Bitcoin - Michael Saylor met les points sur les i
Le CEO de Microstrategy n’y est pas allé par quatre chemins dans sa dernière interview avec Bitcoin Times.
Bitcoin NGU
Intouchable depuis trois ans, Michael Saylor a fini par se faire quelques détracteurs.
Le Gigachad avait jusqu’à présent pris soin d’utiliser alternativement les expressions « Digital energy », « Digital property », « money » et « digital asset » pour ne froisser personne. Mais plus le temps passe, et plus il insiste sur le fait que le bitcoin est avant tout une réserve de valeur, et non pas un moyen de paiement.
Michael Saylor a franchi le Rubicon à Prague, l’année dernière, lorsqu’il déclara que « personne ne peut stopper l’inflation ». Pour lui, le bitcoin n’a pas besoin de remplacer la monnaie fiat pour réussir.
C’est un discours qui détonne avec celui des économistes « autrichiens » qui affirment qu’une économie pourrait fonctionner avec une masse monétaire absolument fixe.
Rendez-vous sur cet article si le sujet vous intéresse : Les économistes autrichiens freinent l’adoption du bitcoin.
Le milliardaire estime que « le bitcoin est pour tout le monde » et met en garde contre toute exclusion arrogante.
« Le Bitcoin peut devenir un réseau monétaire et un instrument de liberté économique, mais la meilleure façon d’y parvenir est de le faire de manière progressive et pragmatique, en harmonie avec les forces politiques. […] Pour que le bitcoin devienne une monnaie, il doit se répandre aux quatre coins du monde. Pour ce faire, il ne peut pas enfoncer toutes les portes en criant à la crypto-anarchie. »
Ossification
La grogne est également palpable chez certains développeurs en raison de son penchant en faveur de l’ossification du code. Il déclarait par exemple il y a quelques mois au micro de Stephan Livera :
« Les développeurs de Bitcoin Core sont là pour réparer quelque chose ou apporter une contribution. C’est dans leur ADN. Ils sont en quelque sorte les législtateurs du cyberespace. Lorsqu’un législateur arrive dans la capitale, il faut absolument qu’il fasse sa loi pour vous sauver de vous-même. Mais plus il fait de lois, plus il paralyse l’économie, jusqu’à ce qu’il y ait tellement de lois que la civilisation entière s’effondre sous son propre poids. [Les développeurs] tentent d’imprimer leur ego sur le protocole. Ils veulent passer à la postérité [en introduisant LEUR bip]. »
Saylor en a rajouté une couche dans son interview avec BTC Times :
« Pour ceux qui ne sont pas familiers avec la prudence cypherpunk, l’abondance de précautions frise la paranoïa. Les satellites Bitcoin et les wallets à l’épreuve du feu ne trouvent pas d’écho auprès des institutionnels. Ces derniers ont une obligation envers leurs clients et ne plaisantent à propos de Citadelles ou d’effondrement des civilisations. Se préparer aux cas extrêmes renforce le réseau, mais des gens comme Jeff Bezos ne se préparent pas à l’apocalypse zombie. »
Tout cela étant dit, n’oublions pas que M. Saylor est Chairman d’une multinationale technologique. Il sait bien que le code aura toujours besoin de maintenance, voire d’innovations :
« Il faut continuer à améliorer la résistance à la censure et à la protection de la vie privée, mais cela ne doit pas être le principal argument de vente. Après tout, les gestionnaires de patrimoine ne contemplent pas l’arsenal nucléaire des États-Unis lorsqu’ils envisagent d’acheter des bons du Trésor. »
Enfoncer les 100 000 $
Interrogé sur ce qui pourrait motiver davantage d’investissements de la part des institutionnels, M. Saylor s’est montré extrêmement franc :
« Les gens qui gèrent des milliards de dollars ne veulent pas investir dans des réseaux de crypto-monnaies qui soutiennent des anarchistes. […] Il ne faut pas parler de résistance à la censure, de protection de la vie privée et d’évasion fiscale. Il ne faut pas le faire. Nous détestons cela. »
Cette brutale honnêteté vise à rappeler que les investisseurs institutionnels ne se mettront pas les États à dos. Le fait que BlackRock se soit jeté à l’eau signale toutefois qu’un terrain d’entente est possible.
Michael Saylor estime que ce serait « faire une grande faveur au bitcoin si nous l’appelions actif numérique, plutôt que cryptomonnaie ».
« En tant que ‘monnaie’, le bitcoin n’est pas seulement en concurrence avec le Trésor et la Federal Reserve (Banque centrale américaine), il concurrence également Apple Pay, Alipay et d’autres services [Visa, Mastercard] qui sont à la fois plus rapides et moins chers. […] De nombreux institutionnels perçoivent le bitcoin comme un pari sur un effondrement de la civilisation. »
« Le Lignthing Network est inspirant, mais il ne remplacera pas Apple ou Alipay. Ce que je viens de dire peut offenser, mais mon soutien est en vérité très fort. Une ‘crypto-monnaie’ qui réussit n’atteindrait qu’une capitalisation boursière équivalente à celle de Square, mais au-delà des paiements se trouve un océan d’actifs d’une valeur de 300 000 milliards de dollars. »
« Ce que le bitcoin fait le mieux, c’est stocker de la valeur »
Pour Saylor, le bitcoin devrait figurer aux côtés des obligations de multinationales, des sociétés de placement immobilier, de l’or et des bons du Trésor à 30 ans.
« Ce n’est pas encore le cas parce que les exchanges ne gagnent pas d’argent si les gens se contentent d’acheter des bitcoins sans jamais trader », suggérant par là que Coinbase fait du lobbying pour maintenir son casino à flot.
« Il est anormal que les exchanges listent des milliers d’altcoins. Il est insensé d’offrir des effets de levier de 100X. Cela attire les personnes qui ont une addiction pour les jeux. Le secteur ne peut pas se développer si vous tuez tous vos clients avec un effet de levier trop important. Cela fait reculer l’ensemble de la cause de très nombreuses années. »
Les crypto-anarchistes purs et durs ne veulent pas de l’argent des institutionnels. On peut l’entendre. Chacun voit midi à sa porte. Mais cet argent n’est pas nécessairement une mauvaise chose d’après Saylor.
« Si la valeur du bitcoin est multipliée par dix, les HODLers de la première heure seront tous incroyablement riches. Ils pourront utiliser leur énergie monétaire pour inventer des choses et rendre le monde meilleur. »
En somme, Michael Saylor est d’avis de ne pas se draper de vertu en entretenant des croisades perdues d’avance.
Qui sait, peut-être aurions nous toujours Whirlpool si les développeurs de Samourai s’étaient faits plus discrets.
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