Bitcoin : Quel gouffre entre l'UE et les États-Unis !
Alors que les États-Unis embrassent le bitcoin, l’Europe s’embourbe en continuant de mettre en avant la dystopie de l’euro numérique.
Réserve stratégique de bitcoins
Le président américain a signé la semaine passée un décret faisant finalement la part belle au bitcoin.
La distinction claire vis-à-vis des autres actifs numériques a permis d’apaiser la vindicte populaire du fameux tweet de Donald Trump suggérant la création d’une « réserve crypto » comprenant également ETH, XRP, SOL, ADA.
Le décret fait la séparation entre la réserve stratégique de bitcoins et la détention d’autres actifs numériques obtenus suite à des confiscations dans le cadre de diverses affaires criminelles.
Notons que les bitcoins mis en réserve ne pourront pas être vendus, contrairement aux autres actifs numériques tels que ETH, SOL, etc. « Le secrétaire au Trésor peut déterminer des stratégies pour une gestion responsable, y compris des ventes potentielles du stock d’actifs numériques des États-Unis », peut-on lire dans le décret.
Cerise sur le gateau, le décret autorise l’accumulation de bitcoins, à condition de le faire de manière neutre sur le plan budgétaire. Le secrétaire au Trésor a déclaré son intention « d’explorer des moyens d’abonder la réserve de bitcoins ».
Le secrétaire Scott Bessent n’a pas non plus caché son intention de se servir des stablecoins pour s’assurer que « le dollar reste la monnaie de réserve dominante ».
Rappelons en effet que les sociétés telles que Tether ou Circle doivent détenir un dollar en réserve pour chaque stablecoin émis. Tether investit par exemple 80 % de ses 136 milliards de réserves dans les bons du Trésor du gouvernement américain. Ses profits sont toutefois en bonne partie investis dans le bitcoin.
Acheter la rumeur, vendre la nouvelle
Tel est le vieil adage boursier qui pousse actuellement le bitcoin sous les 80 000 dollars. En effet, si le décret présidentiel crée bel et bien une réserve stratégique de bitcoin, les achats viendront plus tard.
Les 12 membres du groupe de travail présidentiel ont jusqu’au 22 juillet pour faire des propositions qui serviront certainement de base à la rédaction du « Bitcoin Act ». Cynthia Lummis y travaille depuis plus de deux ans. La sénatrice souhaite créer une réserve d’un million de BTC en vendant une partie des réserves d’or du pays.
Invité à la Maison-Blanche vendredi dernier, Michael Saylor a conseillé le président « d’acheter 25 % des bitcoins par le biais d’achats quotidiens entre 2025 et 2035 ». Voici le document partagé par M. Saylor à cette occasion.
Pour le PDG de Strategy (anciennement MicroStrategy), une telle réserve pourrait « générer 100 milliards de dollars, ce qui permettrait d’éponger la dette nationale ». Lui aussi est d’avis de vendre l’or.
Patience, donc. Cela dit, notons que la SEC (Securities and exchange Commission) a déjà donné son feu vert aux banques qui voudraient permettre à leurs clients d’investir dans le bitcoin. L’Office of the Comptroller of the Currency a déclaré que les banques américaines réglementées au niveau fédéral peuvent désormais conserver des bitcoins sans autorisation préalable.
En somme, les républicains ont compris que le bitcoin est une percée technologique qui s’imposera inéluctablement au monde entier. Et pendant ce temps en Europe…
Bitcoin vs CBDC
Deux salles, deux ambiances. Alors que les États-Unis ont abandonné le projet de CBDC pour embrasser le bitcoin, l’Europe fait le chemin inverse. Christine Lagarde veut un euro numérique que beaucoup estiment être un prélude à la création d’une société sans cash.
La présidente de la Banque centrale européenne jure que ce n’est pas le but, mais est-elle de bonne foi ? Il est permis d’en douter quand on sait qu’elle prédit depuis des années l’abandon total du cash d’ici 10 ou 20 ans.
Surtout, elle a pas déclaré ceci en 2018 lors d’une conférence intitulée « Winds of Change : The Case for New Digital Currency » :
Imaginez que les personnes qui achètent de la bière et des pizzas surgelées présentent généralement un taux de défaut de remboursement plus élevé que celles qui achètent des brocolis biologiques et de l’eau de source. Que pouvez-vous faire si vous avez envie de bière et de pizza, mais que vous ne voulez pas que votre crédit social baisse ? Aujourd’hui, vous sortez de l’argent liquide. Et demain ? Un système de paiement privé vous pousserait-il vers le rayon des brocolis ? Les banques centrales pourraient-elles venir à la rescousse en offrant une monnaie numérique totalement anonyme ? Certainement pas. Ce serait une aubaine pour les criminels.
L’ancienne présidente du FMI nous assure également que l’euro numérique ne sera pas programmable. Dit autrement, dépenser son argent en euros numériques ne sera pas conditionné. Mais là encore, de nombreux banquiers centraux ne sont pas du même avis.
Bo Li, le directeur général adjoint du FMI et ancien gouverneur adjoint de la Banque populaire de Chine, déclarait par exemple en 2022 :
« La CBDC autoriserait le conditionnement de l’argent versé sous forme d’aides sociales. Nous pourrions par exemple programmer l’argent pour qu’il ne puisse pas être dépensé pour autre chose que de l’alimentaire. »
Cette déclaration illustre les enjeux et le potentiel de la monnaie numérique de banque centrale (CBDC).
Ne pas être le dindon de la farce
Christine Lagarde n’a peut-être pas l’intention de mettre fin au cash ou de limiter la façon dont nous pouvons dépenser notre argent, mais quid de son successeur ? Ce ne serait pas la première fois que l’UE adopte la technique du salami pour confisquer nos libertés…
Ne pas construire une usine à gaz au potentiel dystopique semble plus sage. D’autant plus que ce projet coûtera des milliards d’euros au contribuable alors que les finances du continent sont de plus en plus exsangues.
Il serait beaucoup plus intelligent de promouvoir l’industrie du bitcoin dans tous les pays européens qui déploient des énergies renouvelables. Miner des bitcoins permettrait par exemple à l’Allemagne de :
- rentabiliser ses énergies renouvelables intermittentes ;
- redémarrer ses centrales nucléaires ;
- fermer des centrales à charbon ;
- faire redescendre le prix du mégawattheure qui menace sérieusement l’industrie du pays.
Nous en avons déjà eu la démonstration au Texas. La PDG d’ERCOT a récemment annulé la construction d’une dizaine de centrales à gaz en raison des 3 GW que les mineurs de bitcoins peuvent rendre au réseau sur demande et aussi longtemps que nécessaire.
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En parlant du Texas, son Parlement vient tout juste d’autoriser la création d’une réserve de bitcoins. D’autres pays sont déjà en avance. C’est le cas du Bhoutan, du Salvador ou encore des Émirats arabes unis.
De nombreuses voix s’élèvent aussi en Europe pour ne pas être les dindons de la farce. Notamment en république tchèque où le gouverneur de la banque centrale voudrait ajouter le bitcoin aux réserves du pays. Les lignes bougent aussi en Pologne, et même en Russie.
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