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Chine : vers une faillite en 2025 ?

lun 16 Sep 2024 ▪ 8 min de lecture ▪ par Satosh
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Suite à l’effondrement du secteur immobilier chinois, qui représentait 30% du PIB du pays, la Chine marche vers la récession. La Chine est-elle sur le point de connaître sa « crise de 2008 » ?

chine face à la crise

Que penserait Mao de la Chine ?

Imaginez un instant le terrible Mao Zedong, père fondateur de la Chine moderne, se réveillant de son long sommeil pour observer l’économie chinoise d’aujourd’hui.

Nul doute qu’il aurait du mal à reconnaître son pays. Des gratte-ciels à perte de vue, des voitures électriques silencieuses sillonnant les rues, et des robots livreurs distribuant des nouilles instantanées aux quatre coins des mégalopoles. Le « Grand Bond en Avant » a visiblement pris une tournure inattendue.

Pourtant, malgré ces signes extérieurs de modernité, l’économie chinoise traverse une zone de turbulences. Et pas des moindres !

Comment se porte vraiment la Chine ?

Les chiffres officiels, habituellement aussi lisses qu’un tofu, peinent à masquer la réalité du ralentissement. La croissance du PIB au deuxième trimestre 2024 n’a atteint que 3,2%, un chiffre qui ferait pâlir d’envie bien des économies occidentales, mais qui est bien loin des objectifs ambitieux du gouvernement chinois.

Les ventes au détail stagnent, comme si les Chinois avaient soudainement décidé de faire une grève de la consommation.

Mais le chiffre qui donne vraiment des sueurs froides aux dirigeants chinois, c’est le taux de chômage des jeunes qui a bondi à 21%.

Un jeune sur cinq sans emploi !

La bourse chinoise, quant à elle, semble avoir attrapé un rhume carabiné. L’indice CSI 300 a perdu près de 7% depuis le début de l’année, se dirigeant vers une quatrième année consécutive de baisse. Alors même que les marchés mondiaux se redressent.

Quelle est l’origine de ces maux ?

L’éclatement de la bulle immobilière, qui a débuté en 2021, joue le rôle du méchant dans cette histoire. Le secteur, qui représentait près de 30% du PIB chinois (oui, vous avez bien lu, 30% !), s’est effondré suite aux restrictions imposées par le gouvernement.

L’objectif était louable : limiter l’endettement des promoteurs qui construisaient des villes entières pour des habitants fantômes. Résultat : des centaines de chantiers à l’arrêt et des grues qui font la sieste, tandis que de nombreuses entreprises du secteur jouent à « qui va tomber en faillite en premier ? ».

Quelle a été la réponse de Xi Jinping face à cette crise monumentale ? Rediriger les ressources du secteur immobilier vers l’industrie manufacturière de pointe.

Exit les appartements vides, place aux « nouvelles forces productives » ! Véhicules électriques, batteries, bioproduction, drones… Xi rêve d’une Chine high-tech, créatrice d’emplois à haute productivité et autosuffisante face aux pressions américaines.

Vers une récession en Chine

Tous les signes d’une récession sont présents en Chine. L’inflation est tombée en territoire négatif depuis plusieurs mois. Les taux d’intérêt nominaux chutent également, signe que personne ne croit plus vraiment à une reprise rapide.

La crise immobilière a anémié la demande globale chinoise, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle a fragilisé le système bancaire du pays. De nombreuses banques locales ont prêté des sommes astronomiques aux « véhicules de financement des gouvernements locaux », des entités au nom barbare créées pour financer les infrastructures.

Ces prêts, garantis par la valeur des terrains, sont devenus extrêmement risqués. Résultat : les banques, fragilisées, réduisent l’octroi de nouveaux crédits.

Deuxièmement, l’effet richesse négatif pousse les ménages à épargner. L’immobilier constituait le principal actif des Chinois. Sa dépréciation les rend plus prudents dans leurs dépenses. De plus, de nombreux épargnants ont investi dans des produits de gestion de patrimoine adossés à l’immobilier, dont la valeur s’effondre.

Enfin, la déflation aggrave le problème de la dette. Avec des revenus et des prix en baisse, le poids réel des remboursements augmente. C’est comme si votre salaire diminuait mais que votre loyer restait le même. Cela pousse ménages et entreprises à réduire encore leurs dépenses, alimentant un cercle vicieux déflationniste.

Vers des politiques de relance pour éviter le crash ?

Face à cette situation inquiétante, la plupart des économistes appellent à un plan de relance massif axé sur la consommation. En gros, ils voudraient que le gouvernement chinois joue les Père Noël et distribue des yuans à tour de bras pour inciter les gens à consommer.

Mais le gouvernement central hésite à franchir le pas.

Une autre option serait de s’attaquer aux causes profondes de la faiblesse de la demande. Cela impliquerait de renflouer les banques pour assainir leurs bilans et relancer le crédit. Là encore, les dirigeants chinois semblent réticents, peut-être par peur de créer un précédent ou d’admettre publiquement l’ampleur du problème.

Pourtant, c’est la combinaison de mesures de relance et de sauvetages bancaires qui a permis aux États-Unis d’éviter une décennie de récession après la crise de 2008.

Contrairement aux prévisions pessimistes qui annonçaient une nouvelle Grande Dépression, l’économie américaine a renoué avec une croissance solide dès 2012.

Xi Jinping et ses partisans sont convaincus de pouvoir micromanager l’économie pour surmonter tous les obstacles. C’est un peu comme si un chef d’orchestre pensait pouvoir contrôler chaque note jouée par chaque musicien. Mais l’Histoire nous enseigne que la macroéconomie ne se comporte pas de la sorte. En refusant de déployer un plan de relance, la Chine risque de l’apprendre à ses dépens.

Un vieillissement démographique inquiétant en Chine

Le défi est d’autant plus grand que la population vieillit rapidement. Les Chinois d’âge moyen épargnent massivement en prévision de la retraite, conscients qu’ils ne pourront pas compter sur le soutien de leur enfant unique.

La politique de l’enfant unique, si elle a permis de contrôler la croissance démographique, se retourne maintenant contre l’économie chinoise. Or les économies des futurs retraités, principalement investies dans l’immobilier, fondent comme neige au soleil. Ces pauvres chinois, qui s’imaginaient avoir une épargne pour leur retraite, sont en train de la voir s’amaigrir…

Dans ce contexte, il faudrait un plan de relance de la consommation d’une ampleur considérable. Imaginez devoir convaincre des millions de Chinois inquiets pour leur retraite de dépenser leur argent plutôt que de l’épargner. Un défi que le gouvernement chinois ne semble pas prêt à relever pour l’instant.

À moins d’un changement radical de politique économique, la Chine pourrait donc connaître une longue période de croissance atone.

Les conséquences seraient majeures, tant pour l’économie mondiale que pour la stabilité politique du régime. Apprendre que la deuxième économie mondiale est en train de dérailler, est rarement une bonne nouvelle…

Le temps presse pour Xi Jinping s’il veut éviter que son « rêve chinois » ne se transforme en cauchemar économique. Le monde entier a les yeux rivés sur les turbulences économiques traversées par la Chine. Si le pays ne se redresse pas et continue de s’enfoncer dans la récession, c’est toute l’économie mondiale qui risque de dégringoler avec elle.

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Satosh

Chaque jour, j’essaie d’enrichir mes connaissances sur cette révolution qui permettra à l’humanité d’avancer dans sa conquête de liberté.

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