CBDC : Ils vont tout soviétiser !
Les banques centrales vont bientôt sortir leur CBDC. Ils nous promettent plus d’inclusion financière. En fait, ils programment de soviétiser un peu plus les économies et d’accroître le degré de contrôle de l’Etat sur les individus. Le Saint Parti Communiste Chinois a montré la voie aux démocraties libérales occidentales. Êtes-vous prêts à payer 20 % de TVA sur vos achats Leboncoin ?
Les CBDC vont bientôt débarquer
Depuis quelques années, les banques centrales du monde entier travaillent intensément pour sortir leur monnaie numérique. Selon la BRI, ce sont plus de 114 pays qui à l’heure actuelle rémunèrent des fonctionnaires pour construire de nouveaux outils monétaires qui ne feront que réduire un peu plus l’espace de liberté des individus. La dynamique gagne incontestablement du terrain puisque près de 60 % des banques centrales estiment « probable » l’émission d’une CBDC de détail dans les 1 à 6 prochaines années. Ce chiffre était de 20 % en 2018.
À l’inverse des dépôts bancaires traditionnels ou des systèmes de paiements comme Paypal, Venmo ou Cashapp dont la responsabilité est du ressort d’institutions privées, ce sont les banques centrales qui gèrent les CBDC.
CBDC : un pacte faustien
Avec une CBDC le risque de défaut et de liquidité est donc théoriquement minimal, voire inexistant. En effet, la banque centrale disposant de la magique planche à billets, elle est en mesure de supprimer ces deux risques financiers qui se sont accrus ces dernières décennies.
Une CBDC de détail serait également plus efficace pour contrôler les effets de la politique monétaire et de régler plus finement la gestion de l’inflation.
Sécurité, inclusion financière, efficacité, stabilité… Les fonctionnaires d’État et les économistes des universités ne tarissent pas d’éloges pour ces nouveaux objets monétaires.
Alors pourquoi diable refuser un instrument monétaire plus sûr que les formes actuelles et qui permettrait de bâtir un système financier plus résilient ?
Car c’est un cadeau empoisonné. Tout simplement.
Une CBDC risque de devenir un outil de surveillance de masse. Un de plus dans nos sociétés sous contrôle permanent. L’Etat et ses bureaucrates abuseront tôt ou tard de leurs nouveaux pouvoirs, car aucune constitution n’est un bunker contre la tyrannie.
Au-delà de l’abomination morale que sont les CBDC, conduisant les gens à perdre un peu plus d’autonomie en échange de sécurité, il s’agit aussi d’un système profondément inefficient et coûteux. La soviétisation du système financier, ne peut avoir qu’une conséquence : nous paupériser davantage.
Pourquoi ?
CBDC : inclusion financière ou paupérisation générale ?
Les banques centrales ne cessent de publier de nouveaux papiers pour lister les innombrables qualités des CBDC.
La BCE nous parle d’un euro numérique « qui devrait profiter aux personnes qui jusqu’à présent n’ont qu’un accès limité aux paiements numériques ».
Sa cousine, la FED, évoque la capacité d’une CBDC à « réduire les coûts de transaction, d’accroître l’accès aux paiements numériques et d’offrir un mécanisme de transfert rapide et direct de fonds, apportant une aide rapide à ceux qui en ont le plus besoin ».
Enfin, la banque d’Angleterre, va dans le même sens et parle d’une « CBDC qui contribuerait à stimuler l’inclusion financière dans un monde de plus en plus numérique et étant accessible à un plus grand nombre de personnes ».
Dans son enquête de 2021 auprès des principales banques centrales, la BRI rapportait que l’objectif d’inclusion financière était l’un des plus importants.
Les bureaucrates au service des plus démunis.
Les véritables origines de l’exclusion financières
Les bureaucrates ont hacké le langage depuis plusieurs décennies, c’est pourquoi tous leurs projets semblent si humanistes.
Par « inclusion financière », ils entendent « permettre aux gens d’accéder à des services financiers de base, qu’ils pourront utiliser pour améliorer leur bien-être économique ».
Cette problématique ne concerne pas que les pays sous-développés, mais également des nations prospères. Aux États-Unis, près de 5 % des ménages n’ont pas accès à un compte bancaire et près de 15 % sont en situation de sous-bancarisation.
Si des millions d’Américains n’ont pas encore de compte bancaire, c’est essentiellement parce qu’ils n’ont pas assez d’argent pour remplir les conditions bancaires minimales. On peut également relever d’autres facteurs comme l’incapacité à payer les frais bancaires.
On voit donc clairement que contrairement aux promesses mirifiques des banques centrales, une CBDC ne réglera pas le problème de l’inclusion financière. Il ne s’agit pas d’un problème technologique, mais d’abord de régler la question de la pauvreté, certainement aggravée par les politiques inflationnistes et les réglementations imposées par les Etats modernes sur la vie économique.
C’est pourquoi, l’introduction d’une CBDC ne favorisera pas l’inclusion financière. Pire, elle risque en fait d’aggraver le problème en augmentant les coûts pour les consommateurs.
Les CBDC appauvriront les gens
Il ne s’agit pas de soviétiser tout le système financier en URSS ou en Corée du Nord, mais plutôt d’opter pour un copinage win-win entre banquiers et fonctionnaires, comme en Chine communiste.
Ainsi, le modèle de CBDC actuellement envisagé par la plupart des banques centrales consisterait à maintenir un modèle intermédiaire, avec une certaine dose de collaboration entre secteur public et privé.
Autrement dit, la CBDC ne va pas remplacer un système financier en supprimant des intermédiaires, mais plutôt s’insérer dans le système existant.
Dans ce modèle, la banque centrale émettrait une CBDC, développerait l’infrastructure de paiement sous-jacente tandis que les banques et les prestataires de paiements réglementés continueront d’assurer toutes les fonctions liées à la clientèle : ouverture et gestion de compte, contrôle des identités, application des règles contre le blanchissement, services de garde des wallets, gestion des avoirs en CBDC…
Tout ceci créera de nouveaux coûts. Coûts en matière de conformité bancaire, coût en matière de cybersécurité, coûts opérationnels…
Vers de nouveaux frais bancaires
Ces nouveaux services que proposeront les banques commerciales ne seront donc pas gratuits. Évidemment. Les banques augmenteront alors leurs frais bancaires pour amortir tous ces coûts supplémentaires. Et ceux qui avaient du mal à ouvrir un compte bancaire, continueront d’éprouver les mêmes difficultés.
Il n’y a donc aucune raison de croire qu’une monnaie numérique n’augmentera pas les frais bancaires. Il serait naïf et irréaliste de croire que tout ce système coûteux favorisera l’inclusion financière. Les frais supplémentaires que les banques factureront annuleront de fait tout avantage potentiel en matière d’inclusion financière.
Bref, les CBDC créeront deux choses : des fonctionnaires d’Etat et de la bureaucratie bancaire. Tout ce cirque sera financé par les consommateurs et les contribuables.
Vers une concentration du secteur bancaire ?
Aussi, on peut s’attendre à une plus forte centralisation du secteur bancaire. Les plus petites institutions qui n’ont pas les marges bénéficiaires de JP Morgan, auront du mal à encaisser le coût lié à cette complexité technologique et juridique.
Moins de concurrence nuira là aussi aux consommateurs, car ils auront moins de choix et des frais plus élevés.
Cette consolidation du secteur bancaire s’inscrirait dans la tendance de fond que l’on observe depuis des décennies. En effet, on comptait plus de 17 000 institutions financières dans les années 80 en Amérique et ce chiffre n’a cessé de s’effondrer. Aujourd’hui, on ne compte que 5 000 institutions en activité.
En fait, on constate que depuis la crise de 2008, tout s’est accéléré et les gros ont multiplié les fusions et acquisitions pour absorber les petits. Un peu comme FTX après le crash de l’UST.
Aujourd’hui, nous avons un système bancaire américain totalement concentré autour de 4 superbanques : JP Morgan Chase, Bank of America, Wells Fargo et Citigroup.
Les grosses banques vont racheter les petites
Si la FED a renfloué les grosses banques dites systémiques « too big to fail », les plus petites ont été abandonnées. Sur les 400 banques qui ont fermé leurs portes suite à la crise, près de 90 % étaient de petites institutions.
Ceci a eu de terribles conséquences sur les communautés rurales puisque les petites banques communautaires jouaient un rôle décisif dans la fourniture de services financiers aux populations mal desservies. Elles accordent par exemple une majorité de prêts aux petites entreprises et aux agriculteurs. Près de 30 % de la dette du secteur agricole est ainsi détenue par ces banques communautaires. Ceci était d’autant plus vrai au cours des confinements, puisque ces petites institutions ont accordé la majorité des prêts liés au système de protection de salaires.
Bref, les banques communautaires financent les pauvres. Ce sont elles qui participent le plus à l’inclusion financière. Mais elles se font racheter par les mégabanques et ferment leurs portes. Les pauvres perdent alors leur accès à ces services financiers.
CBDC, copinage et parasitage
C’est la beauté du système de copinage entre Washington, Wall Street et la Réserve Fédérale : les uns réglementent le système financier afin de n’avoir à traiter qu’avec des gros, les autres sauvent les gros lorsqu’ils prennent trop de risques. Ce qui permet aux gros de racheter périodiquement les petits et de renforcer leur position. Avec l’argent des contribuables qui supporte tout ce système de sauvetage.
Comme on le voit, la consolidation du secteur bancaire permet certes d’augmenter les marges de JP Morgan, au détriment de l’inclusion financière des plus pauvres, notamment situées dans les zones rurales. Une CBDC qui augmenterait substantiellement la charge réglementaire et imposerait de nouveaux obstacles technologiques mettrait certainement les petites institutions communautaires en péril.
L’exclusion financière, c’est l’inclusion financière. Les monopoles, c’est le choix. La réglementation, c’est la protection.
La fin des dépôts ?
Les CBDC, en plus d’accroître les coûts en matière de compliance et les coûts opérationnels, priveraient les banques de leur principale source de financement abordable : les dépôts.
Comme expliqué en introduction, une CBDC est une monnaie numérique strictement équivalente à de la monnaie traditionnelle, mais émise par une banque centrale, c’est-à-dire par l’Etat, Dieu, la Vérité suprême.
Par conséquent, il est logique que la monnaie ne présentant pas de risque de liquidité et de défaut (à l’inverse des dépôts bancaires) soit préférée par bon nombre de consommateurs.
Les gens préféreront détenir leur épargne dans un compte CBDC, protégé par Dieu. Ils déplaceront l’argent des banques commerciales vers la banque centrale où les fonds ne seront pas prêtés à nouveau dans l’économie (réserves fractionnaires).
Les CBDC entrent alors directement en concurrence avec les dépôts bancaires, notamment en période d’instabilité financière où des bank runs peuvent faire disparaître votre épargne dans le néant de l’informationnel.
Vers des comptes CBDC plafonnés ?
On peut en déduire qu’il existe un risque notable de priver les banques d’une partie de leurs dépôts, qui constituent pourtant la majorité de leurs financements. Or, moins de financements signifient une augmentation du coût du crédit, donc moins de prêts et moins d’investissements dans l’économie réelle.
Face à ces inquiétudes, les banques centrales ont dû trouver une parade : les limites. Ainsi, la BCE a récemment annoncé l’introduction d’une limite de 3000 à 4000 euros sur la détention d’euro numérique. Idem en Angleterre, où le gouverneur adjoint a annoncé une limite comprise entre 10000 et 20000 livres par personne.
Ou des taux négatifs
Autre piste : les taux négatifs. Ne pensez pas que nous avons changé d’époque et que l’ère des taux zéro est définitivement enterrée. Loin de là, les gouvernements et les bureaucrates n’attendent que de pouvoir baisser de nouveau les taux et de réactiver la planche à billets.
D’ici un, deux ou trois ans, nous revivrons une situation analogue à celle de la dernière décennie avec des prix faussés. Et comme les banques centrales savent que les taux négatifs seront tôt ou tard de retour, certains ont évoqué la possibilité de dégrader l’argent CBDC par rapport aux dépôts bancaires. Ceci créera alors une incitation à ne pas trop abuser du système CBDC et de continuer à garder une partie de son épargne à la BNP.
Bref, pour limiter le flux de fonds des dépôts bancaires vers les comptes CBDC, les banques centrales ont deux possibilités : introduire des limites ou généraliser les taux négatifs.
CBDC et monde orwellien
Autre motif qui ressort souvent dans les enquêtes auprès des ménages américains au sujet de leur non-bancarisation : leur manque de confiance à l’égard des banques. Il faut dire que ces dernières ont payé près de 400 milliards de dollars de pénalités depuis le début du siècle…
Ainsi, si l’on souhaite améliorer l’inclusion financière, il conviendrait plutôt de favoriser la confiance envers les intermédiaires traditionnels. Mais la CBDC ne conduira pas à responsabiliser les banques. Au contraire, en créant une giga structure entre banque centrale et gouvernement, les CBDC menaceront un peu plus la confidentialité et la vie privée des individus.
Les gouvernements et leurs acolytes banquiers centraux pourront alors suivre toute l’activité économie à un niveau granulaire. D’autant plus avec la suppression du cash. Ils pourront collecter beaucoup plus de data sur les transactions. Et dans tous les cas, vous paierez plus d’impôts et de taxes. C’est inéluctable. Chaque achat sur Leboncoin sera taxé.
Vous croyiez quoi ?
« La propriété, le droit de jouir du fruit de son travail, le droit de travailler, de se développer, d’exercer ses facultés, comme on l’entend, sans que l’Etat intervienne autrement que par son action protectrice c’est la liberté. » Bastiat.
Bitcoin face à Satan
Et si vous pensez que la BCE écoutera les conclusions des enquêtes publiques qu’elle commande et qui exigent plus de confidentialité, vous êtes bien naïf. La CBDC ne sera pas aussi anonyme que l’argent liquide, c’est déjà acté. « L’anonymat complet n’est pas considéré comme une option viable du point de vue de la politique publique ».
« Nous ne savons pas, par exemple, qui utilise un billet de 100 dollars aujourd’hui. Nous ne savons pas qui utilise un billet de 1 000 pesos aujourd’hui. Une différence essentielle… Avec la CBDC est que la banque centrale aura un contrôle absolu sur les règles et règlements qui détermineront l’utilisation de cette expression de la responsabilité de la banque centrale. Et nous disposerons également de la technologie nécessaire pour les faire respecter. » Agustin Carstens, directeur de la BRI.
Et surtout Vive le Parti Communiste Chinois !
« Centralisation du crédit entre les mains de l’État, au moyen d’une banque nationale à capital d’État et à monopole exclusif. », 5ème point du manifeste du parti communiste, Marx, Engels.
« Le problème fondamental de la monnaie conventionnelle est toute la confiance qui est nécessaire pour qu’elle fonctionne », Satoshi Nakamoto.
Bitcoin, c’est la thèse. La CBDC, l’antithèse. Alors que la CBDC ne conduira qu’à renforcer le degré d’étatisme dans l’économie et la surveillance financière, bitcoin propose à chaque être humain quelque chose de très simple : l’accès à une monnaie et à un système de paiement neutre, non contrôlable par une quelconque entité bancaire ou gouvernementale. Un système monétaire ouvert qui permet à toute personne disposant d’un téléphone et d’une connexion internet d’envoyer de la valeur à n’importe qui, n’importe où, sans permission. La vraie inclusion financière.
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