Chine : Le yuan détrône le dollar pour la première fois
C’est fait. La Chine utilise désormais davantage le yuan que le dollar dans ses échanges internationaux. Requiem pour la monnaie impériale.
La fin des privilèges
La guerre en Ukraine s’accompagne de profondes transformations politiques, diplomatiques, idéologiques et monétaires.
Le Dollar, en tant que principale monnaie de réserve internationale, confère à Washington un immense privilège. Cette domination monétaire s’érode toutefois depuis le début des années 2000. Depuis l’invasion de l’Irak, pour être précis.
Le dollar représentait 72 % des réserves internationales avant 2000, contre moins de 59 % en 2023. La rapidité de ce déclin a encore augmenté depuis le début de la guerre. La part du dollar est au plus bas depuis 27 ans. Et alors que près de 70 % du commerce mondial s’effectuait en dollars au début des années 2000, cette proportion est maintenant d’environ 40 %.
Ce lent retournement de situation signifie que les ennuis commencent pour les États-Unis. A ce rythme, l’empire ne pourra bientôt plus se permettre d’imprimer son déficit commercial sans crainte de voir sa monnaie se déprécier.
Ce privilège a toutefois un prix prenant la forme d’une dette gargantuesque. Les États-Unis sont la nation la plus endettée au monde.
Il faut voir cette dette comme un élastique qui se tend, et qui ne lâche pas tant que le monde continue d’utiliser le dollar. L’édifice s’écroulerait si les banques centrales abandonnaient le dollar.
Si ce scénario prenait forme, les États-Unis feraient défaut, comme en 1971, lorsque Nixon décréta la fin du Gold Standard. En sachant que 25 % de la dette publique américaine est détenue par les banques centrales étrangères, sans parler des investisseurs privés.
La sanction de trop
A vrai dire, le défaut des États-Unis a déjà commencé. La saisie des 300 milliards de dollars (et d’euros) appartenant à la Russie ne passe inaperçue. De même que la déconnexion du réseau SWIFT et la saisie de compte bancaires privés, de maisons, de voitures, de bateaux et d’avions d’entreprises privées.
Le monde découvre avec anxiété que l’occident ne remboursera pas et que le dollar est un piège. Si la première puissance nucléaire mondiale a pu se faire détrousser, personne n’est à l’abri. Quiconque refusera de s’aligner sur la politique étrangère américaine s’expose à deux représailles instantanées :
-La déconnexion du réseau SWIFT, ce qui revient à ne plus pouvoir commercer avec le reste du monde.
-Le pillage des réserves de change et de tout actif investi en occident (immobilier, actions de bourse, etc..).
N’importe quel pays (sauf la Russie) s’effondrerait en hyperinflation face à de telles armes financières de destruction massive.
Si bien que des dizaines de pays profiteent que l’occident soit en prise avec la Russie pour s’engouffrer dans la brèche en commerçant davantage avec leurs monnaies nationales. La Chine est le fer de lance de cet affranchissement monétaire.
Le yuan a été utilisé dans 49 % des transactions internationales de la Chine au cours du second trimestre, dépassant le dollar pour la première fois ! Selon la Banque centrale chinoise, les paiements internationaux en yuan furent de 42 100 milliards de yuans (5 850 milliards $) en 2022.
La Chine et la Russie effectuent désormais 80 % de leurs échanges en yuans et en roubles. Israël, allié indéfectible de l’oncle Sam, a ajouté le yuan chinois à ses réserves. Même la France accepte le yuan.
La liste continue…
Tout récemment, le Brésil et la Chine ont signé un accord pour commercer dans leurs monnaies nationales via le CIPS, qui est l’équivalent chinois du réseau SWIFT. Le yuan a remplacé l’euro comme seconde monnaie de réserve et Brazilia appelle à créer une union monétaire sud américaine pour remplacer le dollar.
L’Arabie saoudite vend du pétrole au Kenya en shillings kenyans et l’alternative du petroyuan au pétrodollar pourrait être activée à tout moment.
Le rouble russe est la monnaie dominante de l’Union économique eurasienne. La Turquie l’utilise aussi, de même que le yuan. L’Inde a signé des accords avec 20 pays, dont le Royaume-Uni, l’Allemagne, Israël, la Russie et Singapour, pour utiliser la roupie dans les échanges commerciaux.
Dernièrement, New Delhi et Abou Dhabi ont annoncé abandonner le dollar pour leurs échanges bilatéraux. Soit plus de 85 milliards de dollars par an qui se feront dorénavant en roupies ainsi qu’en Dirhams. Même chose avec l’Indonésie.
Les organisations mondiales et régionales non occidentales se mettent également au diapason. L’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) ne fait plus grand secret de son intention de se passer du dollar.
Le bouquet final pourrait venir des BRICS qui planchent sur une nouvelle monnaie de réserve internationale. Le sujet est épineux, mais il faudra bien se mettre d’accord puisque le commerce en monnaies nationales trouve rapidement ses limites. Une monnaie de réserve internationale est indispensable.
Bitcoin comme monnaie de réserve internationale
Votre serviteur pense que si la démocratie est le pire système de gouvernement, à l’exception de tous les autres, comme disait W. Churchill, le parallèle peut être fait avec la monnaie fiat.
Il n’y a pas de grand complot. Le système fiat s’est imposé partout parce qu’il est tout simplement celui qui permet de croitre le plus rapidement.
Mais il s’agit intrinsèquement d’un ponzi. La raison étant que chaque sou en circulation provient à l’origine d’une dette servant des intérêts. Il en résulte que la masse monétaire du système fiat DOIT augmenter, inlassablement.
Le système ne tient comptablement qu’en prêtant toujours plus. La conséquence étant que nous devons également produire toujours plus, sous peine de voir la quantité de monnaie enfler plus vite que la quantité de choses à vendre.
Malheureusement, croissance rime avec énergie. Or, il devient de plus en plus clair que le monde a franchi son pic de pétrole en novembre 2018.
Sauf miracle énergétique, nous nous dirigeons vers une inflation toujours plus élevée. Ce n’est pas pour rien que les banques centrales réfléchissent à relever leur objectif d’inflation à 3 %.
[Ne manquez pas notre article : « Pétrole et hyperinflation »]
La décroissance signifie que le taux d’inflation sera perpétuellement supérieur au rendement de la dette. Dans ce contexte, pourquoi les banques centrales garderaient-elles des titres de dette, américaine ou autre ?
Des taux réels perpétuellement négatifs seront un changement de paradigme au bénéfice des réserves de valeur comme l’or.
L’or dans un premier temps, et puis in fine le bitcoin qui est la seule réserve de valeur ABSOLUE. En effet, il est toujours possible de s’activer pour trouver plus d’or si sa valeur augmente. Ce n’est pas le cas avec le bitcoin et sa limite des 21 millions.
Le Bitcoin est une monnaie en même temps qu’un réseau de paiement apatride non censurable taillé pour remplacer le dollar dans les échanges internationaux. Même le CEO de BlackRock s’est rendu à l’évidence.
Maximisez votre expérience Cointribune avec notre programme 'Read to Earn' ! Pour chaque article que vous lisez, gagnez des points et accédez à des récompenses exclusives. Inscrivez-vous dès maintenant et commencez à cumuler des avantages.
Reporting on Bitcoin, "the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy".
Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.