Bitcoin - Michael Saylor invoque le bull run
Michael Saylor a dévoilé dans une interview d’une heure et demie les catalyseurs du prochain bull run du bitcoin.
« Fair value » accounting
La modification prochaine des normes comptables pour accommoder le bitcoin dégage la voie pour le prochain bull run.
« Le bitcoin sera probablement comptabilisé jusqu’en 2024 comme un actif indéfini et tangible. Cela signifie que les sociétés ayant des bitcoins en trésorerie subiront des pertes en cas de baisse, mais aucun gains en cas de hausse. Il s’agit d’un effet cliquet à sens unique (à la baisse) sur leur bilan. Les BTC sont actuellement évalués au prix le plus bas sans jamais pouvoir inscrire au bilan son prix actuel », a déclaré M. Saylor.
Dit autrement, il n’y a qu’au moment de la revente des BTC qu’une société peut redorer son bilan. C’est un problème vu que l’objectif est in fine de se servir de ses bitcoins en collatéral pour emprunter au lieu de les vendre. L’évolution comptable du FASB permettant d’enregistrer les gains dans son bilan est donc une excellente nouvelle.
Traditionnellement, l’actif financier le plus liquide et le moins risqué favorisé par les gestionnaires de trésorerie est la monnaie locale. Mais détenir du cash signifie s’appauvrir en raison de l’inflation. Plus elle est importante et plus les multinationales ont intérêt à se débarrasser de ce cash pour racheter leurs actions.
Le problème étant qu’en cas d’imprévu (effondrement de l’activité économique pour cause de Covid, par exemple…), l’absence de cash en trésorerie peut se solder par la faillite.
Les multinationales investissent donc aussi une partie de leur trésorerie dans la dette souveraine. Elle est considérée comme peu risquée vu qu’il est peu probable qu’un gouvernement fasse défaut, en particulier celui des États-Unis.
Le problème de la dette souveraine
Il existe des risques liés à la durée de la dette ainsi qu’aux variations potentielles des taux d’intérêt. Le taux directeur est par exemple de 25 % en Turquie. Et même de 118 % en Argentine.
Or, la valeur des titres de dette de long terme dépend des taux. Des titres achetés juste avant une hausse des taux massive voient leur valeur s’écrouler. Une société obligée pour x raison de revendre ces titres avant maturité engrange alors une perte colossale. La Silicon Valley Bank (SVB) en sait quelque chose…
Voici pour preuve la valeur des titre de dette du gouvernement US à 30 ans (qui offrent un taux de 1.25 %). Elle a chuté de 50 % :
De plus, la dette souveraine, bien que « sûre » et plus liquide que d’autres actifs, ne génère pas de rendements significatifs. Une entreprise détenant un montant important de dette souveraine rapportant 5 % n’obtiendra que 3,5 % après impôt.
En sachant que si la masse monétaire augmente de 7 % par an (la moyenne depuis 100 ans), il faut qu’une trésorerie rapporte au moins 7 % par an, toutes choses égales par ailleurs.
Compte tenu des faibles rendements du cash et de la dette souveraine, M. Saylor note que les multinationales ont traditionnellement recours à deux autres stratégies (autres que le rachat d’actions) :
- Verser des dividendes : Les actionnaires se retrouveront avec le même problème.
- Acquisitions : Achat d’actifs en vue d’un meilleur rendement.
Mauvaise idée selon le CEO de Microstrategy :
« D’après mon expérience, en 30 ans de direction d’une société cotée en bourse, tous mes concurrents ont disparu à cause de mauvais rachats d’entreprise. Ils ont payé trop cher des entreprises qui ne valaient pas grand-chose, car désespérés d’acheter quelque chose pour soutenir la valeur de leurs actions. »
Bitcoin, la nouvelle stratégie du trésorier
Pour M. Saylor, le bitcoin est un actif qui s’appréciera bien plus vite que l’inflation en raison de la limite des 21 millions :
« À partir de 2024, les directeurs financiers et les PDG auront la possibilité d’acheter des bitcoins au lieu d’acheter des bons du Trésor. Il sera possible de détenir en trésorerie une « commodity » liquide et fongible qui rapportera probablement 14 % par an sur le long terme. Et ce, même après le prochain bull run qui verra le bitcoin s’apprécier plus vite que 14 % par an. Dans dix ou vingt ans, si la quantité d’argent en circulation continue de croître de 7 % par an, le bitcoin s’appréciera toujours de 14 % par an. »
« Placer sa trésorerie dans le bitcoin n’est pas la même chose que de la placer dans le soja, l’argent, l’or, le pétrole ou le gaz naturel qui sont de véritables matières premières. Il est possible d’en produire plus si leur prix triple. Les mineurs d’or produiront plus d’or, les agriculteurs plus de soja. Les matières premières ne sont pas rares. Pareil pour les actions de multinationales. N’importe quelle société du S&P500 peut émettre davantage d’actions. Ce n’est pas le cas du bitcoin. »
« Ce qui se rapproche le plus du bitcoin serait un terrain à Miami Beach. Les prix ont été multipliés par 1000 au cours du siècle dernier. La raison étant qu’aucune quantité d’argent, de technologie ou de savoir-faire ne peut créer davantage de mètres carrés en bord de mer à Miami Beach. Malheureusement, le m² de Miami Beaech n’est pas un actif adapté pour une trésorerie d’entreprise. Je ne peux pas l’échanger tous les jours sur le marché. […] Tout le contraire du bitcoin qui est une rareté numérique liquide et fongible pouvant être facilement ajouté à sa trésorerie. »
D’où viendra l’adoption de Bitcoin dans les cinq prochaines années ?
Pour M. Saylor, l’adoption du bitcoin viendra de partout :
-Création d’exchanges dans tous les pays
-Échanges P2P de biens et de services en bitcoins
-Intégration du bitcoin par les sociétés, les fonds d’investissement et les fonds souverains
-Adoption du bitcoin par les banques
-ETF spot Bitcoin
Saylor estime que l’ETF sera « le plus gros catalyseur haussier » et que « ceux qui peuvent déjà acheter du bitcoin sur un exchange peuvent s’estimer heureux » :
« Vous pouvez acheter un bitcoin à 26 000 $ pièce au lieu de 1 000 000 $. Nous sommes à la veille de voir Wall Street investir un océan d’argent dans le bitcoin. Bientôt, la plupart des gens investiront dans le bitcoin en achetant une part d’ETF chez Fidelity ou BlackRock. »
« À terme, même les banque proposeront d’investir dans le bitcoin. D’autres détiendront l’ETF parce qu’ils pensent que c’est un peu plus facile. Et puis il y aura toujours les maximalistes qui détiendront leur propre seed. »
Terminons en disant que M. Saylor pense que « le bitcoin ne remplacera pas la monnaie fiat en tant que monnaie, ni la dette souveraine [de court terme] en tant qu’actif le moins risqué ».
« Si vous êtes le fonds souverain norvégien et que vous êtes à l’aise avec cent milliards de dollars d’actions du S&P500, vous pourriez allouer la moitié de cette somme au bitcoin. Et vous pourriez très bien vous convaincre que c’est de la diversification visant à réduire les risques. Le bitcoin joue ce rôle émergent de diversificateur. »
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Les propos et opinions exprimés dans cet article n'engagent que leur auteur, et ne doivent pas être considérés comme des conseils en investissement. Effectuez vos propres recherches avant toute décision d'investissement.