papier dans un distributeur. Cet argent est créé ex nihilo car il ne s’agit que de papier – contrairement à l’or dont on ne peut pas créer les atomes… Ce papier circule dans l’économie le temps de l’emprunt mais doit être remboursé après un certain temps. Une fois remboursé, il disparaît. Il est détruit. L’argent est temporaire.

Rappelez-vous de l’orfèvre. Ce dernier gardait pour lui la vraie monnaie (l’or) et prêtait des bouts de papier qu’il pouvait créer et prêter à l’envi. Rien n’a changé. Quand vous remboursez votre crédit, vous êtes en réalité en train de détruire de la monnaie. La vraie monnaie moderne, équivalente à l’or de l’orfèvre, s’appelle de la « monnaie centrale ». Toutes les banques en possèdent mais cette monnaie se trouve seulement sur des comptes détenues par la banque centrale.

Nous en revenons à ce que nous disons plus haut : le système monétaire moderne est un système de « réserves fractionnaires ».

Prouve-le !

Il est très facile de calculer le montant de « fausse monnaie » papier ou digital par rapport au montant de vraie monnaie centrale.

La quantité de monnaie centrale est représentée par le « bilan » de la banque centrale. Celui de la FED a par exemple augmenté de 25 % en 2020 et s’établit désormais à 7400 milliards $. Pour la BCE, nous sommes à 7000 milliards d’euros.

Bilan de la FED
Bilan de la FED (7400 milliards)

[Soit dit en passant, cela signifie que la quantité de dollars créés par la FED représente environ 40 % du PIB. Pour les euros créés par la BCE, nous sommes à environ 70 % du PIB…]

Parallèlement, la dette totale des États-Unis représente environ 80 000 milliards. La dette libellée en dollar représente donc 11 fois la quantité de dollars créés par la FED.

C’est une belle illustration de ce qu’est le « système de réserve fractionnaire ». Il y a actuellement 11 dollars temporaires pour un seul dollar permanent. À noter que tous les billets et pièces en circulation sont comptabilisés dans le bilan de la FED.

Si l’argent est temporaire, pourquoi la dette ne cesse d’augmenter ?

Excellente question. La réponse est très simple.

Les humains se reproduisent. Chaque année, des milliers de personnes arrivent en âge de s’acheter une maison et donc d’emprunter. 60 % de la monnaie se trouvant actuellement en circulation dans l’économie provient à l’origine d’un prêt immobilier. Le reste étant le fait de l’endettement de l’État et des entreprises.

D’autre part, les banquiers ne se privent pas non plus de prêter chaque annéee à l’Etat un peu plus que l’année précédente. Les États ne remboursent jamais leur dette, ils se contentent de la faire rouler.

Voilà ce que vous pourrez lire dans mon livre « Les esclaves de l’anthropocène » :

« Les nations ont été asservies en un demi-siècle à cause de l’engrenage redoutable consistant à faire rouler sa dette. C’est-à-dire emprunter pour rembourser les emprunts précédents.

C’est terrible car cela signifie que nos États accumulent des intérêts sur des intérêts. Et ça, c’est un processus mathématique absolument exponentiel qui s’apparente à ce que l’on appelle les intérêts composés. C’est-à-dire que la dette se nourrit elle-même. Alors que le taux d’intérêt normal évolue de façon linéaire, le taux d’intérêt composé évolue, lui, de manière exponentielle. »

Bref, les États, en faisant rouler leur dette, augmente mécaniquement la taille de la dette. Mais il n’y a pas qu’eux. Les banques se plaisent également à prêter de plus en plus aux particuliers malgré des salaires qui stagnent.
Nous écrivions il y a peu dans cet article :

« Pour rappel, à partir de cette année :

• La durée maximum des crédits passe de 25 ans à 27 ans

• Le taux d’endettement maximum passe de 33 % à 35 % (ratio mensualité de remboursement/salaire)

C’est cette fuite en avant qui pousse mécaniquement les prix immobiliers à la hausse, condamnant les nouvelles générations à l’esclavage par la dette… »

Cointribune, 10 janvier 2021, L’ancien Président de la BCE se lâche sur le dollar et le Bitcoin

La dette est sciemment gonflée un peu plus chaque année. Cette fuite en avant est absolument nécessaire et nous ramène à ce dont nous parlions un peu plus haut : la monnaie centrale.

inflation
« Les tiktokers ont découvert l’inflation »
« Ma grand-mère a acheté sa maison 35 000 $ en 1982. J’ai acheté ma maison en 2011 pour 240 000 $. Quel va-être le coût pour mes enfants ? »

La deuxième partie de l’article se trouve ICI.

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Nicolas T.

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