Ce prix Nobel pense que la crypto et le bitcoin (BTC) n'ont aucune valeur
Après le séisme provoqué par l’effondrement de l’UST, un « stablecoin » reposant sur un schéma de Ponzi, plusieurs économistes ont commenté le krach. L’un d’entre eux, Paul Krugman, prix Nobel d’économie, ne ménage pas ses critiques envers l’écosystème et considère une nouvelle fois que la crypto n’a aucune valeur fondamentale.
Qu’est-ce que la crypto ?
Paul Krugman pense que les crypto-monnaies sont des formes bien particulières d’actifs numériques. La principale différence repose sur la redéfinition de la notion de propriété. Lorsqu’on possède 1 000 euros sur un compte bancaire, on le possède parce que la loi le dit et que la banque respecte cette revendication légale en exigeant que l’on est bien le propriétaire. L’État qui détient le monopole policier est donc l’arbitre final qui permet au système de fonctionner.
À l’inverse, la propriété d’un actif cryptographique est établie par la chaîne de bloc qui est un registre public qui enregistre toutes les transactions au sein d’un réseau d’utilisateurs. Dans le cadre du BTC, le protocole ne supprime pas que les banques de l’équation, mais surtout l’État.
BTC, un mauvais refuge contre l’inflation ?
Paul Krugman commence par comparer l’évolution de l’indice des prix à la consommation, qui mesure l’évolution d’un panier moyen de biens et de services en dollars et en BTC. En dollar, les prix ont en moyenne augmenté de 4 % au cours des six derniers mois. En bitcoin, de plus de 120 %, représentant ainsi une inflation des prix annualisée de 380 %.
Le prix Nobel affirme donc que le BTC n’est pas (encore ?) un bon actif pour se protéger de l’inflation. On peut difficilement réfuter sa conclusion, du moins en Occident.
La crypto, surtout du marketing ?
À l’origine, BTC attirait une clique de libertaires fascinés par la technologie du protocole, puis progressivement, les bull markets ont attiré de nouveaux investisseurs motivés par le profit rapide. Des célébrités et des influenceurs ont activement contribué à cette arrivée de nouveaux entrants : Elon Musk, Matt Damon, Mike Tyson ou encore Kim Kardashian.
Des personnalités politiques comme le maire de New York, Eric Adams ou le candidat républicain au Sénat Josh Mandel ont tous loué le BTC. Ce dernier a même l’intention de transformer l’Ohio en un État « pro-Dieu, pro-Famille, pro-Bitcoin ». Krugman trouve regrettable que les plus pauvres soient aussi les plus susceptibles d’être influencés par ces célébrités. Et donc de perdre de l’argent.
Des investisseurs différents
Paul Krugman remarque que les investisseurs crypto sont bien différents des investisseurs du marché des actions. Ceux-ci seraient majoritairement blancs et auraient suivi un cursus universitaire. À l’inverse, en citant une étude du NORC, 44 % des investisseurs crypto ne seraient pas blancs et 55 % n’auraient pas de diplôme universitaire.
Aucune valeur fondamentale ?
Le prix Nobel ne voit aucune différence fondamentale entre les cryptomonnaies et les systèmes de paiement comme Venmo ou PayPal. Il reconnaît tout de même une utilité sur le marché noir grâce à des crypto plus ou moins anonymes. Les crypto ne joueraient donc aucun rôle dans les transactions économiques et leur prix ne reposerait actuellement que sur la spéculation et le FOMO (fear of missing out).
Le bitcoin n’aurait pas besoin de temps supplémentaire pour se développer, selon Paul Krugman. Il considère que c’est déjà une technologie ancienne, aussi vieille que l’iPad, et qui n’a pas su transformer l’essai. L’incapacité à payer facilement ses courses en BTC prouverait cet échec. Son introduction au Salvador serait, elle aussi, un échec cuisant en raison du faible taux d’utilisation.
Krach de la crypto, les nouveaux subprimes ?
Paul Krugman fait un parallèle entre la crise des subprimes et le marché crypto. Les risques liés aux cryptos pèseraient de manière disproportionnée sur les personnes mal informées. Il est toutefois peu probable que la crypto dégénère en crise économique globale en raison de la faible taille de l’écosystème relativement à l’industrie financière.
Il compare l’influence de célébrités comme Musk à celle d’influenceurs qui encourageaient les prêts hypothécaires à risques. À l’époque, il s’agissait de démocratiser l’accès de la propriété aux groupes minoritaires à la classe ouvrière.
Le prix Nobel Paul Krugman n’est pas à sa première critique de la crypto et de bitcoin (BTC). Le krach de l’UST ne fait que conforter sa vision : la crypto n’a aucune valeur fondamentale, elle est néfaste pour l’environnement, et les pauvres seront les premières victimes. Il est bon de se rappeler que cet économiste disait en 1998 qu’internet n’aurait pas plus d’impact sur le monde que le fax…
Source 1 : The New York Times ; The New York Times
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