Certains mineurs de bitcoin seraient-ils pris à la gorge ?
Il y a comme du gaz dans l’air chez les mineurs de bitcoins pris en tenaille par la crise énergétique et la baisse du bitcoin. Ceux n’ayant pas voulu chercher de l’électricité non carbonée se retrouvent à brader leurs BTC.
Mineurs carbonés acculés
CompassMining rapporte que le flux mensuel de BTC du mois de mai depuis les adresses de mineurs vers les exchanges est au plus haut depuis janvier.
Pour CompassMining, ces flux signifient que les mineurs sont en train de vendre en raison de la baisse du bitcoin qui « érode leur rentabilité ». La firme se demande également si la baisse du hashrate ne serait pas liée au fait que certains mineurs soient obligés d’éteindre leurs machines.
En effet, le mining de BTC est forcément moins profitable à 30 000 $ le BTC, plutôt que 70 000 $. À 30 000 $, les Antminer S9 de Bitmain ne sont par exemple plus rentable dès que le prix de l’électricité dépasse six centimes par kilowattheure.
Or le prix de l’électricité est en forte hausse pour des raisons physiques et géopolitiques.
À 78 euros le mégawattheure sur le marché de gros des Pays-Bas, le prix du gaz reste quatre fois supérieur à la normale pour cette période de l’année. Aux États-Unis, les prix sont en hausse de près de 300 % sur deux ans.
Le charbon n’est pas en reste. Le prix de l’anthracite s’est envolé de 500 % par rapport à trois ans en arrière (+130 % depuis le début de l’année).
Face à cette inflation, les mineurs les plus impactés n’ont pas 36 solutions. Il faut soit éteindre les machines, soit vendre des bitcoins. Lever des capitaux est une autre option, mais cela devient de plus en plus difficile.
CoreScientific, le plus grand mineur au monde, a décidé de vendre une partie de ses BTC. Coindesk rapporte aussi que Riot Blockchain a « vendu près de la moitié de ses bitcoins en avril après en avoir déjà vendu énormément en mars ».
Les déboires de Riot ne sont pas surprenants quand on sait que seulement 54 % de ses 550 Mwatts proviennent de sources d’énergie renouvelables. Les mineurs qui tirent leur épingle du jeu sont ceux installés près des sources d’énergie dont personne ne veut.
Les mineurs de bitcoin seront bientôt tous verts
Les mineurs qui survivent aux bear markets sont ceux qui bénéficient de l’électricité la moins chère. Le mineur canadien Bitfarms l’a bien compris en plaçant ses machines près de barrages hydroélectriques. Si bien qu’au lieu de vendre ses BTC, Bitfarms a pu au contraire en acheter un millier en début d’année.
Le directeur de Bitfarms Ben Gagnon a déclaré dans son dernier rapport trimestriel que sa firme « reste rentable, malgré la baisse du prix du bitcoin ». « Grâce à notre modèle d’entreprise et notre énergie hydroélectrique […], Bitfarms bénéficie de l’une des énergies les plus stable et moins cher au monde ». « Notre faible coût d’exploitation est l’une de nos principales forces. »
En effet, d’après l’analyste @guerillav2, il faudrait que le prix du BTC tombe aussi bas que 10 000 $ pour que Bitfarms mine à perte (ce coût d’exploitation n’inclut toutefois pas le salaire des employés et autres charges).
Les mineurs opérant surtout au Canada (Argo, Hive, Iren) jouissent du même confort. A contrario, les mineurs branchés en bonne partie sur le réseau national (Marathon, Bitdigital, Core Scientific, etc) sont sous pression dès que le BTC baisse en dessous de 20 000 $.
La situation est même très tendue pour les mineurs texans vu que l’été s’annonce brûlant. Le mineur Argo a miné 25 % de BTC en moins au mois de mai à cause notamment de coupures de courant liées à la forte demande électrique pour les climatisations des foyers texans.
Bitfarms n’a pas ce genre de problème et sa production moyenne quotidienne a augmenté de 3 % au mois de mai (13,9 bitcoins/jour). Son CEO Emiliano Grodzki a même annoncé avoir « terminé la construction de notre dernière installation comprenant 7 400 mineurs générant environ 740 petahash par seconde ». M. Grodzki espère atteindre une capacité de calcul de 4 exahash par seconde d’ici à la fin du second trimestre.
Dit autrement, Bitfarms ne sera pas forcé de se séparer de ses BTC, contrairement à son concurrent RIOT qui mise tout sur le Texas (750 MWatts). Un parc de machines de 200 MWatts y tournerait déjà et les résultats escomptés ne semblent pas au rendez-vous. L’année dernière, le mineur a dû cesser ses opérations 72 fois, soit 254 heures en tout.
Conséquence de la crise énergétique, nombre de mineurs sont massacrés en bourse avec des chutes allant jusqu’à – 90 %. Le secteur dans son ensemble s’affiche en recul de plus de 60 %…
L’analyste @guerillav2 note que la valeur boursière de certains mineurs est même en dessous de la valeur de leurs machines de mining, c’est dire… Il y a donc de très belles opportunités d’investissement. Même en France. Le mineur BigBlock lève des fonds depuis le début de l’année.
En définitive, ceux qui fustigent la consommation d’énergie du bitcoin doivent simplement prendre leur mal en patience. Les mineurs de BTC sont condamnés à subventionner la transition énergétique en achetant les capacités de production inutilisées des énergéticiens verts.
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