Bitcoin - L'université de Cambridge abaisse son estimation de la consommation d'électricité
L’université de Cambridge a revu à la baisse son estimation de la consommation d’électricité de l’industrie du Bitcoin.
Le vent tourne pour le bitcoin
Au cours des trois derniers mois, deux papiers académiques (dont MIT) ont vanté les bénéfices environnementaux du bitcoin. Même Bloomberg se rend à l’évidence :
Cerise sur le gâteau, l’université de Cambridge a revu à la baisse les chiffres de son fameux indice CBECI (Cambridge Bitcoin Electricity Consumption Index). Il faut saluer cette révision et souligner que la nature décentralisée du réseau Bitcoin rend la tâche difficile.
Si les mineurs américains côtés en bourses regorgent de données (type et quantité d’ASIC, parts d’énergie renouvelable et carbonée, etc), la majorité des mineurs sont privés et ne communiquent pas ces informations.
Par ailleurs, connaitre la répartition géographique du hashrate du CBECI est difficile. Se baser simplement sur les adresses IP collectées par les pools de mining n’est pas idéal pour deviner la part d’électricité carbonée des mineurs. D’autant plus que de nombreux mineurs ne se raccordent pas aux réseaux nationaux.
En plus des ces approximations, l’université de Cambridge s’est rendue compte qu’elle utilisait une mauvaise estimation des proportions de nouveaux et d’anciens ASIC dans ses calculs. Les anciennes générations d’ASIC sont surreprésentées au détriment des ASIC de nouvelle génération (consommation d’électricité plus basse).
L’estimation est difficile car le principal fabricant d’ASIC (le chinois Bitmain) ne détaille pas ses ventes par type d’ASIC. Mais soit dit en passant, le Bitcoin Mining Council estime que l’efficience moyenne du parc mondial d’ASIC serait quelque part autour de 46 joules par Terahash (contre 21 J/TH pour les derniers modèles).
Les auteurs du CBECI se sont donc inspirés des chiffres publiés par Canaan. Ce dernier ne représente cependant qu’une fraction (~ 17 %) des ventes totales d’ASIC dans le monde.
Nouveaux chiffres de l’université de Cambridge
Nous pouvons lire dans le rapport que :
« La première divergence, et la plus notable, apparaît en 2021. Notre précédent modèle estimait une consommation d’électricité de 104 térawattheures (TWh), soit 15 TWh de plus que l’estimation utilisant notre nouvelle méthodologie (89 TWh) ».
Voici le graphique permettant d’apprécier l’ampleur de la révision :
Comme nous le disions plus haut, ces divergences proviennent d’une pondération plus basse des anciens ASIC qui sont souvent à la limite de la rentabilité. En sachant que le CBECI se base sur un prix moyen de cinq centimes par kilowattheure.
Le précédent modèle CBECI estimait qu’environ 12 % du hashrate du réseau provenait d’ASIC datant de moins d’un an. Cela contraste fortement avec les données de Canaan dont l’ASIC Avalon A1246 (dernière génération) a représenté 45 % du hashrate total vendu de 2017 à 2021.
Le nouveau modèle CBECI coupe la poire en deux et part du principe que 21 % des ASIC en activité ont moins d’un an. Si bien que l’estimation de la consommation d’électricité pour 2022 a été revue à la baisse de 10 TWh, passant de 105 TWh à 95 TWh.
Pour mettre les choses en perspective, sachez qu’un Terawatt est suffisant pour alimenter 70 000 foyers pendant un an.
La consommation d’électricité du bitcoin est marginale
L’université de Cambridge estime que la part du Bitcoin dans la consommation mondiale d’électricité est de 0,38 %.
Ou encore 0.21 % de toute l’énergie consommée dans le monde d’après le Bitcoin Mining Council. En n’oubliant pas de préciser qu’il s’agit souvent d’électricité renouvelable dont personne ne veut.
Terminons en soulignant aussi que les chiffres du CBECI ne prennent pas en compte l’usure des machines. Ni l’overclocking pratiqué par de grands mineurs américains comme Marathon, Cipher ou Riot.
Surtout, le rapport précise également ne pas prendre pas en compte les atténuations des émissions de CO2. D’après Daniel Batten, les mineurs qui captent du méthane autrement torché permettent déjà d’atténuer 6 % des émissions de CO2 de l’industrie du bitcoin :
Ne sont pas non plus comptabilisées les installations qui récupèrent la chaleur générée par les ASIC. Par exemple pour chauffer des serres en hiver pour produire de la nourriture.
Daniel Batten estime que l’indice CBECI surestime encore les émissions de CO2 de 67 %. Pour lui, les émissions ne sont pas de 57 millions de tonnes de CO2e/an, mais de 34 millions de tonnes. Ce chiffre s’obtient en prenant en compte l’impact des mineurs « off-grid » et l’atténuation des émissions de méthane.
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