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BRICS - 120 pays prêts à dédollariser

jeu 29 Août 2024 ▪ 7 min de lecture ▪ par Nicolas T.
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Le nombre de pays présents lors du dernier forum des BRICS organisé en Russie fut impressionnant. De mauvais augure pour le dollar.

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Les BRICS ont le vent poupe

Des représentants de plus de 120 pays étaient présents cette semaine pour le sixième BRICS Forum municipal international. L’événement a rassemblé environ 5 000 participants venant de 500 villes.

Le forum fut l’occasion de se concerter à propos de l’économie, les technologies numériques, l’industrie, l’énergie, les infrastructures urbaines, les transports, l’écologie, les soins de santé, l’éducation, la science, la culture, les sports et le tourisme. L’objectif est de promouvoir la coopération entre les mégapoles dans le cadre des BRICS.

Le chef du département des relations économiques extérieures et internationales de Moscou Sergey Cheremin a déclaré :

« Ce forum nous permettra de renforcer les relations non seulement entre les capitales des BRICS et Moscou, mais aussi entre nos partenaires de tous les continents. Aujourd’hui, plus de 60 délégations officielles se sont déplacées. »

C’est un succès pour le président Poutine qui avait encouragé les représentants « de tous les pays souhaitant coopérer avec notre organisation » à participer.

La Russie est donc loin d’être isolée. Au contraire, la liste d’attente pour rejoindre les BRICS s’allonge. Plusieurs nations émergentes importantes ont officiellement envoyé leur demande d’adhésion à l’alliance.

Les cinq membres fondateurs sont la Russie, la Chine, le Brésil, l’Afrique du Sud et l’Inde. Cinq autres pays les ont rejoints en début d’année : L’Arabie saoudite, l’Iran, les Émirats arabes unis, l’Égypte et l’Éthiopie.

Cette expansion ajoute le poids des principaux pays exportateurs de pétrole du Moyen-Orient. Elle a permis de renforcer les relations avec l’Iran et de la rabibocher avec son voisin saoudien.

L’Algérie, le Vietnam, l’Indonésie, la Turquie, le Pakistan, la Malaisie, le Nigeria, la Thaïlande, le Venezuela, le Kazakhstan, Cuba, la Palestine, la République démocratique du Congo, le Gabon, le Bangladesh, le royaume Bahreïni, la Biélorussie, le Koweït, le Sénégal ou encore la Bolivie sont aussi sur les rangs.

Une alliance anti-impérialiste

Il se murmure que la Russie annoncera en octobre la création d’un groupe de pays « partenaires. Ce sera une sorte d’antichambre du club des BRICS.

Chaque pays membre doit fournir une liste de 10 pays sur les 33 pays ayant demandé à rejoindre les BRICS. Le principe est que les 10 pays communs peuvent devenir des « partenaires ».

Ce renfort ne sera pas anodin puisque les BRICS plaident activement pour la réforme du Conseil de sécurité des Nations unies et l’abandon de la monnaie impériale : le dollar.

Rejoindre les BRICS signifie accepter d’autres monnaies que le dollar et se connecter à de nouveaux systèmes de paiement internationaux. Il s’agit de « remédier à ce que nous considérons comme un système de paiement injuste et coûteux », avait déclaré la ministre des Affaires étrangères d’Afrique du Sud en début d’année.

D’après le vice-ministre des affaires étrangères Sergey Ryabkov, une alternative au système de paiement occidental SWIFT pourrait être dévoilée lors du prochain sommet de Kazan.

Par ailleurs, la Russie lancera dès le premier septembre une plateforme permettant aux grandes entreprises russes de régler leurs exportations et importations en bitcoin. Cette bonne surprise est à mettre en parallèle avec l’adoubement du bitcoin par Donald Trump.

Le Bitcoin est la réserve de valeur absolue, apatride et non censurable dont le monde a besoin pour commercer à armes égales. Il est la monnaie d’un monde sans privilège monétaire.

Le président Américain semble le comprendre. Obtenir des bitcoins aujourd’hui à vil prix paraît plus intelligent que de déclencher une troisième guerre mondiale. Ce serait de toute façon une guerre pour rien. Il est trop tard, les BRICS pèsent déjà trop lourd.

BRICS > G7

Les BRICS ont un poids démographique et économique majeur. Ils représentent près de la moitié de la population mondiale (46 %), contre un peu moins de 10 % pour le G7 (États-Unis, Canada, Japon, Royaume-Uni, Allemagne, France et Italie).

La part mondiale du PIB des BRICS (ppa) est désormais de 35 %, contre 30 % pour le G7. En sachant que la part du G7 était de 42 % vingt ans en arrière.

Certaines projections suggèrent que la part du PIB des BRICS sera de 50 % d’ici à 2050, contre 20 % pour les pays du G7.

Pour la Banque de France, « l’hétérogénéité du club des BRICS et la faible intégration commerciale entre eux limitent la capacité du groupe à influencer le commerce mondial et le système monétaire international ».

Mais derrière ce discours de façade, l’occident ne lésine pas pour mettre des bâtons dans les roues des BRICS :

-Gel des réserves de change de la Russie (300 milliards d’euros), déconnexion du réseau SWIFT et embargo.
-Droits de douane prohibitifs (100 % sur l’importation de véhicules électriques chinois aux États-Unis, 38 % en Europe)
-Embargo sur les machines permettant de fabriquer des semi-conducteurs.
-Droit d’extraterritorialité pour sanctionner les multinationales qui continuent à commercer avec des pays sous embargo comme l’Iran ou la Russie.

Autant de décrets impériaux qui fragmentent le monde, sans parler de la guerre… Nous nous dirigeons vers une démondialisation qui sera douloureusement inflationniste.

À ce propos, nous avons expliqué dans cet article pourquoi l’inflation n’est pas près de s’apaiser. Le graphique suivant résume bien le cœur du problème. La croissance est bridée par les limites physiques de la planète (pétrole), ce qui, face à un ponzi monétaire, ne peut que générer de l’inflation.

Le pic de pétrole conventionnel (celui qui est peu cher à sortir de terre) date de 2006). Nous aurons un remake de la crise de 2008 lorsque la production américaine de ‘Tight Oil’ reculera, ce qui est prévu pour très, très bientôt. La production mondiale de pétrole a franchi un pic en 2018.

Dans un monde fragmenté, endetté, potentiellement en guerre et très inflationniste, le réserve de valeur qu’est le bitcoin est condamnée à une insolente appréciation. A bon entendeur…

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