Ces crypto-degens qui continuent de trader malgré le bear market

« C’est grave ! » prévient Jamie Dimon, le PDG de JP Morgan, la banque la plus puissante du monde. La planète traverse des turbulences historiques, au moins équivalentes à celles de 2008. Un chaos financier mondial nous guette et pourrait entraîner avec lui l’effondrement de certaines économies, banques et devises. Certains irréductibles crypto-degens continuent à espérer faire du profit. Certains y parviennent même. Quelle est leur recette ?

Chaos financier et bear market

Les marchés pâtissent naturellement de la crise et le bear market est durablement installé. Les crypto-degens continuent pourtant de s’exciter sur les marchés… Tous les signaux sont au rouge. La crise que nous traversons continuera de nous frapper pendant un certain moment. Étant donné que l’incertitude sur l’économie réelle a tendance à se répercuter sur les marchés, il est crucial de s’intéresser à la macro pour ne pas être une dinde.

L’inflation est le premier symptôme de déséquilibres profonds. Aux US, l’inflation de base se situe toujours aux alentours des 6 %. Il s’agit actuellement d’un phénomène global, diffus et non pas uniquement concentré sur des marchés spécifiques.

Face à une inflation historique, la Fed commence à relever ses taux d’intérêt et devrait continuer sur cette trajectoire restrictive. On peut penser que les taux continueront d’augmenter en 2023 jusqu’à ce que l’Amérique retrouve une inflation inférieure à 2 %. Les marchés s’attendent à des taux directeurs situés entre 4,5 % et 4,75 % d’ici la fin de l’année et un pic en mars 2023. 

Pourquoi la Fed prend-elle le risque d’euthanasier l’économie américaine en l’emportant vers une récession violente alors qu’il y a 7 mois, elle défendait mordicus les taux zéro et les bienfaits de la planche à billets ?

Car la Fed craint plus que jamais de perdre sa crédibilité en laissant se développer les métastases de l’inflation. Après avoir pratiqué le déni d’inflation pendant des mois en jurant que l’inflation était uniquement la conséquence de problèmes d’approvisionnements et de la guerre en Ukraine, la Réserve fédérale commence à reconnaître que si elle ne réduit pas brutalement la demande en augmentant les taux, les prix continueront de s’envoler. Et la confiance dans le billet vert de s’éroder. 

Les marchés continueront de pâtir des décisions de la Fed

Récemment, la CNUCED a appelé la Fed à revenir sur sa stratégie de durcissement et de commencer à envisager une baisse des taux. Cet organe rattaché aux Nations Unies craint que la fin de l’argent magique conduise le monde vers une récession brutale, voire une stagnation de plusieurs années. 

L’illusion de prospérité infinie venait à peine de se dissiper qu’ils (les bureaucrates) veulent déjà baisser les taux et recommencer à imprimer du papier. Les bureaucrates de la CNUCED n’ont pas les mêmes intérêts que les bureaucrates de la Fed. Les seconds ont intérêt à ce que la Réserve fédérale conserve sa légitimité à un moment historique où l’Amérique est divisée politiquement et où l’hégémonie du dollar est contestée. 

Plus les pressions extérieures exigeront que la Fed revienne sur sa stratégie, plus elle tendra à maintenir le cap. En effet, une banque centrale qui cède aussi facilement n’est pas une institution qui paraît indépendante.

La Fed gardera son cap, les autres pays suivront

Les banques centrales iront là où la Fed ira. Le dollar demeure incontestablement la monnaie de référence, celle qui a le plus de qualités. Lorsque l’incertitude financière s’accroît, tout le monde se réfugie sur l’actif le plus sûr, le moins risqué et le plus liquide : le billet vert. Même lorsque le système financier américain était sérieusement en péril en 2008, le dollar s’est apprécié, car il demeurait l’actif le plus sûr relativement aux autres.

Et puisque les décisions des banques centrales sont fortement corrélées à celles de la Réserve fédérale américaine, on peut s’attendre à voir une augmentation globale des taux dans les mois à venir. 

À l’exception d’Erdogan, qui milite activement pour l’hyper-bitcoinisation du monde, les autres nations devront continuer de durcir leur politique monétaire pour éviter une fuite de capitaux vers l’Amérique. En effet, lorsque les taux US augmentent, les investisseurs ont tendance à déplacer leurs capitaux des obligations étrangères vers les obligations américaines pour bénéficier de ces rendements supérieurs.

Vers une crise bancaire systémique ?

Une chose pourrait nous faire basculer dans une autre dimension. Quelque chose comme une crise bancaire. Naturellement, les marchés en pâtiraient et que dire de la crypto !

Les crises bancaires surviennent lorsque les banques deviennent insolvables jusqu’au point de faire faillite. Le secteur bancaire est parvenu à bénéficier d’un privilège royal : celui de jouir du système de réserves fractionnaires. Les banques sont des sociétés intrinsèquement fragiles qui sont incapables de rendre l’argent de tous leurs clients simultanément. Contrairement aux sociétés qui tokénisent du cash comme Circle.

Or, lorsqu’une banque s’effondre, cela peut entraîner tout le système financier vers la ruine en raison des fortes dépendances. Plus personne ne se fait confiance et les banques cessent de prêter. Sans capacité de s’endetter, un grand nombre d’entreprises font faillite et le chômage a tendance à exploser. Les crises bancaires sont, avec les crises monétaires, les pires formes de maux qui peuvent toucher une économie. C’était le cas de la crise de 29 et de celle de 2008.

Sommes-nous à l’aurore d’une nouvelle crise bancaire ?

Ces derniers temps, certains ont évoqué les difficultés de Credit Suisse, une banque systémique en Europe. Ce mois-ci, les CDS ont atteint un niveau que l’on n’avait pas vu depuis la crise de 2008. Il s’agit de titres financiers qui permettent de se protéger contre la faillite d’une société. Le prix des CDS a tendance à s’accentuer en période d’incertitude, lorsque des investisseurs estiment qu’une entreprise est en péril. Le prix de l’action s’est effondré de près de 60 % en l’espace d’un an.

Holder pendant le bear market : un mauvais plan ?

Comme on vient de le voir, tous les signaux indiquent une récession sévère et mondiale. Cependant, les récessions engendrées par des hausses de taux ont tendance à être plus courtes que celles déclenchées par des crises bancaires (entre 18 mois et 5 ans). Jamie Dimon, PDG de JP Morgan a récemment évoqué le risque sérieux d’une récession mondiale dans un horizon de 6 à 9 mois. Le financier n’exclut pas une baisse de 20 % du S&P500 et rejoint ainsi les prévisions de Ray Dalio qui tenait le même discours ces dernières semaines.

Le célèbre investisseur Paul Tudor Jones partage également cet avis. Il déclarait récemment dans une interview sur CNBC que « si nous entrons en récession, cela aurait des conséquences vraiment négatives pour toute une série d’actifs ».

Mais pour les degens de la crypto, hors de question d’attendre 2024 (prochain halving de Bitcoin qui pourrait coïncider avec un ralentissement de l’inflation) et de se contenter d’acheter du dollar en patientant.

En dépit du risque de 3e guerre mondiale thermonucléaire, du risque bancaire et de celui de l’inflation, ils n’ont pas froid aux yeux et embrassent la volatilité. Hors de question d’être conservateurs et d’écouter les conseils de Ray Dalio, Jamie Dimon ou Paul Tudor Jones.

Ils veulent devenir riches rapidement. Soit. La seule solution est donc de dénicher rapidement la nouvelle crypto du moment et de jouer intelligemment avec les effets de levier.

Bitcoin : le calme avant la tempête ?

Malgré la tempête macro et géopolitique que nous venons de décrire, le prix de bitcoin a été relativement stable par rapport aux marchés actions. Étonnant de voir l’actif connu et critiqué à maintes reprises pour sa volatilité être proche de ses plus bas records de volatilité.

Bitcoin est un actif intrinsèquement volatile. Son offre étant parfaitement déterministe et strictement inélastique, c’est-à-dire que sa politique monétaire n’est pas modifiée suite à une variation du prix. Le nombre de nouveaux BTC créé à chaque bloc sera identique, quelle que soit l’utilisation du réseau. Il est déterminé par une formule mathématique inscrite dans le code informatique du protocole. Code informatique qui ne peut pas être modifié facilement en raison du système de gouvernance.  

Par conséquent, toute augmentation de la demande de BTC débouche inévitablement sur une appréciation du prix de chaque BTC. Et toute baisse de la demande, par une chute vertigineuse du prix. Vous comprenez un peu mieux l’origine de la volatilité du bitcoin par rapport à d’autres actifs : une demande incertaine face à une offre inélastique.

La remarquable stabilité que nous observons actuellement est donc étonnante et pourrait laisser présager d’un imminent mouvement à la hausse ou à la baisse du BTC. 

Préparez-vous, le bear market n’a pas encore révélé tout son potentiel !

Devenir riche en bear market ?

Il y a deux types d’investisseurs crypto en bear market.

D’une part, ceux qui sont conscients que nous sommes dans une situation macro extraordinaire et qui vont essayer de ne pas perdre trop d’argent dans ce chaos d’incertitude et de volatilité. Ils comprennent la puissance du narratif autour du bitcoin, croient dans son potentiel et en accumulent tranquillement avec du DCA. Ils n’ont pas pour intention de devenir riches en 24 heures, maîtrisent leur risque en lissant leur investissement. Éventuellement, ils ont recours à des produits d’épargne pour booster leurs rendements.

Pour rappel, comme l’explique la plateforme d’échange Bybit qui propose un service de trading DCA : 

« Le robot de trading DCA de Bybit est un outil efficace pour gérer le danger d’investir trop d’argent à la fois. Le trading DCA est passif et n’inclut aucun frais de gestion active. C’est idéal pour les personnes qui veulent gagner un revenu et qui peuvent se permettre d’augmenter régulièrement leur investissement. Si vous cherchez un moyen simple d’acheter des cryptos sans stress, ce bot est fait pour vous ! ».

Crypto degens : faire du cash rapidement en bear market

Les autres investisseurs sont les degens. Ils vont sur des plateformes comme Bybit, achètent des tokens à effet de levier pour vivre des sensations fortes et augmenter leurs rendements potentiels. Des gens courageux que nous devons admirer.

Bybit fournit une explication des tokens à effet de levier sur son site :

« Voici un exemple. Supposons que le prix en Spot du BTCUSDT augmente de 10 000 $ à 10 500 $ en un jour (c’est-à-dire de 5 %).

• Si vous avez acheté le token à effet de levier BTC3L (en position longue avec effet de levier de 3x), vos rendements seront de 15 %.

• Si vous avez acheté le token à effet de levier BTC3S (en position courte avec effet de levier de 3x), vous vous exposez à une perte.

En prédisant correctement les variations de prix du token sous-jacent dans des conditions de marché appropriées, vous pouvez considérablement augmenter vos rendements en comparaison à une position en Spot. »

Psychanalyse du crypto degen

Le bear market n’arrêtera pas les degens, croyez-moi.

Degen vient de « degenerate ». Un degen est un dégénéré de la crypto. Une personne honorable qui croit sincèrement que certains projets crypto vont le rend millionnaire. Il rêve de revenus passifs et programme déjà son évasion fiscale à Dubaï. 

Un adopteur précoce qui pense avoir un QI supérieur à 150 et que Warren Buffet est un boomer qui ne comprend rien à la finance. Il peut autant avoir 14 que 28 ans. Son degré de dégénérescence se mesure à l’aune du niveau de confiance qu’il a d’acquérir rapidement une Lamborghini. Et puisque c’est évident que le nouveau shitcoin déniché sur Twitter (ou Reddit pour les nerds) le conduira à la richesse absolue, autant faire un « all in » pour maximiser ses gains. Avec un levier 125. 

Un simple logo mignon apposé sur un pdf de 3 pages mal traduit peut conduire le degen à hypothéquer maisons, femmes et enfants. Blockchain pour le golf pour ne plus jamais se tromper sur les scores ou blockchain contre les pannes érectiles ? Tous les projets « blockchain » font fantasmer le degen qui y voit un nouveau paradigme. Lui seul comprend, car lui seul à 150 de QI.

Et quand un homme qui a réellement 150 de QI commence à promouvoir ses nouveaux shitcoins, le degen se sent fier d’avoir été un visionnaire.

En bull market, le degen achète. En bear market, le degen continue d’acheter. Parfois plus, car il a l’impression de faire de bonnes affaires. Bref, rien n’arrêtera le degen qui continue d’acheter, de conserver (même quand son shitcoin vient de perdre 99 %) et espère que ses actifs feront un x10 (pour les plus conservateurs). Le degen ultime n’achète même plus de BTC, car ce serait trop volatile. L’actif n’apporte pas assez de sensations fortes.

Éloge du guerrier

Êtes-vous capables de prendre autant de risques extrêmes que les degens ? Nous devons réellement nous incliner devant leurs capacités financières hors normes. De preux chevaliers, de valeureux soldats qui n’auraient pas hésité une seconde à aller dans les tranchées en 14. 

Ce ne sont certainement pas des escrocs, mais des croyants prêts à tout investir pour que leur projet crypto devienne le nouveau BTC. Prêts à utiliser leur courte vie pour produire des mèmes avec Pepe the Frog qu’ils diffuseront sur Twitter. 

Je pense sincèrement qu’on ne peut pas produire des mèmes aussi puissants que ceux des degens sans avoir une compréhension chirurgicale de la psychologie humaine.

L’économie mondiale va donc très mal et nous allons très probablement vivre une période d’incertitude financière où la volatilité deviendra la norme. Nous ne sommes pas près de sortir du bear market. Face au péril de l’inflation, de la crise bancaire et de la guerre thermonucléaire, détenir un portefeuille financier diversifié en intégrant une part de bitcoin peut être hautement stratégique. À moins d’être un crypto degen et d’aller faire du levier sur des cryptos plus exotiques…