Blockchain & inclusivité : Les nouvelles technologies peuvent-elles aider la communauté LGBTQ+ ? - Part 1
La technologie blockchain a permis de révolutionner de nombreux secteurs depuis sa création. On parle souvent de son impact dans l’industrie des finances traditionnelles et des changements qu’elle apporte dans le domaine de l’art. Mais un sujet reste cependant peu abordé : quel impact la blockchain peut-elle avoir sur l’inclusivité ? Comment cette révolution peut-elle être mise au service du bien commun et de l’inclusion des différentes communautés ? C’est ce que nous allons aborder dans « Blockchain & inclusivité ». Pour commencer, nous allons nous intéresser au lien entre les nouvelles technologies et la communauté LGBTQ+, à travers une série d’interviews avec de grands noms de l’univers blockchain. Aujourd’hui, nous nous intéresserons aux avis de Caroline Pugliese et de Christof Wittig. C’est parti !
Introduction
Nous évoluons dans un monde où, dans 69 pays au moins, les relations entre adultes de même sexe sont criminalisées. Il convient cependant de noter que ce nombre a diminué au fil du temps. Les nouvelles technologies jouent un rôle important dans la protection des personnes appartenant à la communauté LGBTQ+ contre les violences et les discriminations, ainsi que dans l’accès aux soins et aux services financiers. Étant moi-même* concerné, je constate les nombreux changements positifs que les technologies décentralisées peuvent nous offrir en tant que communauté.
Ces deux dernières années, le monde a été confronté à la montée de la COVID-19, qui continue de sévir aujourd’hui. Selon une étude publiée en juillet 2021, « les personnes séropositives sont plus susceptibles d’être admises à l’hôpital en raison de symptômes graves dus au coronavirus, et d’en mourir ». Selon UNAIDS (Joint United Nations Programme on HIV/AIDS), la communauté LGBTQ+ est la plus exposée au VIH. Le risque de contracter le VIH est 34 fois plus élevé pour les femmes transgenres et 25 fois plus élevé pour les hommes ayant des relations homosexuelles. Pour faire face à ce phénomène, la LGBT Foundation a décidé de transférer les tests de dépistage du VIH sur la blockchain. Cela « rend l’ensemble du processus transparent et traçable » et contribue à freiner la propagation du VIH parmi les populations vulnérables. Comme l’a déclaré Erik Lamontagne, économiste senior chez UNAIDS : « Cette technologie nous permet d’évoluer presque aussi rapidement que les épidémies. C’est fantastique ! C’est une opportunité importante. »
Même dans les pays développés, comme les États-Unis, les personnes LGBTQ+ sont confrontées à des difficultés financières en raison de leur identité sexuelle ou de genre. Les cryptomonnaies et la finance décentralisée peuvent améliorer l’accessibilité et l’inclusion financières, en particulier pour les minorités. La technologie blockchain permet quant à elle de distribuer les financements de manière transparente. Tout cela peut profiter à la communauté LGBTQ+.
Les technologies émergentes se démocratisent, et ne sont plus seulement une industrie innovante de niche, mais bien notre quotidien. Pour savoir ce que les représentant·es de l’industrie crypto et blockchain pensent de l’impact de ces technologies sur la communauté LGBTQ+, Cointelegraph en a contacté un certain nombre pour connaître leur avis sur les questions suivantes : Les technologies émergentes peuvent-elles aider à améliorer le quotidien des membres de la communauté LGBTQIA+ ? Et si oui, comment ?
Caroline Pugliese de Rally :
Caroline est la directrice des partenariats créateurs et divertissement chez Rally, un open network qui permet aux créateurs de lancer des économies indépendantes alimentées par la blockchain Ethereum.
Soutenir la communauté avec les social tokens
L’univers crypto offre certaines des avancées et des opportunités technologiques les plus positives pour la communauté LGBTQ+ que nous ayons vues au cours des dernières décennies. Les social tokens, en particulier, sont un domaine en plein essor. Ils permettent de soutenir les talents et les petites entreprises de la communauté, et ils offrent un espace dédié aux actions engagées, sans risque d’être démonétisé ou bloqué des différentes plateformes. La confidentialité que la blockchain assure et l’accès libre à de nombreuses plateformes crypto permettent aux individus de participer même si leur communauté ou leur emplacement géographique ne sont pas favorables à la communauté LGBTQ+.
Créer un safe space grâce aux DAO
L’émergence des DAO (decentralized autonomous organisation) est également très prometteuse pour les communautés numériques qui se créent. Elles peuvent être extrêmement spécialisées, aborder des sujets qui permettent aux gens de se rassembler autour d’une cause et de créer des opportunités de manière équitable et communautaire. Les DAO ont le potentiel de permettre aux membres de disposer d’un espace sûr pour communiquer, de participer à la gouvernance d’un projet, et de trouver des moyens de soutenir à la fois les membres de la DAO et la communauté LGBTQ+ dans le monde entier. En parallèle, l’émergence des NFT et de leurs redevances continues offre aux talents de la communauté, qui pouvaient auparavant avoir du mal à se voir offrir des opportunités égales pour leur travail créatif, un moyen d’être rémunérés et reconnus pour leurs créations.
Christof Wittig de Hornet :
Christof est le fondateur et le PDG de Hornet, un « réseau social queer » comptant plus de 30 millions d’utilisateurs dans le monde.
Les points négatifs
Les technologies émergentes jouent un rôle majeur pour la communauté LGBTQ+, que nous le voulions ou non.
Côté négatif, 64 % des adultes résidant aux États-Unis et appartenant à la communauté LGBTQ+ ont signalé avoir été victimes de discrimination et de harcèlement en ligne sur l’un des cinq grands réseaux sociaux hétéronormatifs (à savoir Facebook, Instagram, Twitter, YouTube et TikTok), selon l’indice de sécurité des médias sociaux récemment publié par le GLAAD. Il s’agit du pourcentage de réponses positives le plus élevé parmi toutes les minorités aux États-Unis, et il est en hausse par rapport aux 40 % relevés par une étude similaire menée par Hornet et Kantar en 2018. Nous voyons jour après jour comment la technologie magnifie tous les pans de notre vie, y compris tous les aspects négatifs, de la discrimination LGBTQ+ aux États-Unis aux mesures prises par les 71 pays qui criminalisent encore aujourd’hui le fait d’appartenir à la communauté LGBTQ+.
Les points positifs
Côté positif, nous pouvons utiliser la puissance des nouvelles technologies pour en faire une force au service du bien. Le réseau social de Hornet constitue un espace protégé pour les membres de la communauté LGBTQ+. Il favorise les liens sociaux authentiques, même si les membres sont confiné·es à cause de la pandémie, n’ont pas accès au soutien d’une communauté LGBTQ+ physique, ou ne peuvent pas, pour d’autres raisons, établir facilement des liens avec d’autres personnes appartenant à cette communauté pour trouver l’amour et l’appartenance inhérents aux rencontres hors ligne.
Les nouvelles technologies au service de l’anonymat
Hornet utilise déjà massivement l’IA pour détecter des modèles suspects afin d’identifier les catfish, les spammeurs et les agresseurs. Nous cherchons également à développer des concepts « Proof-of-Work » tels que le « Hornet Badge » pour contrôler les identités. Nous ne pouvons pas nous appuyer sur les pièces d’identité délivrées par les gouvernements. Celles-ci pourraient se révéler dangereuses si elles tombaient entre de mauvaises mains (notamment en cas de piratage, d’ordonnance d’un tribunal, de négligence ou d’abus de la part d’entreprises qui ne placent pas le bien-être de notre communauté au centre de leurs activités).
Sur le long terme, je crois que la blockchain, une technologie décentralisée, correspond parfaitement à une communauté décentralisée comme la nôtre. De la même manière qu’un État-nation utilise des pièces d’identité, une devise et un budget, la blockchain nous donne les outils nécessaires pour assurer l’identité (pseudonymat), le stockage et le transfert de valeurs, ainsi qu’une certaine forme de financement ou de taxation pour mettre des ressources au service de projets d’intérêt commun. À cette fin, nous avons lancé la LGBT Foundation, et nous sommes impatients de travailler avec les membres concernés des communautés crypto et LGBTQ+ pour développer l’infrastructure sous-jacente.
Conclusion
Nous voici arrivé·es à la fin de cette première partie de notre série d’articles « Blockchain & inclusivité : Les nouvelles technologies peuvent-elles aider la communauté LGBTQ+ ?». D’autres interventions d’actrices et d’acteurs de la blockchain vous attendent dans les semaines à venir, alors gardez un œil ouvert et à la semaine prochaine !
*Cet article a été initialement publié le 14 août 2021 sur Cointelegraph.
Les citations ont été éditées et condensées. Les points de vue, réflexions et opinions exprimées ici n’engagent que leurs auteurs et ne reflètent ni ne représentent nécessairement les points de vue et opinions de Cointelegraph et Cointribune.
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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.