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Ces 3 personnes qui ont vraiment besoin de la crypto

lun 19 Déc 2022 ▪ 17 min de lecture ▪ par Satosh

Depuis des années, on entend que bitcoin est inutile. La députée socialiste Aurore Lalucq l’a martelé dans une interview récente, appelant à plus de régulation. Pourtant, trois types de personnes ont absolument besoin d’une alternative monétaire digitale qui ne nécessite pas de confiance envers un tiers bancaire ou gouvernemental. Qui sont ces gens pour qui la crypto n’est pas une question spéculative, mais une marchandise vitale ?

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Aurore Lalucq n’a pas fait ses devoirs

Aurore Lalucq, députée européenne était l’invitée de France Inter, où elle débattait avec Claire Blava sur l’utilité sociale des cryptos. Voici une retranscription de son intervention où elle ne cesse de rappeler que la crypto est un secteur « sale ».

« On la cherche encore l’utilité sociale du bitcoin, nous en tant que législateurs et régulateurs et encore plus ceux qui se sont fait plumer. C’est un secteur qui raconte des histoires et qui se raconte des histoires. L’idée de dire bitcoin est totalement déconnecté de tout… ce n’est pas vrai, car la preuve, ça dépend des politiques des banques centrales. Lorsque les banques centrales mettent du cash dans le système, le prix du bitcoin augmente, dès que la fête est finie, le prix dégringole. Ce n’est pas du tout contracyclique. Ce n’est pas du tout une monnaie. C’était censé être un rempart contre l’inflation, c’est en train de se crasher en ce moment même. On se raconte des histoires, des mythes.

Les cryptos étaient censées être le système monétaire et financier alternatif, celui censé nous protéger suite à la crise de 2008. Ça fait 14 ans que ça existe, on n’a toujours pas vu de système monétaire alternatif, plus sécurisé, moins opaque, qui nous protège de l’inflation. Au contraire, on est en train de voir un système opaque, complètement centralisé et pas du tout décentralisé.

Très libertarien, c’est-à-dire c’est la loi du plus fort et on tape sur les plus petits et sans aucune règle. Or quand il n’y a pas de règles, il n’y a personne pour protéger. Quand il n’y a pas de règles, il y a personne pour vous protéger. Il n’y a pas de règles dans le marché des cryptos. Aucune. Quand il y a un problème, vous perdez tout, même quand il y a le label autorité des marchés financiers. Aujourd’hui, il y a des gens qui sont en train de perdre tout. Et il n’y a pas que les gens qui ont les moyens de perdre tout. Aujourd’hui, le secteur crypto n’est pas propre. »

« Le secteur crypto n’est pas propre »

« On ne connaît pas l’état du secteur. Des FTX, ça se trouve, il y en a plein. On a tous les jours des problèmes. J’attends comme beaucoup de superviseurs, de régulateurs, qu’on nous prouve la valeur ajoutée de ce secteur. Pour l’instant, ça ne crée que des problèmes. C’est très marrant à chaque qu’ils créent un problème avec les plateformes, ils viennent nous vendre une solution.

Maintenant c’est Ledger qui nous dit il faut avoir les clefs. Ils créent des problèmes massifs et après ils nous vendent la solution. On a été d’une bienveillance coupable avec les cryptos, il va falloir que ça change. En termes d’énergie, on a d’autres choses à faire aujourd’hui que de mettre de l’énergie dans quelque chose qui n’a jamais prouvé son utilité sociale et qui ne crée que des problèmes. »

« Votre secteur, la crypto, est un secteur sale », Aurore Lalucq. »

Il n’y a pas que des escrocs

Après la faillite de FTX et les difficultés que rencontrent aujourd’hui Binance, des observateurs extérieurs à crypto (comme le « régulateurrrrrr » Aurore Lalucq) pourraient être facilement tentés de croire qu’il ne s’agit finalement que d’un gigantesque Ouroboros financier. 100 % de scams. 100 % de Ponzis et 0 % d’utilité. Dans la grande majorité des cas, ils n’auraient d’ailleurs pas tort. Mais toutes les cryptos ne se valent pas.

Lorsqu’on s’intéresse un peu plus sérieusement au sujet (et surtout à bitcoin), il convient de reconnaître que la crypto est extrêmement utile, voire vitale pour trois catégories de personnes. Ces personnes ne vivent généralement pas dans un Occident où l’inflation est relativement modérée (quoique déjà spoliatrice) et où l’État de droit existe.

Aurore Lalucq a beau considérer l’utilisation des cryptos dans les pays en développement comme un spectacle ennuyeux, il n’en reste pas moins que les faits sont là. Près de 65 % des utilisateurs de cryptos vivent dans des pays pauvres. Pourquoi ? Parce que bitcoin est avant tout une assurance contre la dictature et les échecs fracassants des gouvernements. C’est donc parfaitement normal que BTC soit d’abord utilisé dans des pays défaillants sur le plan monétaire et davantage sujets à l’autoritarisme.

Dans un monde idéal, où le système bancaire serait disponible partout sur la planète et où le droit de propriété serait respecté sur chaque m2 du globe, alors la crypto serait inutile. Mais ce monde n’existe toujours pas.

Ces individus qui ont besoin de Bitcoin

Nous avons déjà évoqué dans un précédent article, les raisons pour lesquelles bitcoin est extrêmement utile pour les États dans un contexte de 2e guerre froide afin d’échapper au couperet des sanctions américaines. Il est temps de parler des individus.

Les Vietnamiens, les opposants au Parti Communiste Chinois et les travailleuses du sexe. Voilà trois types d’individus qui ont absolument besoin d’une forme de cash digital qui minimise la confiance.

Ces gens ne sont pas dans la crypto pour échanger des JPEG de singes, pour faire des investissements en capital-risque ou parce qu’ils sont particulièrement réceptifs aux schémas Ponzi exotiques inventés dans les Bahamas. Non. Ils ont adopté le bitcoin et certains stablecoins par nécessité.

Ils utilisent le bitcoin, comme une roue de secours contre le viol insupportable de leur droit de propriété par leurs gouvernements respectifs.

Droit de propriété bafoué dans le cadre de la production d’inflation pour financer les dépenses publiques dispendieuses du gouvernement. Droit de propriété nié pour éteindre des mouvements dissidents dans des dictatures comme la Chine ou encore pour des motifs moraux.

« La propriété étant un droit inviolable et sacré… »

Pourquoi le vietnamien ou l’ukrainien utilise-t-il bitcoin ?

Parce qu’il n’a pas accès au système bancaire traditionnel. Point à la ligne. Près de 70 % des Vietnamiens n’ont pas de compte bancaire. Et cette défaillance ne concerne pas que le Vietnam, mais aussi le Nigéria, les Philippines, l’Indonésie, le Kenya ou le Venezuela. En Asie du Sud-Est, près de 50 % de la population n’a pas accès aux services bancaires et financiers. Peu étonnant que ces pays soient les principaux utilisateurs de cryptos.

Le système bancaire est tellement dysfonctionnel et sclérosé, que pour envoyer ou recevoir de petites sommes d’argent, un Vietnamien doit traverser des obstacles administratifs considérables. Un temps monstrueux gâché dans des process administratifs…

Même si les gouvernements ont tenté par le passé de forcer les banques à accorder des prêts, ces dernières se sont souvent effondrées en raison d’une mauvaise gestion du risque, ce qui a anéanti la confiance au passage. Et même si vous parvenez par miracle à déposer de l’argent dans une banque, la probabilité de le retrouver intégralement est là aussi assez faible. C’est donc en raison de défaillances structurelles du secteur bancaires que les Vietnamiens ont spontanément adopté bitcoin.

On pourrait présenter à notre « régulateurrrrr » Aurore Lalucq ce premier cas d’usage. Bitcoin comme solution d’épargne pour des populations débancarisées dans des pays en développement comme le Vietnam. En tant que socialiste, le sort des Vietnamiens doit sans doute la toucher profondément. D’autant plus que l’épargne qui est à l’origine de l’investissement et donc de l’accumulation du capital est un phénomène incontournable pour sortir un pays de la pauvreté. C’est extrêmement important et bitcoin répond à cette problématique.

La crypto contre Poutine

Si elle n’est toujours pas convaincue, on pourrait aussi évoquer le cas ukrainien, qui pour les mêmes raisons a adopté les cryptos. En misant rapidement sur les dons en cryptos, le gouvernement ukrainien a permis aux Occidentaux de soutenir l’effort de guerre contre la dictature de Poutine.

Lorsque votre pays se fait envahir et que vous trouvez tout de même le temps de faire passer une loi entre deux obus pour légaliser la crypto en urgence, c’est bien que celle-ci ait une utilité remarquable.

Alex Bornyakov, ministre ukrainien de la transition numérique reconnaît en personne l’utilité des cryptos pour financer la guerre contre Poutine.

« Les cryptomonnaies sont extrêmement utiles pour faciliter l’envoi de fonds aux Forces armées ukrainiennes. »

Sans les cryptos, il eût été impossible pour un particulier occidental de financer toutes ces armes.

Pourquoi le Vénézuélien utilise-t-il la crypto ?

Depuis des années, l’économie du Venezuela s’effondre. Le pays travers une hyperinflation à trois chiffres si bien que le gouvernement est contraint de supprimer des zéros à sa monnaie au fil des mois, pour camoufler les dégâts qu’il a produits.

Lorsque la monnaie de votre pays s’effondre de manière vertigineuse vers le zéro absolu, vous avez tendance à préférer toute alternative monétaire moins volatile. Vous voulez préserver vos économies face aux dévaluations successives.

C’est pourquoi, de nombreux Vénézuéliens sont prêts à accepter la volatilité de bitcoin, car elle demeure généralement inférieure à celle du shitcoin national. Et si vous êtes encore réticent à détenir du bitcoin, alors disposer d’USDT sur votre wallet mobile vous permettra d’accéder à l’actif le plus liquide de la planète, sans compte bancaire.

Ce n’est pas rien de permettre à des pays pauvres et dysfonctionnels de surmonter ces défaillances.

Pourquoi la travailleuse du sexe a besoin de la crypto ?

Il suffit de voir comment les travailleuses du sexe sont traitées par les prestataires de paiement comme Paypal ou Stripe pour comprendre l’intérêt de la crypto. Construire une communauté, prendre des risques, pour finalement se voir confisquer son argent au nom de l’indécence publique. Le prestataire de paiement parvient à asphyxier de fait une activité économique légale en théorie.

Une anxiété financière insupportable qui pousse de plus en plus de plateformes de contenus exclusifs comme Onlyfans ou Mym à se tourner vers la crypto.

D’où la nécessité d’un cash P2P qui minimise la confiance et qui permet à deux êtres humains volontaires de se lancer dans un échange commercial, sans se soumettre aux diktats de Paypal ou de Visa.

Il suffit de faire des vidéos ASMR pour perdre son compte paypal.

Pourquoi le militant politique a-t-il besoin de la crypto ?

L’État de droit demeure une anomalie en 2022. Russie, Iran, Arabie saoudite, Venezuela, Chine, Corée du Nord, Biélorussie… autant de dictatures terribles où les gouvernements utilisent l’instrument financier pour réprimer les mouvements dissidents.

Lorsque la République islamique d’Iran utilise le gel des comptes bancaires pour réprimer les mouvements dissidents de femmes refusant de porter le voile, bitcoin, là aussi permet de garantir les droits fondamentaux des individus en matière de propriété.

Idem, lorsque HSBC décide de bloquer les comptes de dissidents politiques à Hong Kong, mettant en application les directives du si totalitaire Parti Communiste Chinois.

D’ailleurs, nous n’avons pas besoin d’aller jusqu’en Iran pour observer ce genre mesures autoritaires. On se souvient qu’en 2021, le gouvernement canadien a gelé des comptes de manifestants.

Si les systèmes bancaires étaient informatisés dans les années 40, l’État français aurait sans doute gelé de nombreux comptes. Les maquisards auraient alors sans doute été heureux d’avoir bitcoin pour financer leurs actions de résistance.

La menace de l’autoritarisme à l’heure de l’informatique et de l’IA doit tous nous préoccuper. D’ailleurs, se soucier de la liberté n’est pas qu’un truc de libertariens. Beaucoup d’amis d’Aurore Lalucq ont commencé à parler de « démocratie en danger » à la suite de l’assaut du 6 janvier par les militants trumpistes de l’alt right. La menace fasciste vient autant de la droite que de la gauche.

Certes, la répression financière continuera de concerner une minorité de personnes mais permettre à des dissidents politiques de mener leur combat contre l’autocratie grâce à de la monnaie non censurable n’est-il pas d’une immense utilité ? Sans doute, et c’est pourquoi au-delà de la résistance à la censure, la crypto doit gagner en privacy, ce qui n’est pas réellement le cas avec bitcoin.

Plus la crypto serait anonyme, plus les gouvernements devront faire des efforts pour limiter l’usage de la crypto. Et lorsque le coût devient trop important, le gouvernement a tendance à allouer son énergie à d’autres activités répressives.

Pourquoi Aurore Lalucq pense que toute la crypto est une escroquerie ?

Parce qu’Aurore Lalucq n’a pas étudié le sujet en profondeur (trop occupée à produire de nouveaux formulaires Cerfa) et qu’elle vit dans un pays où le système bancaire est globalement fonctionnel. En effet, lorsqu’on vit en Occident nous n’avons globalement pas besoin pour le moment de crypto. (Quoique l’euro soit en chute libre depuis plusieurs mois et que nous aurions tous intérêt à utiliser des stablecoins dollars pour protéger notre épargne).

Si vous utilisez bitcoin pour payer votre pain ou votre café en France, vous troquez un système financier classique relativement efficace, confidentiel, sécurisé et rapide contre une alternative plus volatile et moins efficiente. En dehors de l’acte militant du maximaliste (hautement respectable), c’est peu rationnel, car vous ne subissez pas de censure et bitcoin n’est pas résistant à l’inflation. Dans ce cas, les intermédiaires de confiance sont en effet extrêmement utiles et nous permettent de nous supprimer l’anxiété liée à la possession de ses actifs.

Mais tout le monde n’a pas la chance de vivre dans un pays doté d’un bon système bancaire. La preuve en vidéo :

La crypto est une assurance

En définitive, la crypto est d’abord et avant tout une assurance contre l’autoritarisme et le viol du droit de propriété. C’est une roue de secours vitale quand on comprend que toutes les formes de libertés découlent du droit de propriété.

Pas de liberté d’expression, si vous ne pouvez pas utiliser votre argent pour créer votre média. Aucune liberté d’association, si vous ne pouvez pas louer une salle de réunion. Pas de liberté religieuse, si vous ne pouvez pas financer la construction d’une église.

Cette roue de secours est naturellement extrêmement inefficiente pour des usages traditionnels. De même, que la NASA a dépensé des millions de dollars pour développer un stylo spatial et que ce stylo ne sert pas à grand-chose sur Terre, bitcoin nécessite beaucoup d’énergie pour créer une valeur résistante à l’oppression dans des pays autoritaires où le système financier s’effondre, tout en ayant peu d’utilité dans des États de droit solides.

Bitcoin empêche un élément corrompu de la civilisation de déclarer qu’une certaine valeur ne vous appartient plus.

Au-delà des Ponzis et des escroqueries qui sont légion dans la crypto, il convient d’admettre que cette industrie apporte un ensemble de solutions technologiques importantes dans des pays autoritaires et défaillants sur le plan bancaire. Bitcoin, grâce à sa nature incensurable, les stablecoins dollars, grâce à leur ancrage à l’actif le plus liquide du monde et Monero, grâce à ses caractéristiques privées sont les actifs les plus précieux dans ce combat pour la défense du droit de propriété.

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Satosh

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