Bitcoin : Quelles sont les vraies raisons…. du dernier krach

Le marché des cryptos vient de subir l’un de ses plus violents retournements depuis des mois. Après avoir atteint un sommet historique de 109 000 dollars le 20 janvier, le bitcoin a plongé de 28 %. Cette chute a effacé en quelques semaines des milliards de dollars de capitalisation. Un tel retournement brutal intervient dans un contexte de tension économique et de turbulences sur les marchés financiers. Mais au-delà d’une simple correction technique, plusieurs événements majeurs ont contribué à cette chute. Entre craintes macroéconomiques, cyberattaques record et désillusions politiques, retour sur les causes de cette dégringolade et sur ses implications.

Un krach amplifié par des chocs externes

La volatilité du bitcoin n’a rien de surprenant, mais cette fois-ci, la chute s’explique par une conjonction de chocs majeurs. En effet, le premier facteur déclencheur repose sur un contexte macroéconomique défavorable. Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, ses annonces économiques ont semé la confusion sur les marchés. En particulier, la perspective de nouvelles taxes douanières sur les échanges internationaux a refroidi les investisseurs. « Ce repli peut être interprété comme une réponse aux craintes macroéconomiques liées aux tarifs douaniers de Trump et à l’incertitude géopolitique », explique Caroline Bowler, PDG de BTC Markets. La correction va au-delà du bitcoin. Aussi, le Nasdaq 100 a perdu 7 % depuis son dernier sommet du 19 février, ce qui illustre une défiance généralisée envers les actifs risqués.

La cybersécurité, talon d’Achille de l’écosystème crypto, a également joué un rôle capital. Ce 21 février 2025, l’exchange Bybit a subi le plus grand hacking de l’histoire des cryptos, orchestré par le groupe Lazarus de la Corée du Nord. Les pirates ont dérobé 1,5 milliard de dollars en crypto. Ils ont surtout réussi à percer les cold wallets, censés être ultra-sécurisés car déconnectés d’Internet. « La confiance a été ébranlée après ce hacking de 1,5 milliard de dollars, ce qui représente une somme colossale », souligne Zaheer Ebtikar, cofondateur du fonds Split Capital. Ce choc a provoqué une vente panique, mais il a aussi renforcé les doutes sur la fiabilité des infrastructures d’échange, avec pour conséquence le retrait temporaire de certains investisseurs du marché.

Un marché sous pression et des attentes déçues

La baisse des prix s’est ensuite accentuée sous l’effet des mouvements de marché techniques. En février, les fonds négociés en bourse (ETF) Bitcoin ont enregistré une sortie nette de 3,3 milliards de dollars, un record négatif depuis leur lancement en janvier 2024. La dynamique est simple : lorsque le prix du bitcoin chute, certains investisseurs retirent leurs capitaux des ETF, ce qui accentue la pression vendeuse sur le marché. Ainsi, « l’argent spéculatif qui entre sur le bitcoin ressort aussi vite lorsqu’une correction se produit », analyse Michael Rosen, directeur des investissements chez Angeles Investments.

Un autre facteur aggravant est la fin de l’optimisme lié à Donald Trump. Durant sa campagne, le président américain s’était positionné comme un fervent défenseur des cryptos, et promettait notamment la constitution d’un stockpile national de Bitcoin. Mais depuis son investiture, les annonces concrètes tardent à venir. Le projet porté par la sénatrice Cynthia Lummis, qui visait à faire acheter jusqu’à un million de bitcoins par l’État américain sur cinq ans, n’a trouvé aucun soutien au Congrès. « Ce qui motive cette chute, c’est l’absence des décrets exécutifs pro-crypto attendus et les chiffres de l’inflation aux États-Unis », explique Paul Howard, directeur chez Wincent. Même à l’échelle des États, les ambitions de réserves stratégiques en bitcoin ont été freinées : le Montana, le Dakota du Nord et le Wyoming ont tous rejeté des propositions dans ce sens, et invoquent les risques et la volatilité des cryptos.

Après cette correction brutale, le marché s’interroge sur la prochaine direction du bitcoin. Est-ce une simple consolidation avant un nouveau bull run, ou le début d’un cycle baissier plus long ? Tout dépendra des décisions économiques de Trump, de l’évolution de la régulation et surtout du retour ou non de la confiance des investisseurs institutionnels. Pour l’instant, la prudence reste de mise, et bitcoin devra démontrer une capacité de résilience face à ce nouveau stress test.