Carstens veut "programmer" votre argent
Alors que le bitcoin attire de nouveau l’attention, le patron de la banque des règlements internationaux (BRI) était à Séoul pour promouvoir une nouvelle monnaie : la CBDC.
Les banquiers et l’IA
Dans son discours intitulé « The future monetary system: from vision to reality », Agustins Carstens a fait la part belle à l’IA :
« Les progrès rapides de la puissance de calcul et les nouveaux algorithmes s’appuyant sur de vastes réservoirs de données ont donné naissance à des systèmes si puissants et si vivants qu’ils soulèvent des questions fondamentales sur la manière dont nous travaillerons et fonctionnerons en tant que société à l’avenir. »
Il s’est lamenté que les choses n’aillent pas si vite dans le monde de la finance :
« Dans le domaine de l’IA, les progrès se mesurent aujourd’hui en mois, voire en semaines. Dans le système financier, ils se mesurent en années, voire en décennies. »
Cet intérêt de la BRI pour l’intelligence artificielle est à mettre en parallèle avec celui du FMI qui a récemment publié un guide sur les CBDC à l’intention des décideurs politiques du monde entier.
Pour la présidente du FMI Kristalina Georgieva, « les CBDC pourraient améliorer l’inclusion financière en fournissant une évaluation rapide et précise de ‘credit scores’ sur la base de diverses données ».
Le FMI se met à table… Leur rêve est de conditionner l’emprunt à des données personnelles. Quelles données concrètement ?
Historiques médicaux, de navigation internet, de fréquentations, de déplacements ? Le tout rassemblé sous l’égide de l’identité numérique biométrique chère à Bill Gates ?
Même la présidente de la BCE Christine Lagarde a révélé en septembre vouloir utiliser l’intelligence artificielle « pour mieux comprendre l’inflation et mieux surveiller les banques systémiques ». Et puis un jour pour noter les emprunteurs ?
De telles craintes sont légitimes quand on entend le député russe Anatoly Aksakov dire la CBDC finira par rendre les banques redondantes.
« Les décisions seront prises par un robot [IA]. Peut-être qu’une banque n’est plus nécessaire [pour octroyer un prêt] vu que le rouble numérique sera très technologique », a-t-il prédit.
Un « unified ledger » pour les contrôler tous…
Pour Agustin Carstens, l’archaïsme du système financier « freine la croissance et entrave l’octroi de crédits ».
La manière dont les « systèmes financiers se sont construits, en silos séparés » fait que les transactions sont « complexes, lentes et chères ». « Les transactions transfrontalières sont encore pires, car les systèmes doivent être connectés par des réseaux de messagerie internationaux [SWIFT] qui s’ajoutent aux réseaux nationaux. »
Ces inefficiences sont telles qu’elles font les affaires des « intermédiaires de l’ombre non régulés ». C’est-à-dire le bitcoin (que la BRI surveille de près via son système Atlas…).
Face à cette concurrence, le banquier a martelé qu’il faut abandonner les vieilles tuyauteries de la Finance et embrasser les CBDC :
« Je suis convaincu que nous avons besoin d’un bond en avant. Et heureusement, les récentes avancées technologiques rendent ce saut possible. »
Ces avancées étant :
« -La puissance de calcul massive.
-Systèmes de communication instantanés et bon marché.
-Une connectivité internet et un accès aux smartphones quasi universels.
-La sécurité informatique, indispensable à la protection de la vie privée.
-La possibilité de représenter les actifs numériquement, grâce à des tokens.
-Les progrès rapides de l’intelligence artificielle. »
L’exploitation de ces avancées technologiques permettrait de construire un système financier « centré sur l’individu », et « fonctionnant de manière transparente ».
M. Carstens voudrait créer un « unified ledger ». Un système intégré permettant « le règlement instantané de toute transaction ». Pour ce faire, il faudra « des monnaies programmables » et des « actifs tokénisés ».
CBDC vs Bitcoin
En somme, la Banque des règlements internationaux veut chapeauter un système monétaire basé sur des CBDC (Central Bank Digital Currency).
Une CBDC « wholesale » pour les paiements entre banques. Et puis une CBDC « retail » pour les dépôts dans les banques commerciales.
M. Carstens assure que rien ne changera pour le quidam, si ce n’est que la CBDC aura « l’avantage supplémentaire de la programmabilité ».
Avantage pour qui ? Une monnaie programmable ne peut être qu’une monnaie conditionnée. Pour reprendre ses propres déclarations passées, la différence clé avec la CBDC est que la banque centrale aura un « contrôle absolu » sur les règles régissant son utilisation :
N’oublions pas non plus que la CBDC est conçue pour remplacer le cash. Tel est le sombre dessein : avancer lentement vers une société de surveillance totale et de rationnement. C’est en essence ce qu’a déclaré la députée allemande Joana Cotar la semaine passée au Bundestag :
« Demain, chaque transaction sera surveillée au nom de la transparence. En Chine, la CBDC permet de contrôler les gens. Il faut se conformer à l’État pour pouvoir utiliser son argent. C’est ce qu’on appelle le crédit social. L’euro numérique permettrait de faire la même chose. L’État pourra nous empêcher de réserver un vol en cas de budget CO2 épuisé ou encore de faire des dons à des organisations qui les gênent. Les non-vaccinés verront leur argent bloqué dans les restaurants lors d’une pandémie. Un cauchemar numérique. »
Le bitcoin fait office de rempart face aux éventuelles dérives à la chinoise que permettrait la fin du cash. De réserve de valeur, le Bitcoin deviendrait de surcroit un moyen de paiement populaire.
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